Le recul drastique des investissements opéré par l'Etat depuis 2014 a engendré «le gel» de la quasi-totalité du programme de réalisation des équipements publics. Il constitue un coup de frein brutal qui arrête la machine d'investissement public avec un impact désastreux sur la commande architecturale qui plonge la profession d'architecte dans une totale déprime. C'est ce qui ressort de la déclaration à l'issue du conseil national du Syndicat des architectes agréés algériens (Synaa), tenu hier à Alger. Younès Djama - Alger (Le Soir) - En effet, un grand nombre de structures d'études «vivotent» avec le spectre d'une cessation d'activité qui semble quasi certaine à «très brève échéance», a déploré Achour Mihoubi, son président. Le Syndicat national des architectes agréés algériens déplore que les architectes aient encore à subir, avec «une si grande brusquerie», les secousses de la machine économique. «N'arrivant pas à assurer une continuité à l'effort de développement dont le pays a grandement besoin, ceux qui veillent aux destinées de notre économie poussent des pans entiers de secteurs d'activités à une disette programmée», s'insurge-t-on. Dans ce repli «effrayant» de l'activité, étant donné que l'environnement économique leur a toujours été hostile (rétribution indigente pour les nationaux pendant que des structures d'études étrangères sont rémunérées dix fois plus, maîtrise d'ouvrage à la bourre, et détournement de la commande publique d'architecture vers les entreprises de réalisation dans les programmes de logements en «études et réalisation»), les architectes découvrent leur «vulnérabilité face aux courbes désespérantes d'une économie en berne». La plupart des architectes qui arrivent sur le marché du travail «ne disposent pratiquement d'aucun levier pour pénétrer un monde en grande partie cadenassé par un code des marchés publics restrictif dont les dispositions sont pour la plupart inappropriées à la concurrence de la commande architecturale», et où même «les entreprises publiques économiques qui n'y sont pas réglementairement astreintes, s'en réfèrent par crainte de poursuites coercitives abusives», affirment les architectes. Ils regrettent que les dépenses publiques en équipements, jusque-là portées par les revenus de la fiscalité pétrolière, n'aient pas eu de retombées positives sur la santé des structures d'études nationales. «Les taux de rémunération insignifiants ont maintenu ces structures (qui relèvent dans leur quasi-majorité du secteur privé) à des tailles plus que modestes. En vrai, l'argent n'a pas servi à l'émanation d'un marché de l'architecture, ni à bâtir des structures d'études pérennes», indique-t-on encore. Les architectes mettent en cause «l'aveuglement d'une politique suicidaire des pouvoirs publics et leur volonté délibérée de réduire les prestations de maîtrise des études du bâtiment à des taux modiques».