M�me si l�on sait pourquoi Louisa Hanoune s�agite, il est, par contre, difficile de savoir si Zerhouni parle s�rieusement ou, au contraire, il fait dans la diversion. Lorsque, face � la presse, il d�clarait avec une �tonnante d�sinvolture que la dissolution de l�APN est de l�ordre des probabilit�s pour peu qu�elle permette de �consolider la paix et la stabilit� du pays� (sic !) l�on se demande s�il n�est pas dans la foucade, comme � son habitude, ou s�il est vraiment dans la communication officielle. C�est que le message porte en soi des interpr�tations ambigu�s. En effet, l�op�ration, si elle venait � �tre concr�tis�e par le pr�sident de la R�publique, serait lourde de cons�quences en termes politiques. Car, enfin, l�on n�abr�ge pas une l�gislature sans raison plausible. Comme il est d�usage l�on n�y recourt � cette extr�mit� qu�� travers un argumentaire �tay�. Autrement dit, la dissolution d�une institution, mal �lue soit-elle, r�pond � une n�cessit� majeure. Celle notamment de d�boucher sur une remise en cause des �quilibres internes du r�gime. Or, vouloir modifier ceux-l�, juste pour soigner l�image d�un pouvoir, est une prise de risque disproportionn�e par rapport aux dividendes esp�r�s. Certains avis politiques ont soulign� cet aspect en l��voquant autrement. �Le risque, d�claraient-ils, est d�avoir le m�me Parlement avec quelques retouches�. C�est dire que l�on devine mal ce qui se cache derri�re l�hypoth�se. Pourquoi s�offrir un nouveau Parlement au moment o� l�on ne d�sire rien d�autre que de renforcer les pr�rogatives de la fonction pr�sidentielle au d�triment de la totalit� de l�architecture institutionnelle ? Faut-il rappeler que la tendance dominante du r�gime est au verrouillage et que celui-ci s�accommode mal de l�incertitude d�un scrutin m�me quand c�est lui qui le pilote. Quand madame Hanoune, � l�origine du pav�, stigmatisait la domestication du Parlement, l�on peut comprendre qu�elle souhaite cette disqualification au nom de l�ouverture et de l��mancipation de l�appareil l�gislatif. Mais lorsque M. Zerhouni s�empare de la question et la traduit en piste politique, l�on craint qu�il ne parle pas de la m�me chose ni des m�mes objectifs que la d�put�e du PT. En effet, dans l�esprit du ministre, la notion de �stabilit� � renvoie fortement au concept du b�illon. L�ordre institutionnel qu�il image ne s�appr�cie qu�� travers le degr� de vassalit�. �Etre aux ordres�, c�est ce qu�on exigera un peu plus d�un Parlement d�j� castr�. La docilit�, d�sormais l�gendaire, d�une chambre qui a d�j� vot� tout ce que l�on a voulu serait-elle devenue insuffisante pour que l�on envisage de la renvoyer � mi-parcours ? L�hypoth�se semble farfelue au regard de tous les services qu�elle a, jusque-l�, rendus avec pour acte de bravoure son unanimisme un certain 12 novembre 2008. Dans les faits, nous sommes dans une op�ration insidieuse de chantage � l�or�e de ce troisi�me mandat. Celui d�agiter la menace afin de tuer dans l��uf les vell�it�s nourries par la frustration et le m�pris dont sont victimes ces l�gislateurs de pacotille. En r�actualisant, bien tardivement, l�argument de la non-repr�sentativit� de ce Parlement, le palais, ou du moins son porte-voix, ne se soucie gu�re de donner raison aux initiateurs de la proposition. Il s�adresse plut�t aux d�put�s et leur signifie qu�il est l�unique g�niteur de leurs mandats. Leur rappelant, qu�en ce qui concerne la mythologie des urnes et la caution de celle-ci, il est �galement en mesure d�organiser � tout moment un nouveau scrutin pour changer le personnel. C�est � cela que se r�sume cette man�uvre m�diatique. Car au point o� l�on s�est compromis dans la trituration de la loi fondamentale, il est improbable que le pouvoir prenne l�initiative de contester la l�gitimit� de l�institution. Et pour cause, il se tirerait une balle dans le pied s�il venait � le faire, lui qui a sollicit� une chambre, repr�sentative � un tiers, pour amender la Constitution. Toute dissolution ayant besoin de motifs la justifiant, l�on se demande si, dans l�imm�diat, le r�gime a les bons griefs qui risquent de ne pas se retourner contre lui. Reconduit gr�ce � cet ar�opage de courtisans, il ne peut disqualifier sa propre matrice sans mutiler les fondements de sa l�gitimit�. Etrangement, le lien ombilical qui les rend tributaires l�un de l�autre plaide pour le statu quo jusqu�en 2012. Il s�illustre parfaitement dans la parabole du palais, quand le monarque voulant imposer � la cour sa volont� lui dit avec morgue : ��. Qui vous a fait tous princes ?� Il s�entendit alors r�pondre : �Mais Majest�, sans nous, seriez-vous roi ?� Nos parlementaires aussi peuvent ronronner tranquillement. Sans crainte, ils garderont leurs maroquins jusqu'� �ch�ance. Trop prudent pour ranimer le d�bat d�hier quand il veut le faire oublier, le pouvoir ne touchera pas � ce qui existe et qui lui sert si bien. La morale de l�histoire est qu�il y a eu trop de bruit pour rien dont seul le ministre de l�Int�rieur en porte la responsabilit�. Cela lui ressemble tellement que s�en est devenu son signe distinctif.