La fin du mois d�avril a �t� marqu�e par des �v�nements dramatiques dans la capitale des Zianides. Le ph�nom�ne du suicide inqui�te de plus en plus l�opinion publique. En l�espace d�une semaine, trois personnes ont recouru � l�ultime acte de d�tresse en se donnant la mort de la mani�re la plus atroce : le suicide par pendaison. Le premier cas a �t� enregistr� � Abou Tachafine. Le jeune Mohamed, 23 ans, orphelin de p�re et vivant seul avec sa m�re d�pressive, a choisi la tomb�e de la nuit pour partir en laissant sa m�re seule et sans ressources. De son vivant, Mohamed faisait le dur travail de portefaix au march� de gros pour survivre. Deux jours plus tard, c�est la population du faubourg Boudh�ne qui allait �tre r�veill�e par une terrible nouvelle. Une personne tr�s connue dans ce quartier, et p�re de cinq enfants dont deux jumeaux de 7 mois, a choisi le m�me destin que Mohamed. Il a pr�f�r� quitter ce monde aux premi�res lueurs de l�aube en choisissant un champ d�oliviers de Mansourah. Son corps balan�ait au bout d�une corde attach�e � un arbre. Dans la m�me journ�e, une autre nouvelle nous parvenait de la station baln�aire de Marsat Ben M'hidi ; le corps d�un malheureux a �t� retrouv� sans vie sur les rivages. Devant l�ampleur du drame, on se pose des tas de questions sur les causes r�elles qui poussent les gens � renoncer au bien le plus pr�cieux qu�est la vie. Les enqu�tes ouvertes ne r�v�lent pas grand-chose, car les victimes ne laissent rien derri�re elles ; elles emportent leur secret dans leur tombe, muette � tout jamais. Toutefois, on ne peut ignorer certaines situations sociales qui sont � l�origine du suicide et malheureusement aucune �tude s�rieuse n�a �t� entam�e pour �tudier en profondeur sur ce qui s�annonce comme un v�ritable fl�au du XXIe si�cle, et ce n�est certainement pas les fatwas et les pr�ches de circonstance qui vont mettre fin � cette trag�die qui menace en particulier les jeunes. La harga n�est-elle pas une forme de suicide ? Lors d�un reportage que nous avons publi� il y a presque un an, �Les rivages de la mort�, nous avions pos� la question � un groupe de jeunes qui s�appr�taient � prendre le large en automne. La mer �tait d�cha�n�e et l�embarcation qui ressemblait plut�t � une jonque chinoise n��tait pas en mesure de r�sister � la moindre vague. Notre question a surpris un jeune (ing�nieur en informatique). Sa r�ponse �tait plut�t un message : �Nous aimons la vie, et ce n�est pas la mer qui aura notre peau en cas de naufrage. Ce sont ceux qui nous ont pouss�s � partir qui sont responsables de notre mort.� En quittant cette plage tard vers le soir par un vendredi de l�automne 2008, nous avons gard� en m�moire le souvenir de ce jeune qui est parti non pas pour se suicider mais pour vivre tout simplement. Nous avons appris depuis peu que cette �jonque� a coul� en haute mer. Partir c�est mourir un peu, dit-on. Ceux qui ont choisi de quitter ce monde ont accept� d�offrir leur vie en sacrifice sur l�autel du d�sespoir et de l�indiff�rence.