De Jacques Chirac, qui vient de quitter le pouvoir apr�s 12 ans d�exercice, le monde arabe, les Alg�riens en particulier, gardera plusieurs images fortes. Celle, d�abord, de sa visite mouvement�e dans la partie arabe de J�rusalem le 22 octobre 1996, quand soudain, �cartant ses gardes du corps, il s�est dirig� vers des policiers isra�liens, dont la forte pr�sence �tait jug�e provocante, n�h�sitant pas � bousculer l�un d�eux de sa main droite. En se rendant dans la partie arabe de la ville sainte, le pr�sident fran�ais a voulu �galement signifier � Isra�l que les Palestiniens ont droit � un Etat avec J�rusalem-Est pour capitale. La seconde, qui restera dans l�histoire, c�est le refus de la guerre en Irak en 2003. Le pr�sident fran�ais aura tent� jusqu�au bout de convaincre les Etats- Unis que cette guerre serait une catastrophe. Que l�id�e de remodeler par la force le Moyen-Orient m�nera les Etats-Unis dans une impasse. Quatre ans apr�s, l�histoire lui a donn� raison : Washington est plus que jamais enlis� dans un Irak d�chir� par les conflits ethnico-confessionnels, au bord de l�implosion et devenu par la force des choses une base avanc�e de la Qa�da. George Bush, qui a bruyamment f�licit� Nicolas Sarkozy pour son �lection, parce qu�il voit en lui un alli� plus fiable que Chirac, gardera rigueur � ce dernier. Si sur la crise isra�lo-arabe, sur l�Irak, voire sur la question du nucl�aire iranien, Jacques Chirac a fait montre de lucidit� et de courage, sa politique �trang�re a comport� �galement quelques rat�s. Le Liban, par exemple. Selon l�expression du g�n�ral Michel Aoun, Jacques Chirac a confondu les relations personnelles tiss�es de longue date avec l�ancien Premier ministre Rafik Hariri, avec les relations d�Etat � Etat. Ainsi, apr�s avoir, contre toute attente, d�cid� de coop�rer avec Bush pour l�adoption de la r�solution 1559 en 2004 contraignant la Syrie � se retirer du Liban, il a par la suite rendu Damas responsable de l�assassinat de Rafik Hariri, allant jusqu�� geler toutes relations avec ce pays. Sur le Liban, toujours, quand Isra�l a d�cid� d�intervenir au pr�texte de d�truire le Hezbollah, on a vu Chirac se ranger du c�t� de Washington. Au sommet du G-8, � Saint-Petersbourg en juillet 2006 � j�y �tais pr�sent en tant que journaliste �, le pr�sident fran�ais �tait l�un de ceux qui pr�conisaient de donner du temps � Isra�l pour terminer �le boulot� selon l�expression de Sarkozy lors de sa rencontre avec un responsable isra�lien � Paris. Et ce, avant d�op�rer un virage, exigeant un cessez-le-feu, quand Chirac s�est aper�u qu�Isra�l en liaison avec Washington visait d�autres buts : d�truire le Liban et provoquer un conflit inter-confessionnel libanais. Autre rat�, l�Alg�rie. Si Jacques Chirac s�est attel� durant sa pr�sidence au devoir de m�moire, chacun a pu observer qu�il n�a pas �t� jusqu�au bout de ce difficile exercice. Certes, � l�endroit de la d�portation des juifs, il a admis la responsabilit� de l�Etat fran�ais. Mais, en revanche sur la colonisation, il n�a pu emp�cher le vote de la loi du 23 f�vrier 2005 vantant �le r�le positif de la colonisation�, et ce, avant de recourir au Conseil constitutionnel pour faire abolir les articles les plus controvers�s de cette loi. Mais entre-temps, cela lui a co�t� le trait� d�amiti� avec l�Alg�rie. Faute donc d�avoir regard� l�histoire avec s�r�nit�, l�Alg�rie aura constitu� un �chec de son quinquennat. Pour terminer, car il est difficile de r�sumer la vie d�un homme qui aura �t� le dernier h�ritier du gaullisme, un dernier mot sur la crise des banlieues de l�automne 2005. Jacques Chirac aura �t� celui qui a su en pleine r�volte des banlieues fran�aises trouver les mots ayant conduit � la fin des violences. Son �vous �tes tous les filles et les fils de la R�publique� alors que les jeunes s��taient fait traiter de �racaille� par Nicolas Sarkozy, est rest� grav� dans les esprits de ces jeunes auxquels il s�adressait.