Pour ne pas avoir le sentiment de frustration, le baigneur qui se rend dans l�une des trois plages de la ville de l�ex-Rocher noir doit s�armer de beaucoup de patience. C�est lui qui doit faire montre de compr�hension et non pas les gens qui font de son cadre de vie un commerce et qui doivent se montrer avenants. C�est le tourisme � l�alg�rienne. Au niveau de la plage Est au pied du mythique Rocher noir, les baigneurs risquent de se faire renvoyer par les loueurs de parasols, qui occupent tous les espaces ou de se voir interdire l�espace public de l�Etat alg�rien, interdictions que d�cr�tent chaque �t� certaines institutions. Dans un pays r�pressif, comme dit l�adage : �Qui ose s�approcher du museau du lion ?� Le baigneur doit se r�soudre � louer un parasol pour 100 DA ou choisir de s�allonger loin de l�eau sur le sable que le soleil transforme en chaudron et � proximit� des ordures envahies par des mouches. Au regard de ce qui se passe, le sentiment de m�pris est vite �prouv� chez des jeunes ou des p�res de famille � la recherche d�une parcelle de sable, devenue subitement trop exigu� pour contenir cette foule chass�e par la canicule.Sur cette plage, un adolescent, venu le week-end dernier de Kadiria pour go�ter au plaisir de la mer, a �t� rendu � ses parents dans un linceul. Le malheureux, qui est all� simplement se payer une glace, a �t� �lectrocut� en touchant l�appareil de fabrication de cr�me de glace. Cela d�note l�id�e que se font certains commer�ants de leurs clients. Rencontr� dans le bureau de l�association �cologique de Boumerd�s, situ� � proximit� de l�abri des ma�tres nageurs, ammi Tahar fustige l�APC qui ne fait rien pour enlever les ordures laiss�es par les estivants et les commer�ants. Dans tous les espaces qui entourent les plages de Boumerd�s, l�automobiliste est transform� en vache � traire. A chaque entr�e de plage ou stationnement, il est somm� de d�bourser 50 DA. Pas question de refuser sous peine de subir les foudres des possesseurs des lieux qui disent avoir une autorisation de l�APC. Or, la r�glementation en la mati�re fait obligation de lancer une adjudication publique avec des engagements quant au respect des cahiers des charges. En r�alit�, tout le monde se sucre sur le dos du citoyen qui de peur de subir des repr�sailles paie et se tait. Justement en mati�re d�appropriation des espaces publics, le laxisme des responsables a laiss� grandes ouvertes les portes des abus. Ainsi, les restaurateurs, les vendeurs de glaces, install�s sur le front de mer apr�s les trottoirs, sous les arcades des logements et celui r�serv� aux pi�tons, commencent � s�emparer de la chauss�e. A la terrasse de la pizzeria Arona, un groupe de jeunes beurs est attabl�. Ils sont en Alg�rie depuis quelques jours dans le cadre d��changes entre associations. Pour eux, le probl�me de s�curit� ne se pose pas, par contre, selon Abdelaziz, 18 ans, natif de Ouarzazat, au Maroc, l�accueil laisse � d�sirer. �Il y a un d�ficit en mati�re d�animation pour les estivants de notre �ge�, d�clarent-ils en ch�ur. La patronne de l�Arona cible les familles comme client�le. La s�lection se fait par la qualit� des produits mais surtout par celle des prix. Il est vrai que la carte est vari�e et fait bon chic, puisque on peut d�guster dans cet �tablissement bien tenu aussi bien une pizza (entre 200 et 400 DA) au saumon que des raviolis, des croques-monsieur, des lasagnes ou des cr�pes. Chaque apr�s-midi, ce front de mer est envahi par les familles et la construction, en cours d�une rampe spacieuse, offrira des espaces de promenade. Sur la plage en face � celle du centre � allant du Rocher noir jusqu�� l�oued Tatareg, le sable est propre, les policiers en tenue sp�ciale, �tablis dans les deux postes, veillent � la tranquillit� des baigneurs. �Notre territoire commence avec le sable et finit au bord de l�eau�, pr�cise pour nous l�officier. Les loueurs de parasols respectent, pour l�heure, les consignes et ne se sont pas empar�s des sables. L�un d�eux nous affirme : �Qu�on nous loue des parties de sable avec des prix cons�quents et qu�on nous �tablisse un cahier des charges. Dans ce cas, nous prendrons en charge le nettoyage des plages et la tranquillit� des familles.� Justement pour les autorit�s, cette plage est familiale mais dans leur d�cision ils n�ont pas tenu compte de l�existence � quelques centaines de m�tres de la gare routi�re qui d�verse quotidiennement une masse de jeunes venant de tout le centre du pays, puisque les bus arrivent d�Alger, Bouira, Tizi-Ouzou et des localit�s avoisinantes. V�ritable plaie de cette place, Oued-Tatare d�verse, en d�pit du fonctionnement de la station d��puration des eaux us�es en amont, un filet de ces eaux non trait�es. Ce qui a oblig� les autorit�s sanitaires � d�cr�ter la plage ouest non autoris�e � la baignade. Malgr� cette interdiction, des loueurs de parasols et de tentes se sont install�s. Ils induisent en erreur les citoyens. �Nous avons proc�d� � des dizaines de saisies mais ils reviennent tr�s rapidement. L�APC a d�livr�, dans l�anarchie, des centaines d�autorisations � des gens qui n�ont aucune qualification�, affirme un lieutenant de la police charg� de la s�curit� des plages de Boumerd�s-ville. �Certains de ces loueurs ont install� ill�galement des tentes plus loin � un endroit isol�. Vous imaginez la destination de ces tentes�, pr�cise un citoyen. De son c�t�, le nouveau P/APC, M. Boukhalfa, reconna�t que son institution, paralys�e par une longue crise interne, n� a pas pris toutes les dispositions en temps utile pour pr�parer une saison de baignades � la hauteur des ambitions touristiques de sa ville. �Mais nous poursuivons nos efforts en mati�re de propret� et d�acc�s vers les plages.�