C'est un A�t Ahmed visiblement des plus aigri qui s'est pr�sent� devant un parterre de journalistes, jeudi dernier, en marge du conseil extraordinaire du FFS, afin de parler de la crise alg�rienne. D�pit�, l'homme n'a pas cach� ses �motions et donn� l'impression d'avoir rat� une occasion inesp�r�e �pour renverser le r�gime des militaires�. Une nouvelle �tape se pr�sente pour le leader du plus vieux parti d'opposition et une nouvelle strat�gie doit �tre adopt�e pour perp�tuer l'existence du parti. La ligne de conduite du FFS est d�sormais trac�e par son chef charismatique. Nadir Benseba- Alger Le Soir) - Attaques en r�gle contre le r�gime et volont� de prendre langue avec le pouvoir politique de Bouteflika, le leader du Front des forces socialistes veut se situer � tous les niveaux : un pas dans l'opposition, un autre qui pousse du c�t� du pouvoir �pour engager un dialogue s�rieux sur les questions qui touchent au devenir du pays�. Juste apr�s son intervention lors des d�bats et avant qu'il ne prenne cong� pour retourner chez lui � Lausanne, il fait part d'une situation catastrophique dans le bureau de son premier secr�taire national. Le temps est venu pour tirer la sonnette d'alarme. �Le pays risque de vivre une seconde d�cennie noire au regard de la situation d�sastreuse des libert�s marqu�e par l'emprisonnement des journalistes qui ne sont pas m�chants et les militants des droits de l'homme�, lance-t-il � l'adresse de l'assistance. La reconduction de Bouteflika � la pr�sidence de la R�publique pour un second mandat a, selon lui, s�cr�t� une situation telle qu'elle lui fait redouter le pire. �C'est le retour de la terreur et la responsabilit� incombe enti�rement au pouvoir�, fait-il remarquer avant de signaler que �les tentatives de mise au pas de la soci�t� n'ont pas r�ussi au vu des �meutes qui se d�clenchent�. Un sch�ma de r�pression qui semble, indique le conf�rencier, �arranger le pouvoir�. Pour parer �� une nouvelle s�rie de sombres aventures�, A�t Ahmed ne voit pas d'inconv�nient de prendre langue avec le pouvoir politique pour peu que celui-ci affiche une disponibilit� � r�gler s�rieusement les probl�mes du pays. Trouver un deal avec Bouteflika dans le r�glement de la crise ne serait-il pas l'objectif de la visite du premier responsable du FFS ? La question est dans les bouches de tous les pr�sents. Ceci dit, l'orateur se d�couvre � mesure qu'il formule ses d�clarations. Il avoue � ce propos que la possibilit� de renverser le pouvoir �tait possible avant les attentats am�ricains du World Trade Center. C'est�- dire � l'�poque o� la carte islamiste est jou�e pour accuser les militaires (d�sign�s comme vrais d�cideurs) comme �tant � l'origine des massacres de civils. �Le 11 septembre nous a fait beaucoup de mal, car l'�quation a chang�, l�chet- il non sans afficher une pointe d'amertume. Le FFS est ainsi confront� � une nouvelle r�alit� : le discours pr�n� concernant la crise alg�rienne n'est plus admissible chez ses relais traditionnels pour esp�rer mener de nouvelles campagnes contre le r�gime alg�rien. Last but not least : le responsable du plus vieux parti d'opposition ne perd pas espoir. Il tente de r�investir le terrain politique avec d'autres acteurs politiques. Il multiplie contacts et concertations avec principalement l'aile r�formatrice du Front de lib�ration nationale. Apr�s avoir anim� une conf�rence-d�bat conjointement avec l'ancien secr�taire g�n�ral du FLN, Abdelhamid Mehri et l'ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche, le jour de la comm�moration du cinquanti�me anniversaire du d�clenchement de la R�volution, l'orateur affirme avoir entrepris d'autres contacts. Quoique le conf�rencier se soit content� de signaler qu'il a revu mercredi dernier M. Mouloud Hamrouche, des militants du parti font �tat de plusieurs contacts avec d'autres personnalit�s politiques. Ses partenaires politiques sont en train de r�fl�chir �sur les voies et moyens pour faire �voluer la soci�t� �. Tout en avouant que �l'initiative politique est entre les mains du pouvoir�, il pr�cise que �ce n'est pas pour autant qu'on doit baisser les bras�. En ce qui le concerne personnellement, il affirme : �quoique je sois antimilitariste, j'ai toujours gard� les m�mes r�flexes d'un militaire : quand il attaque un probl�me, il va profond�ment dans les d�tails pour trouver la meilleure solution�. Ainsi, la solution que propose le pr�sident Bouteflika � travers son projet de r�conciliation nationale en passant par une amnistie g�n�rale, pour reprendre l'esprit de ses d�clarations, n'est pas de nature � apporter un d�nouement � la crise alg�rienne. Pour lui, �la r�conciliation c'est celle qui consiste � la restauration de la confiance entre le peuple et ses gouvernants et la lev�e de l'�tat d'urgence�. Pour pouvoir peser sur l'�chiquier politique, A�t Ahmed doit commencer par r�tablir sa formation politique qui souffre ces derni�res ann�es de s�rieuses crises organiques. Ce dernier, qui r�fute un tel �tat, met les difficult�s que vit le FFS uniquement sur le dos du pouvoir. �Face � l'adversit� du pouvoir, c'est un miracle que le parti existe �, signale-t-il avant de tenir pour farfelus les �crits de la presse: �J'ai d�cid� de dissoudre le FFS et le soumettre aux journalistes pour r�gler d�finitivement sa crise�, a-t-il ironis�. Mais � l'ext�rieur, des membres du conseil national sont d'un autre avis. Si certains ont carr�ment refus� de rejoindre la salle des d�bats, sous pr�texte de passer pour des sujets qui pr�tent de nouveau all�geance au roi, d'autres sont sortis d��us de la tournure des discussions. La raison : �Les membres du secr�tariat national nouvellement d�sign�s sont inconnus de la base�, s'indigne un des participants. D'autres voix se sont �lev�es pour d�noncer le cumul de fonctions de M. Laskri ,premier secr�taire national du parti et en m�me temps vice-pr�sident de l'APW de Boumerd�s. Un fait, dit-on, non conforme au statut du FFS. En effet, la nouvelle composante de cette instance supr�me du parti entre deux congr�s a �t� d�fendue cr�nement par A�t Ahmed. M. Bouhadef, qui a tent� de r�sister, il y a quelques mois, � la volont� du patron du FFS, a �t� contraint de d�missionner de son poste de premier secr�taire national. Autre signe qui trahit le malaise que vit le plus vieux parti d'opposition est l'absence � cette occasion de ses figures de proue. En plus de l'absence d'une importante partie du conseil national, des fid�les compagnons � A�t Ahmed ont boud� l'�v�nement � l'exemple de Djamel Zenati, ancien d�put� et pr�sident des Commissions nationales du MCB. Cela dit, concernant la rencontre extraordinaire du conseil national, les d�bats ont port� sur la convention des cadres, l'audit du parti, le troisi�me congr�s qui se tiendra l'ann�e prochaine, de la composante du secr�tariat national et son programme de travail.