Que de fois avons-nous, durant notre enfance, sillonn� les alentours de ce lieu ancestral. Durant de longues ann�es apr�s l�ind�pendance, il sera m�connu du public. Se trouvant � mi-chemin entre Hacine et Bou-Hanifia, il n�attirait nullement l�attention des curistes ou des visiteurs d�un week-end se rendant � la station thermale. Les habitants des douars �pars et des maisons situ�es �a et l� vivaient eux du travail de la terre, la r�gion �tait prosp�re. L�oliveraie et l�orangeraie avec ses immenses champs faisaient vivre les habitants de cette contr�e. Celle-ci, vivra dans les oubliettes pendant longtemps. Au fil des ann�es, la s�cheresse et donc les al�as climatiques aidant, les conditions de vie deviendront plus difficiles. Le s�isme de 1994 qui a touch� la r�gion fera le reste, ce n�est qu�� partir des ann�es 1980 que la m�moire sera revisit�e et l�histoire commencera � retrouver son droit de cit�, le lieu o� naquit l�homme universel, le fondateur de l�Etat alg�rien �tait quelque peu ressuscit� quand l�on �voquait les lieux par le pass�. C��tait El- Guethna, mais la r�f�rence � Sidi-Mahieddine se trouvant en face �tait incontournable. Sidi- Mahieddine, un lieu, un symbole, la terre qui a enfant� le p�re de la r�sistance alg�rienne face � l�occupant fran�ais. Erig�e en commune en 1984, elle verra son si�ge install� � ce l�on appelle commun�ment �El Karia�. Un ancien VSA, donc � la faveur du nouveau d�coupage administratif, El- Guethna prendra ses destin�es en mains, mais n�en restera pas moins toujours quelque peu enclav�e, oubli�e. Lors de la comm�moration de dates historiques li�es � la personnalit� de l��mir Abdelkader, l�on fera souvent l�impasse sur celle-ci. Des visiteurs, ces jeunes Am�ricains venus de El-Kader, dans l�Etat de l�Iowa aux Etats- Unis d�Am�rique s�y rendront en 1986 dans une forme de p�lerinage. Ils voulaient, avaient-ils d�clar�, conna�tre le parcours depuis le lieu natal de celui dont leur ville porte le nom. Ce mercredi, nous nous rendons dans cette commune. Il faut signaler que lors de la d�gradation s�curitaire, la route entre Hacine et Bou- Hanifia n��tait plus fr�quent�e. C��tait le �no mans land�. Le P/APC nous re�oit et �voque les perspectives de la localit� o� vivent 2 700 habitants environ. Ils vivent dans leur quasitotalit� dans ce qui constituait � l��poque un VSA o� � Sidi- Mahieddine, toutes les habitations isol�es avaient �t� d�sert�es. G�rer les affaires de la commune donc des citoyens lorsque s�vissait le terrorisme relevait de la mission impossible. Le maire nous d�clare qu�en termes de d�veloppement, El-Guethna a b�n�fici� de 110 aides � l�habitat rural durant l�ann�e 2005. Le territoire de la commune comprend environ une dizaine de douars que sont Oukla, douar Dadi, Maatlia-Ezorg, M�kadim, Ouled-Bentayeb, douar Ouled- Ali-Ch�rif, Haba�lia ou autre Ras-Bnadem. Dans le secteur de l��ducation existent deux �coles et un CEM alors que les �l�ves admis au secondaire fr�quentent le lyc�e de Hacine. Nous avons souvenance que les �tudiants de Sidi- Mahieddine avaient �voqu� lors du passage de l�actuel wali de Mascara les probl�mes de transport auxquels ils faisaient face en se rendant au centre universitaire de Mascara o� ils n�avaient pu avoir acc�s aux r�sidences universitaires sous pr�texte qu�ils r�sidaient � moins de 50 km. Finalement, nous apprenons que cette contrainte a �t� lev�e puisque d�rogation leur a �t� accord�e. L�on s�accorde � El- Guethna comme racont� � court terme le retour des habitants de Zemaacha sur leurs terres. Le P/APC nous informe que toutes les mesures sont ou devraient �tre prises pour revoir les conditions de retour telles l��lectrification ou r�fection de la route y menant. Dans un proche avenir, il sera proc�d� � la plantation d�arbres fruitiers sur une superficie de 30 ha ainsi qu�� la r�alisation d�une mare d�eau. Dans le chapitre sant� existe une salle de soins qui devrait �tre r�habilit�e. La dotation en ambulances annonc� par notre interlocuteur, viendra mettre un terme aux tracasseries d��vacuation de malades dont en font cas des citoyens rencontr�s. La piste sur un tron�on de 1 km devrait �galement �tre r�habilit�e. Nous saurons que la commune de El-Guethna �tait d�sert�e. Face � l�absence de ressources. Nous avions �galement appris avant de nous rendre sur les lieux qu�� cela venait s�ajouter ce probl�me de disponibilit� de compteurs EPEOR, le maire nous le confirmera et c�est donc un volume d�eau factur� � l�APC qui ne peut � son tour faire payer les consommations aux citoyens cons�quence de l�absence de ces fameux compteurs. En quittant le si�ge de l�APC, nous rencontrons quelques habitants qui nous font visiter ces constructions programm�es dans le cadre du programme d�urgence apr�s le s�isme de 1994, certains sont habitu�s, d�autres sur le point de l��tre, quelques citoyens s�adonnent aux derniers travaux, et d�noncent les infiltrations d�eau. Par devoir de citoyennet�, ils s�interrogent � l�unisson sur le prix qu�aura co�t� � l�Etat ces habitations. La coop�rative apicole, qui employait quelques personnes, n�existe plus. Au sortir du VSA, nous levons la t�te pour lire une nouvelle fois cette inscription un milieu de la route �El-Guethna berceau de l��mir Abdelkader, fondateur de l�Etat alg�rien�. Nous mettons le cap sur Sidi-Mahieddine que vous apercevez plus haut � 1 km. Jadis, vous traverserez difficilement le chemin sur la rivi�re qui n�en est plus un aujourd�hui. Maintenant c�est un pont qui y a �t� construit. Des habitants, surtout des jeunes, nous abordent, ce n�est pas tous les jours que l�on voit ici des personnes �trang�res sur ces lieux. Ils racontent le ch�mage qui bat son plein, la malvie, l�absence de distractions. �Vous disposez d�une maison de jeunes, lan�ons-nous � l�un d�eux. �Elle se trouve de l�autre c�t� � El-Karia�, r�pondra-t-il. Un terrain de football ne serait pas de trop ici, nous d�clare, un autre Mourad, Mohamed, Lakhdar, Abdelkader et Hamid sont regroup�s devant le caf� du douar en attendant qu�il ouvre ses portes. C�est notre unique distraction, notre lieu de regroupement. Lorsqu�il ouvre, nous continuons la discussion � l�int�rieur. Ces jeunes ne demandent qu�un peu plus d�attention. Ils sont jaloux de leur fief. C�est �a bled el amir Abdelkader, nous disent-ils. Regardez-nous, dit l�un d�eux lorsque nous sommes � l�ext�rieur. La Zaou�a n�en finit pas d��tre construite, puis nous faisons un crochet par la mosqu�e o� quelques vieux citoyens attendent l�appel � la pri�re. Le lieu de culte est en tr�s bon �tat, il a �t� restaur�. C�est l� que l��mir Abdelkader fit ses premi�res �tudes. Derni�re question que nous posons � des jeunes : �Que faites-vous. L�un d�eux r�pond : �Ici, nous n�attendons pas la charit�, nous vivons de nos mains, nous sommes journaliers dans les champs�. Sur le toit d�une maison un citoyen, faisant des travaux, leur lance : �Dites-lui que nous avons des probl�mes pour �vacuer nos malades�. Notre visite termin�e, nous saluons ouled Sidi- Mahieddine. Avant de quitter les lieux nous nous retournerons et observons la route qui m�ne vers Zemaacha sur une distance de 14 km. Ce lieu sera probablement bient�t habit�. Ni le terrorisme, ni les bombardements de l�aviation durant l��poque coloniale n�ont pu venir � bout de cette contr�e.