Mustapha El-Blidi n'est plus. Le dernier rescapé du commando Ali Khodja s'est éteint lundi à Genève suite à une maladie à laquelle il a longuement résisté avec ce courage qui faisait de lui un homme pas comme les autres. «El-Blidi est mort» nous apprend le commandant Azzedine d'une voix éteinte. «C'était mon dernier compagnon» poursuit celui qui héritait début 1957 du commando Ali Khodja (wilaya IV) du nom de son créateur. Le décès du dernier survivant de la compagnie qui faisait alors trembler les soldats de Bigeard se répand rapidement. Certains de ses amis extirpent de leurs tiroirs un exemplaire de la célèbre revue Mémoria. Le commando Ali Khodja «c'est l'histoire d'une unité d'élite baptisée au nom d'un vaillant combattant qui s'appelle Ali Khodja dit Si Lakhdar, qui à trente ans se trouve à la tête d'un commando qui fera longtemps parler de lui pour avoir ébranlé les états-majors de l'armée coloniale comme jamais aucune unité de l'ALN ne l'avait fait auparavant». Mémoria s'arrête longuement sur le parcours de Mustapha El-Blidi. Natif de Hamleli, à une vingtaine de kilomètres de Blida, il mène sa première action de fidaï en 1955. Ses responsables exigeaient alors de lui l'exécution du directeur de la coopérative où il travaillait avant de prendre le maquis. Ces derniers lui demandent ensuite de se procurer une arme. El-Blidi que nous avions alors rencontré au domicile de Baya El-Kahla, la première femme infirmière à avoir rejoint le maquis, racontait son haut fait d'armes comme s'il s'était déroulé la veille. «L'opération s'est déroulée au tribunal de Blida, vous vous imaginez, il était très bien surveillé. Il y avait deux soldats français qui montaient la garde. J'ai attendu que l'un d'eux se rende aux toilettes et je me suis jeté sur celui qui restait. Je l'ai eu avec un poignard dissimulé dans la manche de mon burnous épais. Lorsque le second est arrivé, je lui ai fait un croche-pied puis je l'ai tué. J'ai réussi à récupérer une MAT 49 et je me suis enfui avec une belle blessure à la jambe». La suite des évènements, Mémoria le relate à merveille : «Tout ce que je n'avais pas appris à l'école, je l'ai appris au contact de Boualem Oussedik, Ali Lounici, Omar Oussedik, Si Azzeddine, chef du commando, Abderrahmane Laâla, Si Mohand Améziane qui est mort à Lemssayef et, plus tard, des centaines d'autres djounoud, mes frères de combat, dont beaucoup ne sont plus. J'ai été blessé trois fois et la plus grave a été au cœur. C'était à la bataille de Riacha.» Mustapha El-Blidi sera rapatrié jeudi à Alger et enterré vendredi à El-Alia.