Habiter au 10e ou au 15e �tage d�une cit� � Alger est loin d��tre une sin�cure, surtout lorsque l�ascenseur n�est l� que pour la d�coration. La grimpette, ponctu�e de jurons � chaque nouveau palier, s�annonce des plus ardues notamment si l�on a les bras charg�s de courses. Le souffle court, le front d�goulinant de sueur, on essaye de se consoler en se disant que cet exercice est excellent pour notre c�ur et notre ligne, mais rien n�y fait. Une fois l�-haut, on n�a qu�une envie : s�enfermer � triple tour et ne plus jamais redescendre. On ferme un peu les yeux, jusqu�au moment o� une voix nous rappelle � l�ordre : �Ch�ri, t�as oubli� d�acheter le pain !� Le calvaire au quotidien Le retour du march� est le pire moment de la journ�e pour les locataires du 91, boulevard Bougara (El-Biar), un immeuble de neuf �tages. Un ascenseur existe mais cela fait belle lurette qu�il a rendu l��me. �J�ai 74 ans, je suis hypertendue et diab�tique�, nous confie une vieille dame le souffle court. �Monter les trois �tages qui me s�parent de mon appartement est un chemin de croix et encore ! Je m�estime heureuse par rapport � mes voisins des �tages sup�rieurs !� Une autre locatrice p�n�tre dans le hall de l�immeuble, un couffin � la main. �Vous savez, on a fini par se r�signer, soupire-t-elle. On s�organise pour faire de petites courses et on laisse les grosses charges, comme les fardeaux d�eau min�rale, � nos maris. Le pire, c�est lorsqu�une coupure d�eau survient ! Il y a aussi les personnes �g�es et malades qu�il faut carr�ment porter lors d�un contr�le m�dical. Un cauchemar au quotidien qui nous empoisonne la vie !� Le syst�me de la corde A quelques p�t�s de maisons de l�, se dresse �l�Afrikana�, une cit� d�immeubles de onze �tages, dont les ascenseurs ne sont plus que des vestiges. Syst�me D oblige, les locataires ont trouv� la parade. Ils se sont tous �quip�s de corde, non pas pour se la mettre autour du cou mais pour faire grimper leur panier sans avoir � �escalader� les escaliers. En passant par l�, vous ne pourrez �chapper � ce spectacle insolite : un couffin rempli de victuailles hiss� par une m�nag�re dont le mari, trop �puis� pour se farcir dix �tages, surveille l�ascension de la �kouffa� au pied de l�immeuble. Le taureau par les cornes Immeuble �Le Ca�d�, centre d�El-Biar. Des b�timents de 12 et 9 �tages. Apr�s avoir �t� immobilis�s pendant pr�s d�une d�cennie, les ascenseurs ont repris du poil de la b�te au grand soulagement des locataires. Il a n�anmoins fallu s�organiser et cr�er une association prenant en charge les probl�mes de cette cit�. Djamel (43 ans), le pr�sident de cette association (il habite au 11e �tage !), nous en parle. �On a pris le taureau par les cornes en instaurant une bo�te noire aliment�e par les cotisations des colocataires : 200 DA pour ceux des trois premiers �tages, 300 DA pour les autres. Un technicien intervient � la moindre panne. (Il y en a 6 au total). Il y a quelques ann�es lorsque la loi nous autorisait � louer les murs de l�immeuble � des agences publicitaires, notre tr�sorerie �tait en meilleure sant�. Mais bon, on a r�ussi � r�gler le probl�me des ascenseurs � l�arr�t. C�est d�j� �a !� En g�n�ral, lorsque les colocataires r�ussissent � accorder leurs violons, une solution est vite trouv�e. C�est le cas de cet immeuble d�une dizaine d��tages situ� aux alentours de l�universit� de Bab-Ezzouar. T�moignage de Mohamed (44 ans). �L�ascenseur �tait � l�arr�t depuis 1998. Il a fallu qu�un voisin soit victime d�un accident qui lui a valu une paralysie pour que les locataires r�agissent. On a tous mis la main � la poche pour redonner � l�ascenseur une seconde jeunesse, sauf les voisins des deux premiers �tages, qui pr�f�rent emprunter l�escalier et ne disposent donc pas du fameux s�same : la clef !� Et de pousser un coup de gueule : �Toutes ces d�penses sont normalement incluses dans les charges du loyer dont nous nous acquittons aupr�s de l�OPGI !� Les r�fractaires Pas toujours �vident d��tre sur la m�me longueur d�onde. Beaucoup de locataires occupant les premiers �tages des grands immeubles rechignent � payer des cotisations. Nous avons rencontr� le concierge de l�immeuble Lafayette (15 �tages) au T�lemly. �Dur dur de rassembler les cotisations qui englobent pourtant l�entretien de l�immeuble et le gardiennage �, soutient-il. �Certains invoquent la chert� de la vie, d�autres sont r�calcitrants sans aucun justificatif. Dans cet immeuble de 15 �tages, l�ascenseur est loin d��tre un luxe. Nous avons sign� un contrat avec une soci�t� de d�pannage d�ascenseurs qui se situe juste en bas de l�immeuble. Le technicien intervient sur les ascenseurs au moindre p�pin !� S.O.S d�pannage Cette soci�t� de r�paration d�ascenseurs et de montecharges se trouve au pied de l�immeuble Lafayette. �Certains jours, le t�l�phone ne cesse de sonner, nous confie M. Belgharbi, l�un des associ�s de cette entreprise. Une centaine d�immeubles d�Alger et ses environs ont un contrat chez nous. Il faut r�parer l�ascenseur lorsqu�il est en panne et lib�rer ses occupants quand celui-ci se bloque entre deux �tages. Derni�rement, on m�a t�l�phon� en urgence, en pleine nuit. Une famille s�est retrouv�e bloqu�e � l�int�rieur d�un ascenseur. Heureusement, que personne n��tait claustrophobe !� Des soci�t�s de d�pannage de ce genre ont vu le jour un peu partout � Alger. Le besoin est r�el surtout avec la construction de nouvelles tours et de grands immeubles dot�s d�ascenseurs. SabrinaL [email protected]