�Apparemment, on est condamn�s � faire de la prison toute notre vie�, ironisera une sinistr�e, qui habite depuis 20 ans la prison de Bab- El-Hamra, situ�e au vieux quartier de Sidi- El-Houari. Elle partage avec 200 familles les cellules de cette ancienne caserne datant de la p�riode coloniale. L�effondrement d�un escalier survenu mercredi dernier a compliqu� davantage les choses. �Fort heureusement, cet accident s�est produit vers 15h, quelques minutes avant la sortie des �coliers�, se rappellera une sinistr�e, toujours sous le choc. La mine fatigu�e, les familles qui habitent cette caserne ont perdu tout espoir. A notre arriv�e dans ce taudis, une vieille assise pr�s d�un tas de pierres nous a presque agress�s. �Nos diff�rents appels sont rest�s sans suite. Que va faire la presse pour nous ?�, s�est-elle interrog�e avant de revenir � de meilleurs sentiments. La col�re de cette malheureuse, qui habite depuis plus d�une dizaine d�ann�es dans une cellule d�un m�tre sur trois, est � la limite justifi�e. Sans gaz, sans �lectricit� et sans eau, ces sinistr�s, en particulier ceux qui vivent dans des cellules non a�r�es, vivent un v�ritable calvaire. Pis encore, 5 � six membres d�une m�me famille s�entassent dans ces minuscules salles. Visiblement g�n�e, une m�re de famille nous a indiqu� l�habitation de fortune, o� elle vit depuis de longues ann�es. �On dort tous dans cette cellule, y compris mes fils et ma fille, de 20 ans�, nous confiera-t-elle sans pouvoir affronter notre regard. Le plafond de cette cellule, qui est dans un �tat de d�labrement avanc�, est couvert de plastique. �On essaye d�oublier ce d�cor terni en cachant toutes les imperfections, qui sont nombreuses�, ajoutera-t-elle encore avec un sourire triste. Avant notre d�part, on a crois� une sinistr�e qui habite tout pr�s de l�escalier qui s�est effondr� mercredi dernier. Essouffl�e, elle nous priera d�interpeller les autorit�s locales afin de reloger ces familles. �Croyez-moi, je travaille tout en pensant � mes enfants qui sont seuls dans cette cellule, dont l�entr�e est bloqu�e par un tas de pierres. Je crains la moindre secousse�, nous dit-elle la gorge nou�e. Le d�labrement de cet ancien p�nitencier n�est pas la seule contrainte � la quelle font face ces familles. Selon une locataire des lieux qui nous a servi de guide, les esprits terrifiaient les habitants de Bab-El-Hamra. �Une fois, pendant que je dormais, j�ai entendu un dr�le de bruit, on dirait un homme, qui marchait en tra�nant des cha�nes. J�ai �t� vraiment effray�e�, nous racontera t-elle. A pr�sent, la peur ne signifie plus rien ni pour cette femme, d�environ 40 ans, ni pour ses voisins, qui affirment avoir trouv� des os dans plusieurs cellules. Il s�agirait, selon eux, des os des prisonniers, qui ont s�journ� dans ce p�nitencier. Les sinistr�s qui ne savent plus � quel saint se vouer menacent de sortir dans la rue au cas o� leur probl�me ne serait pas r�solu. Ces derniers condamnent �l�indiff�rence et le m�pris des diff�rents responsables qu�ils ont contact�s�. �Lors de l�effondrement de l�escalier, les pompiers nous ont demand� s�il y avait des morts. Faudrait-il la perte en vies humaines pour qu�on soit relog�s ?�, s�est interrog� en col�re une m�re de famille. Selon elle, un responsable de la da�ra leur a demand� l��t� dernier de verser 10 millions de centimes pour b�n�ficier d�un nouveau logement. �Peu de familles ont pu se procurer cette somme d�argent. Mais depuis, personne ne nous a relanc�s�, ajoutera-t-elle. Ces familles souhaitent quitter Bab-El-Hamra, un site historique qui s�est d�grad� au fil des ann�es, et �tre relog�es avant l�arriv�e de l�hiver, saison redout�e par tous les sinistr�s.