Mercredi pass�, l��tablissement Arts et Culture a organis� la projection d�un documentaire r�alis� par Djamal Sellali et donnant la parole � trois moudjahidate : Eliette loup, Fatma Ba�chi et Louisette Ighilahriz. Elles apparaissent � l��cran comme elles sont dans la vie : Eliette tout en douceur, Fatma tout en tendresse et en bienveillance, Louisette d�termin�e et combative. Elles racontent leurs combats et leurs engagements avec des mots simples qui vous remuent l��me. Et derri�re ces mots, se profile une guerre implacable qu�elles ont assum�e si jeunes et contre une arm�e si puissante, si lourdement �quip�e, compos�e de soldats d��lite surentra�n�s, que la guerre finit par para�tre incroyable et totalement invent�e entre la force brutale et la volont� de libert� de ces femmes et de tous les autres combattants de la Lib�ration. Pourtant, au fil de leurs mots pudiques, difficiles, souvent retenus, d�une intense �motion � dire et � cacher les m�mes paroles, les souffrances et les �preuves �pouvantables qu�elles ont v�cues, nous d�couvrons un ressort cach�, toujours occult� officiellement : ces jeunes filles �taient en attente de la lutte. Leur vie, toute leur vie les poussait au combat : le spectacle de l�injustice permanente pour Eliette, les humiliations et le racisme ordinaire de la condition coloniale impos�s � tous pour Louisette, la conqu�te de sa place de femme dans une lutte qu�elle vivait comme la sienne par mille canaux pour Fatma. Et les questions th�oriques r�gl�es par Lacheraf, par exemple, qui �crivait que le nationalisme a offert �une issue id�ologique� (et unificatrice) aux luttes parcellaires du peuple alg�rien deviennent claires, limpides avec les r�cits de ces femmes. Et � les �couter, nous comprenons combien la dur�e, la t�nacit� puis le succ�s de cette lutte tiennent plus � leur force morale, � leur conviction profonde, � leur d�termination qu�au g�nie des dirigeants. Nous mesurons la faillite du pouvoir n�e de cette lutte et de leurs sacrifices � leur rendre l�hommage et la reconnaissance qui leur sont dus. Pourtant, le grand public alg�rien n�a pas encore vu ce documentaire comme si, restituer la v�rit� tr�s compliqu�e, tr�s complexe, de notre guerre de Lib�ration, n�est pas encore admis ou est dangereux. Pour qui ?