Dans un mois, Mohamed Benchicou retrouvera sa libert�. Le 14 juin 2006, il aura purg� l�int�gralit� de la peine pour laquelle il a �t� injustement condamn�. Aujourd�hui, il boucle 700 jours pass�s derri�re les barreaux, dans une cellule glaciale, au milieu d�autres d�tenus. Sa famille a partag� sa souffrance. Elle a aussi prolong� son engagement. Abdelkrim, son fr�re cadet, s�exprime et raconte cette douleur, ce calvaire v�cu. Le Soir : Mohamed Benchicou aura, aujourd�hui, pass� 700 jours en prison. Plus que 30 jours et il recouvrera sa libert�. La douleur de sa famille s�est-elle att�nu�e � l�approche de sa lib�ration ? Abdelkrim Benchicou : Que la perspective de sa lib�ration soit proche n�att�nue en rien de la douleur ressentie par sa famille tout au long de sa d�tention � la prison d�El Harrach. Le calvaire endur� demeure autant �prouvant. Notre douleur, celle de la famille de Benchicou et celle de ses amis, ne s�estompera que lorsqu�il aura mis les pieds dehors et quitt� l�enfer de la ge�le. Notre douleur, mais sa douleur aussi. Car, ce jour, il aura eu raison de l�injustice et de l�arbitraire auxquels le pouvoir l�a soumis deux ann�es durant. Douleur, calvaire� mais, au-del�, comment avez-vous v�cu cette longue d�tention ? Vous savez, il est toujours douloureux d�assister � l�arbitraire s�abattre sur quelqu�un dont le seul �p�ch� � est d�avoir accompli soigneusement mais aussi consciencieusement son m�tier de journaliste, d�avoir jou� son r�le de directeur de journal. La d�tention de Mohamed, c�est 24 mois d�arbitraire� 24 mois d�injustice. Non seulement pour sa personne propre mais pour l�ensemble de sa famille. Vous n�avez pas r�pondu � ma question� Le 14 juin 2004, la porte de la cellule s�est referm�e derri�re Mohamed. Mais, depuis, c�est toute sa famille qui a �t� en prison. Sa m�re, sa femme, ses enfants et ses fr�res ont �t� �galement emprisonn�s� L�injustice a ajout� � notre douleur. On continue de la subir. L�arbitraire nous a �t� impos�. Pour la m�re, surtout, le supplice a �t� des plus insupportables. Je ne peux vous d�crire les d�chirures v�cues chaque jeudi, le jour du parloir� Il nous insupporte terriblement de savoir Mohamed dans sa minuscule cellule, au milieu d�une quarantaine d�autres d�tenus. Nous avons par ailleurs v�cu l�emprisonnement de Mohamed dans l�engagement. Son courage et sa dignit� nous ont encourag�s � poursuivre son combat. Mohamed n�a pas courb� l��chine. Il est rest� le m�me, digne, courageux et convaincu. La p�riode de d�tention a �t�, pour vous, engagement et poursuite du combat de Mohamed Benchicou. Justement, vous-m�me vous �tes l�un des principaux animateurs du Comit� Benchicou pour les libert�s� Le Comit� Benchicou a �t� cr�� quatre mois apr�s l�emprisonnement de Mohamed. A sa cr�ation, il ne comptait qu�une dizaine d�animateurs et disposait de tr�s peu de moyens. L�id�e de la mise sur pied de ce comit� a �t� que Mohamed, sa cause, ne sombrent pas dans l�oubli, que son combat se maintienne et se poursuive. Le Comit� s�est attel� � la t�che, en d�pit de l�absence de moyens. Du fait de l�interdit, son champ d�action s�est limit� au p�rim�tre de la Maison de la Presse Tahar-Djaout. Je ne vous mentirais pas si je vous disais que le travail accompli par le Comit� a aid� Mohamed � tenir le coup. Car, il a fallu aussi mener une bataille m�diatique. Ce vecteur de combat du Comit� n�aura �t� porteur si certains titres, certains journalistes n��taient rest�s fid�les au combat et � l�engagement de Mohamed. C�est aussi gr�ce � leur soutien que le comit� a r�ussi sa mission premi�re : agir pour que Benchicou ne soit pas oubli�. On est le 14 juin 2006. Devant la prison d�El Harrach. Mohamed Benchicou sort. Au moment de l�accueillir, vous lui dites quelque chose� Je lui dirai simplement merci d�avoir tenu le coup� C�est que je lui ai toujours dit.