Eminent professeur et directeur du Centre d��tudes sur le monde arabe contemporain, le professeur Bichara Khader pose un regard tr�s critique sur la Politique europ�enne de voisinage (PEV). Ce sp�cialiste du monde arabe, rencontr� � Bruxelles lors d�un d�bat organis� au niveau du Centre europ�en de journalisme (EJC), craint que cette nouvelle initiative ne soit qu�un remake du partenariat euro-m�diterran�en. Il pense que �l�UE est une belle fabrique de discours� qui, sans avoir attendu de tirer toutes les conclusions du processus de Barcelone, s�est empress�e de lancer l�id�e de la PEV. Il suspecte m�me l�UE d�avoir repris la �m�me recette sous un nouvel emballage� car, pense-t-il, la PEV risque de se limiter � un sch�ma qui consiste � l�existence d�un centre europ�en et un boulevard p�riph�rique avec des portes d�acc�s contr�l�es au centre. En clair, l�UE, qui a �largi ses fronti�res, propose aujourd�hui � ses partenaires ses valeurs de mani�re unilat�rale. Les pays concern�s par l�offre de politique de voisinage n�ont en effet pas �t� demandeurs d�une telle politique pour la simple raison qu�un grand nombre d�entre eux n�ont pas encore r�ussi � dig�rer la multitude d�initiatives initi�es par l�UE � laquelle professeur Bichara reproche d��tre trop riv�e sur sa propre s�curit�. Apr�s avoir �largi ses fronti�res, l�UE s�est en effet retrouv�e face � la �menace� des flux migratoires mais reste confront�e � un s�rieux dilemme, celui d�assurer sa s�curit� sans pour autant donner l�impression de verrouiller ses fronti�res. La PEV est cens�e r�pondre � cette probl�matique en adoptant le principe de contr�ler la fronti�re sans la fermer et �viter que cette derni�re ne devienne un front. Un d�fi qui, selon le Pr Bichara, est loin d��tre une sin�cure. �La PEV doit aller de pair avec une diplomatie europ�enne pro-active, capable de contribuer � vider toute la r�gion de proximit� imm�diate de tous les abc�s de fixation. L�UE sera-t-elle � la hauteur de la t�che ? L�exp�rience des ann�es �coul�es, surtout dans le cadre du partenariat euro-m�diterran�en, ne fournit en effet gu�re de motifs d�esp�rance.� En d�autres termes, il estime que si des conflits r�gionaux comme la question du Sahara occidental ou celui isra�lo-palestinien ne trouvent pas de solutions, rien ne sera possible dans la r�gion. Fond�e sur des plans d�actions n�goci�es de mani�re bilat�rale entre l�UE et le pays candidat, la PEV n�a pas �t� dot�e d�organes communs de gestion. Sans architecture institutionnelle, ni de m�canismes juridictionnels, le directeur du Centre d��tudes sur le monde arabe contemporain craint l��chec de ce qui lui appara�t plus comme une consolidation du bilat�ral au d�triment du coll�gial. �Avec son caract�re bilat�ral prononc�, la PEV ne pourra �tre un levier d�int�gration sous-r�gionale, jouant le r�le de locomotive qui tire toute une r�gion p�riph�rique. A d�faut d�un engagement ferme s�adossant � des ressources suffisantes et une r�elle coop�ration transfrontali�re Sud- Sud ou entre voisins, il sera difficile d��tre optimiste�, pense-t-il rejoignant ainsi le camp de ceux qui pensent que la PEV est vou�e � l��chec comme tous les processus qui l�ont pr�c�d�e partant du principe que les m�mes causes ne peuvent qu�engendrer les m�mes effets. Sans concession aucune, le Pr Bichara pense qu�il n�existe aucun doute quant aux limites de cette politique. �Ses moyens sont d�risoires par rapport � l�ampleur de la t�che, sa couverture g�ographique est large, sa m�thode est trop unilat�rale, ses finalit�s sont g�n�rales et ses principes sont eurocentr�s �, conclut le professeur qui estime que si l�UE ne r�vise pas sa copie, la PEV sera vou�e � l��chec.