Demain, mardi, Abdelkader Bensalah prendra part à Marrakech à la «réunion de haut niveau» qui se tiendra en marge de la COP22. Invité par le roi du Maroc, le Président Bouteflika a désigné Bensalah pour le représenter à cette rencontre «de haut niveau». Si aucune information n'a circulé sur cette réunion de part et d'autre des deux pays, certains signes, dont les dernières déclarations de Sellal, le Premier ministre algérien, laissent entrevoir du nouveau. Il reste aujourd'hui à savoir à quel niveau se situe cette rencontre ; autrement dit, qui y prendra part du côté marocain et quels sont les points inscrits à l'ordre du jour. Le communiqué de la présidence, relayé hier par l'APS, mentionne «qu'en réponse à l'invitation qu'il a reçue de Sa Majesté le roi du Maroc, Son Excellence Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a désigné monsieur Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, pour le représenter à la réunion de haut niveau qui se tiendra le 15 novembre 2016, en marge de la conférence internationale COP22, Marrakech. Le président du Conseil de la Nation sera accompagné de Ramtane Lamamra, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération». La désignation de Bensalah est dans l'ordre des choses dans la mesure où, en l'absence du chef de l'Etat, c'est le deuxième homme, dans la hiérarchie de l'Etat, qui le représente. Que le roi Mohammed VI invite présentement le Président algérien alors que les relations entre les deux pays n'ont pas connu, tout au moins officiellement, d'améliorations particulières depuis de longues années, ne semble pas du tout procéder d'un acte ponctuel, subit. Vendredi 11 novembre, il y a donc moins d'une semaine, une déclaration de Abdelmalek Sellal, dans une interview qu'il donnait au journal saoudien Esharq Al Awsat, constitue aujourd'hui, avec le recul, un élément précurseur, annonciateur d'éléments nouveaux dans les relations entre l'Algérie et son voisin de l'Ouest. Il y dit, notamment : «Le Maroc est un pays voisin et frère. Nous avons quelques désaccords en suspens. Il y a une divergence de vision. Nous préférons en Algérie une approche globale et un dialogue direct pour régler toutes les questions, d'autant qu'il s'agit de dossiers précis et notre pays est prêt à les régler d'une façon sérieuse et pacifique.» Cette dernière phrase porte en elle toute la velléité et la volonté du côté algérien de reprendre langue avec son voisin et de le faire directement, face à face, même si l'on ne peut s'empêcher de penser qu'un tiers a bien pu participer à ce rapprochement direct. Il pourrait en effet s'agir de l'Arabie Saoudite, dont la monarchie est très proche du roi du Maroc qui a pu présenter ses bons offices pour parvenir à cette rencontre directe. C'est d'ailleurs dans ce pays que s'envolera notre Premier ministre pour une visite officielle qui se déroulera sur deux jours et qui démarrera le 15 novembre, le jour même de la rencontre de «haut niveau» entre Alger et Rabat. A quelles conditions va se faire ce retour au direct Algérie-Maroc, notamment sur le problème du Sahara occidental ? La réponse nous est suggérée, même à demi-mot, par Sellal dans son interview à Esharq Al Awsat : «La question du Sahara occidental fait l'objet d'un processus politique de négociation entre le Maroc et le Front Polisario sur la base du principe du droit à l'autodétermination. Mon pays soutient ce processus et le respecte et espère une fin rapide des négociations et une solution finale et juste à ce conflit.» Même si la position algérienne semble conforme aux principes défendus par Alger sur cette question, tout semble toutefois se lover dans ce terme de solution «juste». Peut-on être sûr que cette notion n'a pas subi d'altérations inhérentes au souhait d'en finir au plus vite ?