La majorit� du corps �lectoral de la wilaya a boud� les �lections locales de ce 24 novembre, confirmant de mani�re �loquente l�impression d�indiff�rence qui se d�gageait de la campagne �lectorale o� tr�s peu de meetings ont d�pass� les 1 500 participants, ce, pour les grosses pointures politiques, chefs de partis et membres du gouvernement. Les bureaux de vote sont tr�s peu sollicit�s par les �lecteurs qui ne se sont bouscul�s � aucun moment ni en ville ni dans les campagnes, tr�s peu de bureaux ont enregistr� en ville plus de 10% en fin de matin�e et un peu plus du double au d�but de l�apr�s-midi en zone rurale, donnant une moyenne de wilaya de 18,15% pour les APC et 17,20% pour l�APW. Au sondage de 15h, un tour des principaux centres de vote du chef-lieu de wilaya entre 15h et 17h ne donnait pas du tout l�impression d�un engouement diff�rent du rythme plut�t tr�s lent qui a marqu� les op�rations de vote au cours de la matin�e, contrairement aux sp�culations et attentes des milliers d�int�ress�s. Tr�s rares �taient les citoyens qui, cartes de vote ou d�identit� en main, se pr�sentaient, le plus souvent, aupr�s des chefs de centre pour savoir o� ils doivent accomplir leur devoir �lectoral. Il faut dire qu�un certain nomadisme caract�rise la r�partition des �lecteurs sur les bureaux de vote. Rares sont en effet, les gens qui se retrouvent deux fois de suite dans un m�me bureau d'un m�me centre, ce qui, s�il y avait une grande affluence, des �lecteurs, aurait g�n� consid�rablement les encadreurs et les op�rations de vote, d�autant qu�une fois de plus, il n�y a pas eu de distribution de cartes de vote, le nombre d��lecteurs munis de leurs anciennes cartes pouvait se compter sur les doigts d�une main par bureau de vote. Difficile de dire dans ces conditions que l�on a pris toutes les dispositions n�cessaires pour que les gens accomplissent leur devoir le plus normalement du monde. L�absence de cartes � elle seule a d� dissuader beaucoup d��lecteurs de faire le d�placement vers les bureaux de vote, persuad�s d�accomplir un marathon avant de pouvoir mettre une enveloppe dans l�urne. De 15h � la cl�ture, le taux de participation devait enregistrer une croissance de pr�s de 13% avec 31,22% pour les APC et 29,75% pour l�APW, la progression aura �t� presque similaire entre le sondage de 18h qui �tait de 26,90% pour les APC et de 25,63% pour l�APW. Plus d�un tiers des �lecteurs ont accompli leur devoir �lectoral entre le sondage de 15h et la cl�ture du scrutin, c�est- �-dire en 4h de temps. Au final, � la cl�ture, 180 060 �lecteurs ont vot� pour les APC et 171 559 pour l�APW, et ce, sur 576 669 inscrits parmi lesquels 26 403 nouveaux inscrits, un record jamais �gal� auparavant qui, logiquement, devait se traduire par un engouement exceptionnel. Pourtant, les r�sultats sont tout � fait oppos�s � ce que pouvait sugg�rer ce chiffre record de nouveaux inscrits, les 31% enregistr�s sont certes de tr�s loin sup�rieurs � ceux de 2002, acquis dans un contexte d�hostilit�, mais ils restent inf�rieurs de 20 points par rapport � ceux de 1997. Ce faible taux de participation par rapport aux �lections similaires de 1997, les seules comparables au scrutin de ce 24 novembre, est le r�sultat non pas uniquement de la d�saffection des �lecteurs vis-�-vis du suffrage universel mais aussi, et cela doit peser lourd dans la balance, de 15 ann�es d�instabilit�. En effet, le mandat inachev� des APC : RCD de 1990, l�insurrection du FIS, les �v�nements cons�cutifs � l�assassinat de Matoub Loun�s, le Printemps noir, ont scell� la non-gestion des collectivit�s locales qui ont accentu� cette d�saffection du corps �lectoral vis-�-vis de la gestion locale. D�autres facteurs semblent avoir pes� au profit de l�abstention, � savoir la r�gression qualitative et la faible popularit� qui caract�risent beaucoup de candidats et dans presque toutes les listes en lice. Les �lecteurs ne se font plus d�illusion sur ceux d�j� mis � l��preuve au cours des mandats pass�s et qui sollicitent une fois de plus leurs suffrages, les probl�mes de ch�mage, de logement, d�aide � l�auto-construction, d�eau potable, de piste, d�environnement, de sant�, de jeunesse, de s�curit�... n�ont pas enregistr� de changements notables. Le silence orchestr� par les m�dias publics sur ces �lections, sous-estim�es, r�gionalis�es � dessein dans le secret espoir de faire basculer la Kabylie dans le camp du pouvoir, a contribu� pour une part non n�gligeable � la d�mobilisation des �lecteurs. L�accent mis trop souvent, au cours de la campagne �lectorale, sur la fraude in�vitable, a par ailleurs, produit l�effet contraire � la mobilisation souhait�e par les partis de l�opposition qui, il faut le souligner, ne se sont pas fait de cadeaux entre eux contrairement � l�attente des citoyens. Le RCD qui a plaid� l�union avec son rival traditionnel local a r�colt� les fruits de sa strat�gie, le FFS en revanche a laiss� des plumes au profit de ses trois concurrents, et ce, � des degr�s divers. Le FLN revient de loin et le RND de son c�t� r�alise des scores qui peuvent �tre consid�r�s comme appr�ciables pour ses partisans.