Indig�nes, de Rachid Bouchareb, en lice pour l�oscar r�compensant le meilleur film �tranger, fait grincer des dents au Maroc et, � un degr� moindre, en France. La raison ? Le r�alisateur, �galement producteur du film, a d�cid� de le pr�senter sous les couleurs alg�riennes. Certes, le Maroc l�a aid� en mettant � sa disposition son arm�e parce qu�en Alg�rie sa demande �tait rest�e sans r�ponse. Djamel Debbouze, qui est d�origine marocaine, a en partie financ� le film. La renomm�e de l�acteur, qui s�est beaucoup investi dans Indig�nes, a certainement beaucoup contribu� au succ�s du film. Ce qui n�enl�ve rien au m�rite des trois autres acteurs, le Franco-marocain Rochdi Zem, le Franco-alg�rien Samy Naceri et le Franco-tunisien Sami Boualdjia, tous trois admirables. La palme qu�ils ont re�ue � Cannes �tait amplement justifi�e. En France, quelques journaux se sont �tonn�s que ce film repr�sente l�Alg�rie � Hollywood. Pourtant, c�est bien sous les couleurs alg�riennes qu�il avait �t� pr�sent� au festival de Cannes sans que personne n��mette alors le moindre questionnement. Sans doute faut-il rappeler que les quatre acteurs campaient le r�le de trois tirailleurs alg�riens et d�un soldat marocain (Sami Naceri). Pourquoi les tirailleurs alg�riens ? Dans les �crits ou les documentaires sur la Seconde Guerre mondiale, leur existence est rarement mentionn�e. C�est tout juste si au d�tour d�une image on aper�oit furtivement l�un d�eux. En revanche, les tirailleurs s�n�galais et marocains sont plus souvent cit�s au point o� l�on se demande si des Alg�riens ont combattu durant cette guerre. Ils constituaient de loin le gros des troupes de l�arm�e d�Afrique. Sur les 500 000 hommes qui la composaient, il y avait 238 000 Maghr�bins dont 138 000 Alg�riens �musulmans� et 80 000 Marocains. Une partie d�entre eux � les Alg�riens � se sont engag�s en contrepartie d�une promesse d�am�lioration du statut de leur pays � d�faut d�une promesse d�ind�pendance nationale. Parmi ces soldats, il y avait des noms illustres : Ahmed Ben Bella, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem� Ce sont eux qui ont lib�r� la Provence, dont Marseille et Toulon. M�me dans la fameuse 2�me Division blind�e command�e par le g�n�ral de Lattre, ils �taient plus d�un millier. Or, il a fallu attendre ao�t 2006 pour que la Ville de Paris rende hommage aux soldats d�origine alg�rienne ayant lib�r� la capitale fran�aise en ao�t 1944. Bien que cet oubli ait �t� r�par� par son maire, Bertrand Delano�, il faut savoir que jusque-l�, la Ville de Paris n�avait rendu hommage qu�aux 200 volontaires espagnols, � la poign�e de soldats polonais et tch�ques mais pas aux Alg�riens. Pr�cisons encore � le film de Bouchareb l��voque � travers cette sc�ne finale qui a bel et bien exist� � que ce sont les tirailleurs alg�riens qui ont lib�r� l�Alsace, notamment la ville de Mulhouse. Passons sur le fait qu�une bande de fascistes n�a rien trouv� de mieux que de profaner les tombes de ces soldats enterr�s dans un cimeti�re alsacien, et que c�est dans cette r�gion que le Front national de Le Pen fait ses meilleurs scores ! Quand ces tirailleurs seront de retour dans leur pays, ils d�couvriront les massacres du 8 Mai 1945. C�est sans doute pour cette raison que Rachid Bouchareb a d�cid� de faire un second film, retra�ant la p�riode allant du 8 Mai 45 � la guerre d�ind�pendance nationale. Reste � savoir si cette fois-ci, l�Alg�rie va lui donner les moyens de tourner cet �pisode de l�histoire nationale et qu�il soit tourn� en Alg�rie, et non au Maroc ou en Tunisie, �vitant ainsi comme dans certains films concernant des faits se situant entre 1954-62, que les paysages et les costumes n�aient rien d�alg�rien ou que le parler ait de forts accents marocains, voire tunisiens. C�est comme si en France, on tournait un film historique se situant en Corse � par exemple un �pisode de la vie de Napol�on � avec des acteurs jouant avec l�accent alsacien ou belge !