C�est aux cris d� Allah Akbar que le premier groupe de terroristes concern� par les textes sur la r�conciliation a franchi le portail de la prison d�El Harrach. Il �tait 18h30 lorsque dix individus ont fait leur apparition, se prosternant et criant gloire � Dieu. Mass�es sur le trottoir d�en face, les familles ont laiss� exploser leur joie. Aux youyous des femmes se sont ajout�s les cris de joie des hommes. Pour certains, l�euphorie a �t� de courte dur�e. L�information, selon laquelle des centaines de personnes seraient lib�r�es, s�est av�r�e fausse. Encore entour�s par les membres de leurs familles, les �h�ros� du jour ont �t� assaillis de questions. �Kadia islamya ?� interrogeaient-ils. �Oui�, r�pondaient les questionn�s. Ils n�avaient pas tort : ils n��taient pas d�tenus � El Harrach pour des d�lits mineurs. Ce n�est pourtant pas l�avis de leurs familles. A l�unanimit�, les m�res venues aux nouvelles ressassaient que leurs enfants �taient des victimes de la �houkouma�, des �toughat�. A les croire, les prisons sont peupl�es d�innocents et ce n�est que justice si aujourd�hui ce m�me Etat qu�ils vomissent les lib�re. C�est d�ailleurs confiants qu�ils se sont pr�sent�s hier devant l��tablissement p�nitentiaire. Tr�s t�t le matin, ils �taient d�j� des dizaines � faire le pied de grue. Des hommes, des femmes et des enfants sont venus aux nouvelles. Les policiers en faction �taient cependant peu bavards. �On ne sait rien�, r�pondaient-ils aux nombreuses sollicitations. Munis de coupures de journaux, des hommes faisaient la lecture aux autres. Selon le journal qu�ils lisaient, les lib�rations devaient commencer aujourd�hui. L�assistance qui �coutait n�a pas fait attention � un d�tail : l�information a �t� donn�e au conditionnel. En contact avec d�autres �fr�res� qui attendaient au niveau de Serkadji, les familles des d�tenus ont commenc� � montrer des signes d�impatience apr�s 13 heures. Il est vrai qu�une rumeur insistante donnait les terroristes pour libres � cette heure-ci. Intox. Ce n�est qu�aux alentours de 17 heures qu�un mouvement inhabituel a laiss� croire qu�il allait enfin se passer �quelque chose�. Jusque-l� tol�r�es, les familles ont �t� pri�es de ne plus occuper le trottoir et de se contenter d�une petite impasse. C��tait compter sans l�allergie de ces personnes aux policiers. Le fr�re d�Ali Benhadj, accompagn� du fils de ce dernier, a alors jou� aux m�diateurs. Apr�s quelques �changes �courtois�, la tension est redescendue. L�arriv�e d�un renfort de policiers pr�sageait que l�attente n�allait plus durer. C��tait vrai. Le portail s�est ouvert une premi�re fois, laissant appara�tre deux jeunes d�tenus qui se sont vite �clips�s. V�rification faite, il s�agissait de d�linquants, sans doute des voleurs � la tire. �Les autres arrivent�, disent-ils avant de dispara�tre. Ils avaient raison. Ces autres, qui en kamis, qui en surv�tement sont sortis un quart d�heure plus tard. Ras�s de pr�s pour certains, ils font partie des premiers b�n�ficiaires des textes d�application de la loi sur la r�conciliation nationale. D�autres grossiront la liste d�s aujourd�hui. Ils sont en effet plus de 2000 � avoir �t� lav�s de leurs crimes�