11 f�vrier 1996, une date fatidique. Il est 14h50 lorsque les locaux du quotidien Le Soir d'Alg�rie explosent. Parmi les victimes de cet affreux attentat figure Mohamed Dorbhan, journaliste � la chronique satirique. Mohamed Dorbhan est mort ! Au nom de quoi ? Pour quoi ?… Autant de questions qui ressurgissent face � des assassins terroristes, qui ont failli r�duire l'Alg�rie � n�ant et qui se retrouvent aujourd'hui bien au chaud nich�s au centre des pr�occupations de l'Etat. Les victimes, les sacrifi�s, ceux qui ont men� le combat avec pour seul arme la pointe d'un stylo ou d'un crayon, eux, on les a bel bien oubli�s. Cependant, la famille de Dorbhan r�siste et persiste � faire scintiller le parcourt de leur enfant Mohamed. Parce qu'ils ne pourront jamais oublier, parce qu'ils ne veulent pas que le sacrifice de Mohamed s'efface des m�moires, pour un millier de raisons et pour que demeure �ternel le sacrifice des martyrs de la nouvelle Alg�rie, que la famille Dorbhan a publi� une brochure � son effigie. A peine 12 pages, pour r�unir quelques souvenirs, des photos, des articles… mais beaucoup d'amour �mane de l'ouvrage. "Mohamed Dorbhan, l'�ternel �tudiant", "L'homme orchestre", ou encore "Dorbhan, le jour o� la vie est morte". Le journaliste Ameziane Ferhani t�moigne de la bravoure et du combat fatal de Mohamed Dorbhan. Au sein du Soir d'Alg�rie, ses coll�gues journalistes se rappellent et t�moignent avec beaucoup d'�motion de la personnalit� de Mohamed Dorbhan. "Le jour du drame, en quittant la r�daction du journal, Mohamed �tait assis � ma place." Mohamed Djadi : "Il �tait 14h 35, lorsque je suis revenu d'une r�union au sein de la ligue de football dont j'�tais membre. A la r�daction, cet apr�smidi, il ne restait pratiquement que des journalistes de la sportive. Au moment o� je me suis install� pour feuilleter la presse du jour, histoire de passer le temps, puisque c'�tait le Ramadhan, mon coll�gue, Nourredine Bouteldja, m'interpella en me disant : "Ecoute, il faut que l'on aille acheter du pain et du kalbelouz � Cheraga, il est d�j� 14h45." Je n'ai pas h�sit� un instant. En quittant le journal, j'avais laiss� ma place � mon coll�gue Mohamed Dorbhan qui arrivait du march�. Je me rappelle lui avoir dit : "Moh, tu devrais rentrer chez toi, il est presque l'heure du f'tour." Il m'a r�pondu, un peu l'air fatigu� : "Je n'en ai que pour quelques instants, le temps de ranger mes brioches dans le sac." En quittant la r�daction en compagnie de tous les membres de la r�daction sportive, et ce, sous la pression de mon ami Nourredine cinq minutes avant la trag�die, ce jour-l�, Nourredine ne se doutait certainement pas qu'il venait de nous sauver la vie. Arriv� � Cheraga, nous avons appris qu'un attentat a eu lieu � la Maison de la presse. Le d�funt, Mohamed Dorbhan �tait proche de ses coll�gues de la sportive, il intervenait souvent lors de discussions tr�s anim�es sur tel ou tel match ou encore sur un tel joueur ou un autre. Alors que toute la corporation �tait menac�e de mort, Mohamed, lui, ne s'inqui�ter pas trop. Un jour, en lui demandant pourquoi il ne portait pas d'arme pour se d�fendre, sachant qu'il habitait un quartier chaud, il m'a r�pondu que son arme c'�tait son stylo. J'ai toujours garder de lui ces deux souvenirs, de s'�tre assis � ma place le jour du drame et surtout son refus de demander une arme. Signe du destin, instinct pr�monitoire ou simple concours de circonstances ?" Nabil Meguiref, rescap� de l'attentat : "Quand il arrivait � feu Mohamed d'emprunter le long et �troit couloir des anciens locaux du Soir d'Alg�rie et qu'il devait d�ranger des coll�gues — exigu�t� oblige —absorb�s par une discussion, il lan�ait toujours la m�me phrase sur un ton emprunt� au flegme anglais : "Je ne fais que passer." C'�tait sa fa�on de faire de l'humour ; d'ailleurs, ils n'�taient pas nombreux � le percevoir."