Le tribunal criminel de S�tif, dans son audience de mercredi dernier, a condamn� une jeune femme de 27 ans � quinze ann�es de r�clusion criminelle pour meurtre avec pr�m�ditation et vol � l�aide d�arme � feu. Selon l�arr�t de renvoi de la chambre d�accusation pr�s la cour de S�tif, les faits de cette tragique affaire remontent au mois d�ao�t de l�ann�e 2005, et plus pr�cis�ment le jeudi 25, quant fut d�couvert le corps sans vie d�un jeune homme, gisant dans une mare de sang dans la cabine de son propre camion au lieu-dit Mechta Taoura, dans la localit� de Amoucha, 25 kilom�tres au nord du chef-lieu de wilaya. Alert�s par les habitants du douar, les �l�ments de la brigade de la Gendarmerie nationale de Amoucha se sont d�plac�s sur les lieux du crime. Les premi�res conclusions de l�enqu�te d�montrent que la victime a �t� assassin�e � l�aide d�une arme � feu, et que, d�apr�s certains t�moins oculaires, une femme a �t� aper�ue fuyant les lieux pieds nus. D�s lors, l�enqu�te sera confi�e � la brigade de recherche de S�tif, qui, en un temps record, est parvenue � identifier la personne responsable de ce crime, qui n�est autre qu�une amie de la victime, et fille d�un brigadier de police. Munis d�un mandat de perquisition d�livr� par le procureur de la R�publique pr�s le tribunal de S�tif, les gendarmes investirent la demeure de la pr�sum�e coupable, qui �tait au moment des faits � Alger. Dans la chambre de cette derni�re, les enqu�teurs d�couvriront dans ses effets personnels une douille de balle d�un pistolet automatique, 15 balles de calibre 39/762, 60 balles de calibre 9 mm et 36 balles de 7.65 mm, relev� des appels t�l�phoniques de la ligne du domicile o� figurait � huit reprises le num�ro de t�l�phone de la victime, ainsi que des photos de la pr�sum�e meurtri�re. Les t�moins vont alors identifier formellement la femme qui figure sur les photos comme �tant celle qui a �t� aper�ue sur les lieux du drame. Somm�e par son fr�re et son p�re, elle regagnera S�tif et se pr�sentera aux gendarmes. Lors de son audition, elle raconte aux enqu�teurs que son histoire avec la victime remonte � l�ann�e 2003, quand elle s�est pr�sent�e � la zone industrielle de S�tif en qu�te d�un emploi. En cours de route, elle fera sa connaissance et lui remettra son num�ro de t�l�phone. Depuis, le couple va se rencontrer quotidiennement. Leur relation va se d�velopper tr�s vite et se transformer en un amour charnel. Ainsi, en 2004, elle perdra sa virginit� et se retrouvera enceinte. Mis au courant de la situation, ce dernier lui promet de trouver au plus vite une solution. Il fera, alors, appel � un ami, propri�taire d�un bus de transport de voyageurs, qui l�emm�nera � Jijel, chez une femme m�decin, pour se faire avorter. Moyennant une forte somme d�argent. Echaud�e par cette douloureuse exp�rience, elle d�cide de quitter d�finitivement son ami. Mais ce dernier refuse de rompre et la harc�le sans cesse, jusqu�� la menacer de tout d�voiler � son entourage. Elle d�cide alors d�en finir d�finitivement avec lui, en l��liminant physiquement. Mais par peur pour l�honneur de sa famille, elle se r�tracte. Arrive le jour fatidique du 25 ao�t 2005. Vers 6 h du matin, elle re�oit un appel t�l�phonique de la victime qui va lui donner rendez-vous pr�s de l�universit� Ferhat-Abb�s. Elle se dirigera vers l�armoire de son p�re pour subtiliser son arme de service, une Beretta, avec son chargeur contenant cinq balles qu�elle cachera dans son sac � main. Arriv�e au lieu du rendez- vous, elle prendra place � c�t� de la victime � bord de son camion. Le v�hicule se dirigera vers Bordj-Bou- Arr�ridj o� la victime compte livrer une marchandise. Ce dernier, occup� � d�charger sa marchandise, ne se doute pas que sa campagne avait d�j� charg� l�arme et enlev� le cran de s�ret� avant de la remettre dans son sac. Durant le trajet du retour, il lui racontait ses aventures avec la gent f�minine, y compris avec des voisines � elle. Choses qu�elle n�a pu supporter. Arriv�e � S�tif, elle refusera de descendre et lui demanda de prendre la route vers B�ja�a. En cours de route, et pr�textant une envie d�uriner, elle lui demande de s�arr�ter dans un lieu d�sert et discret. Le camion �tant immobilis�, elle sort le PA et appuie nerveusement sur la g�chette. Paniqu�e, elle n��tait pas s�re de l�atteindre. De peur qu�il ne lui enl�ve l�arme, elle tremble de tout son corps, ce qui fait que d�autres coups vont �tre tir�s, dont l�un sera fatal � la victime. Prenant ses jambes � son cou, elle prend la fuite pieds nus � travers champs. Arriv�e au lieu de stationnement des bus, elle rencontre un automobiliste � qui elle raconte qu�elle et sa famille ont �t� victimes d�un accident de la circulation, et qu�elle doit vite aller � l�h�pital de S�tif pour les rejoindre. Le jeune homme refusera de l�emmener, mais fait appel � l�un de ses amis qui va se d�vouer et l�accompagner jusqu�� S�tif. Elle ira directement chez elle, remettre l�arme � sa place, puis se dirigera vers la gare routi�re o� elle prendra le bus pour rejoindre sa m�re � Alger qui y vit depuis son divorce avec son p�re. Pr�sent�e au parquet, elle sera �crou�e pour meurtre avec pr�m�ditation � l�aide d�arme � feu en attendant sa comparution devant le tribunal criminel. Mais en date du 18/11/2005, elle adresse une lettre au juge d�instruction dans laquelle elle affirme qu�elle n�avait pas agi seule lors de l�assassinat, mais avec l�aide d�une autre personne. Devant le magistrat instructeur, elle relatera sa deuxi�me version des faits. Elle avoue avoir tu� la victime avec la complicit� d�un jeune, �g� de 23 ans, qu�elle connaissait depuis environs trois ans et � qui elle avait racontait toutes ses m�saventures en passant par la perte de sa virginit�, sa grossesse et son avortement, et qu�elle voulait se venger du responsable. Sur ce, celui-ci lui aurait demand� si la victime �tait une personne ais�e. Elle r�pondra par l�affirmative et ajoutera que les victimes transportait d�importantes sommes d�argent dans des sacs en plastique. Il lui sugg�rera alors de lui pr�ter l�arme de son p�re et qu�il se chargera lui-m�me d��liminer la victime, mais qu�elle devrait lui promettre de ne pas le d�noncer dans le cas o� elle serait d�couverte. Chose qu�elle promet de faire, mais son incarc�ration � la maison d�arr�t de S�tif lui fera changer d�avis. Selon elle, le jour du drame, elle aurait confi� l�arme de service de son p�re � son �ami�, avant de partir rejoindre la victime. Le couple sera suivi par celui-ci et devrait attendre le moment opportun pour agir. Le v�hicule de la victime va s�arr�ter dans un endroit d�sert sur la RN9, reliant S�tif � B�ja�a. Elle descendra du camion et son �ami� va monter � son tour et tirer sur la victime. Elle affirme alors qu�elle s�est enfuie en direction de S�tif, et attendu l�arriv�e de son �ami� pour r�cup�rer l�arme. Pr�sent� devant le juge d�instruction, ce dernier n�a cess� de clamer son innocence, affirmant qu�il n�a jamais connu la victime, ni m�me l�accus�e, et r�fute les d�clarations de pr�sum�e meurtri�re quant � sa participation au crime. Ce dernier, malgr� ses cris d�innocence, sera incarc�r� � son tour. Lors du proc�s, elle maintient ses propos et charge le jeune homme d�avoir ex�cut� la victime. Mais lors des d�bats, la d�fense du second accus� a vite fait de faire voler en �clats les d�clarations de la principale accus�e et d�montr�e qu�elle avait agi seule. Le repr�sentant du parquet g�n�ral requit la peine capitale � l�encontre des deux accus�s. Apr�s d�lib�rations, le tribunal criminel a condamn� la principale accus�e � quinze d�ans de r�clusion criminelle. Quant au deuxi�me accus�, il sera tout simplement relax�. Apostroph� par notre journal � la fin de l�audience, le p�re de la meurtri�re, abattu par ces douloureux �v�nements, a tenu � s�excuser aupr�s de la famille de la victime. Il affirmera, les yeux pleins de larmes : �Je me pr�parais � sortir en retraite apr�s 28 ans de bons et loyaux services rendus � la nation, mais le destin en a voulu autrement. Le jour de la perquisition des gendarmes � mon domicile, nous f�tions le mariage de mon fils. Une f�te qui s�est transform�e en deuil. Pour ma part, et apr�s avoir �t� suspendu de mes fonctions de brigadier de police, je me retrouve r�voqu�, pour une faute que je n�ai pas commise. Mon seul tort est d�avoir fait confiance � ma fille. Je n�ai jamais pens� qu�un jour viendrait o� ma propre fille va me subtiliser mon arme et commettre son forfait. Sinon je n�aurais jamais gard� mon arme de service � la maison. Maintenant, j�ai tout perdu, ma famille, mon honneur et mon travail. Et dire que je m�appr�tais � jouir de ma retraite.�