Le satisfecit des �bilantistes�, qui �tablissaient la veille m�me de ce 11 d�cembre le constat du net recul de l�activit� terroriste au mois dernier, a vol� en �clats sur les hauteurs d�Alger. Le bilan macabre du double attentat de ce mardi aussi bien que ses cons�quences terribles, ressenties au premier chef par le citoyen lambda, rappellent, si besoin est une �vidence que l�on daigne encore vouloir diluer dans le chapitre des r�sultats probants des services de s�curit�, � savoir la d�multiplication de la capacit� de nuisance des sectes criminelles. Une �vidence d�j� palpable au lendemain de la mise en veilleuse du principe de lutte implacable contre le terrorisme islamiste qui a d�couvert, dans les largesses impensables de la loi sur la concorde civile puis la charte dite de r�conciliation nationale, un terrain propice pour repenser la sophistication de sa strat�gie d�vastatrice. Combien de sanguinaires ont refait le chemin inverse des maquis en d�pit de l�impunit� dont ils jouissaient � la faveur desdites loi et charte ? Et pis encore, combien de fois les services de s�curit� ont formellement �tabli que de pr�sum�s repentis n��taient autres que les recruteurs attitr�s de futurs kamikazes voire m�me qu�ils �taient parvenus � tisser de v�ritables r�seaux de soutien logistique aux groupes terroristes encore en activit� ? C�est dire l��tendue du d�sastre que les limites de l�une ou l�autre des deux d�marches rec�laient au d�part et aggrav�es par les mesures, autrement plus �g�n�reuses�, qui se greffaient, au cas par cas, aux dispositions qui y sont inscrites. Ces derni�res ne seraient-elles pas intimement li�es � la baisse de vigilance sur le plan s�curitaire que le chef de l�Etat lui-m�me avait d�cri�e au lendemain des attentats du 11 avril dernier � partir de Constantine ? Car c�est pr�cis�ment � ce niveau qu�il faudrait m�diter sur l�origine du malheur qui frappe le pays et dont les petites gens payent le plus lourd tribut � chaque occasion. L�aveu d�un haut responsable militaire au lendemain de l�attentat, qui a cibl� le 6 septembre dernier le cort�ge pr�sidentiel � Batna est sans �quivoque. �Le terrorisme des ann�es 1990 est primitif par rapport � ce que nous vivons aujourd�hui. L�entreprise terroriste a �volu� sur tous les plans, dans sa structuration, ses r�seaux dormants ou actifs, ses relais et surtout ses moyens tr�s sophistiqu�s. En d�autres termes, elle est parvenue � d�multiplier sa capacit� de nuisance et est capable du pire�. Le pire que les Alg�riens connaissent malheureusement si bien et que nos dirigeants feignent d�ignorer attestant stupidement que le terrorisme est vaincu voire qu�il vit ses derni�res heures. Le premier policier de l�Etat, Noureddine-Yazid Zerhouni se pla�t � r�p�ter apr�s chaque drame que �nous n��cartions pas une telle probabilit�, que l�attentat � la bombe est le plus facile � perp�trer, que les commanditaires des attentats spectaculaires recherchent l�impact m�diatique et que cela atteste que les groupes terroristes sont aux abois ?� Un raisonnement qui ne semble pas �voluer au fil des carnages et encore moins de reconna�tre cette capacit� d�vastatrice et d�extermination � l�entreprise terroriste encore en activit� sous le ciel d�Alg�rie. Car sinon, comment expliquer le fait que la n�buleuse terroriste derri�re les massacres d�avant-hier ait pu atteindre son objectif en d�pit des renseignements qui identifiaient avec pr�cision la cible selon l�aveu m�me du ministre de l�Int�rieur ? La lutte sans merci contre le danger terroriste, il est vrai, buterait le cas �ch�ant, sur les vell�it�s politiques qui tentent � tout prix de convaincre du bien-fond� des options pr�conis�es pour une sortie hypoth�tique du tunnel. Ce qui est loin d�assurer paix et protection aux citoyens et encore moins l�immunit� accord�e aux bourreaux d�hier, recruteurs de kamikazes aujourd�hui. Des lignes rouges devraient �tre trac�es pour permettre aux p�res de famille de mieux prot�ger leur prog�niture qu�ils ne voudraient pas croiser un jour en accoutrement afghan ou dans une embarcation de harraga. Tout ou presque a �t� dit par des citoyens anonymes qui r�agissaient en direct sur les ondes de la Cha�ne III de la Radio nationale au double attentat de mardi dernier. M�me la censure n�y a rien pu. Un �chantillon : ��a suffit Monsieur le pr�sident, plus de concorde, plus de r�conciliation, plus de pardon, plus de� troisi�me mandat�.