De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Lors du point de presse animé à l'issue du documentaire Molenbeek, génération radicale, le réalisateur algérien Chergui Kharroubi avait le «stress», ne savait pas trop si le travail allait plaire, si la méthode choisie pour dire Molenbeek était la bonne. Pas de soucis, cependant.Le documentaire est beau et sort du lot des clichés surabondants sur cette malheureuse commune bruxelloise. Depuis les attentats de novembre touchant Paris et jusqu'à ceux ciblant Bruxelles, Molenbeek était devenu l'objet de tous les phantasmes et le lieu culte de toutes les invraisemblances, politiques, médiatiques, philosophiques. Pourtant Chergui Kharroubi et José Louis Penafuerte, tous deux de la télévision publique francophone belge (RTBF) ont opté pour une démarche juste, équilibrée, ils ont cherché à comprendre, ils ont donc tout simplement travaillé en immersion durant plusieurs mois entre deux dates-clefs : les carnages de Paris et les attentats de Bruxelles. L'option choisie a été toute simple (facile à écrire), donc au plan cinéma difficile à rendre. Le pari était ambitieux. Le mot radicalisation est en lui-même générique et tellement galvaudé. Il est utilisé partout. Les médias s'en ont emparé, l'école avec et la rue ne cesse de le visiter. Qui sont-ils donc les radicalisés ? De quoi souffrent les jeunes ? Leurs familles? Le malaise est-il économique, social, religieux ? Qui est fautif ? La religion ? Les parents ? Les associations ? L'école ? Dans le document distribué aux journalistes avant le visionnage du produit livré, un questionnement : «Y a-t-il des pistes à construire ensemble ?»... Lors des débats, autre nouveauté introduite par les deux concepteurs du projet Molenbeek, génération radicale, en ce sens que les interventions seront intégrées au film, des femmes et des hommes qui savent de quoi ils parlent. Ce qui n'est pas rien par les temps qui courent. Radouane Attiya, docteur en islamologie, Mohamed Ouachen, comédien molenbeekois, Saliha Ben Ali dont le fils Sabri est mort au «djihad» en Syrie, Andrée Réa, prof en sociologie, et Alain Grignard, commissaire principal de la cellule anti-terroriste belge. Le cérémonial, simple mais ne manquant, nullement, de pertinence, s'est déroulé dans une école bruxelloise à quelques encablures de Molenbeek. Hadja Lahbib, présentatrice-vedette de la RTBF, et Jérôme Colin ont animé cette soirée spéciale. A partir de la première semaine de novembre, sur les écrans de la télé publique belge, ensuite sur Arte Molenbeek, génération radicale nous fait quitter les sentiers battus du simplisme et de l'emporte-pièce médiatico-politique. Pas mal, non ! A. M. Molenbeek, Génération radicale est une production Triangle 7/ RTBF/Arte G.E.I.E/Tsimzo