Les nouvelles sont alarmantes : plan d'austérité, augmentation des prix des produits de première nécessité, nouvelles taxes. Les Algériens le savent : 2017 ne va pas être du gâteau pour leurs finances ! La nouvelle année va sérieusement impacter leur pouvoir d'achat. Connus pour être d'incorrigibles fêtards, vont-ils pour autant bouder les fêtes du nouvel an, histoire de se mettre déjà dans le bain ? Les algériens vont-ils jouer la frugalité ou préfèreront-ils faire bombance, comme dans un dernier baroud d'honneur avant de se serrer la ceinture et se mettre au pain sec ? Petit panel pour prendre la température. Malia, 42 ans «Chaque année, mon mari et moi célébrons le réveillon en famille, à la maison, avec quelques amis. En dépit de la crise qui s'accentue de jour en jour — les prix n'ont pas attendu 2017 pour s'envoler !—, il me semble primordial de marquer le passage à une nouvelle année en organisant une belle soirée de réveillon. Sans grande folie, mais sans austérité non plus. Pourquoi bouder son plaisir ? Le temps passe tellement vite et nul ne peut dire de quoi demain sera fait. Se serrer la ceinture, OK. Probablement à partir du 2 janvier. Mais avant, il y aura de la musique, des rires et de délicieux chocolats à déguster pour accueillir comme il se doit la nouvelle année ! C'est aussi, à mes yeux, une manière de conjurer les angoisses qui nous vrillent le ventre à l'annonce de toutes les restrictions promises par le gouvernement à cause de la chute brutale des prix du pétrole.» Nacer, 38 ans «Eh bien non, pas de ‘taqachouf' pour le réveillon du 31 décembre. On peut tout nous enlever à nous les Algériens mais certainement pas ce genre de réjouissances qui réchauffent nos cœurs et nous donnent l'espoir de lendemains heureux. Ne dit-t-on pas que pour passer une bonne année, il faut l'accueillir avec faste ? D'ailleurs, avec ma bande d'amis, nous avons déjà réservé dans un restaurant de la capitale. Au programme : dîner, bûche, cotillons et spectacle, pour une soirée de réveillon inoubliable. Cela fait plusieurs mois qu'on entend les mêmes phrases sur toutes les bouches : dévaluation du dinar, augmentation des prix, contre-choc pétrolier, mesures drastiques prévues par la loi de finances 2017... Raison de plus pour faire la fête, même si c'est la dernière fois avant longtemps.» Yasmine, 43 ans «J'ai programmé d'organiser un réveillon à la maison, en famille. Cela n'est pas ruineux de faire un bon repas avec quelques douceurs afin que la nouvelle année soit de bon augure. J'ai coutume de préparer du poulet et des patates au four, et une ‘tamina' au miel comme pour la naissance d'un bébé. Une sorte de ‘fel', comme on dit chez nous. J'aime bien cette fusion entre tradition et modernité. J'ai besoin de marquer le nouvel an, d'illuminer mon intérieur et de laisser la joie se répandre autour de moi et des gens que j'aime. J'aurai tout le temps de goûter aux privations et aux vaches maigres plus tard. Mais pour le moment, le réveillon est incontournable à mes yeux !» Wahab, 64 ans «Pas de réveillon pour moi. Il fut un temps où notre appartement bruissait d'ambiance à la veille du nouvel an. Cette page est définitivement tournée. Veuf et retraité, je vis seul, actuellement. Mes deux fils sont installés au Canada. Je ne pense pas que la solitude me pèsera plus que les autres soirs. Pour moi, un 31 décembre est un jour comme les autres. Au contraire, celui de cette année fait un peu peur, puisqu'il semble marquer la fin de quelque chose. Sans vouloir être un oiseau de mauvais augure, 2017 s'annonce difficile. Pour ma part, je me contenterai d'une soupe et d'un bon programme télé. Aucun faux frais, ni dépense farfelue. La vie est assez chère comme ça, pour tirer le diable par la queue. Au fait : bonne année quand même !» Crise économique oblige, les Algériens sont conscients qu'ils devront renoncer à pas mal de plaisirs en 2017. Mais quitte à racler les fonds de tiroir, ils tiennent tout de même, dans leur majorité, à accueillir le nouvel an dans une ambiance festive. Et tant pis s'ils y laisseront des plumes. Demain est un autre jour !