Le personnel de la santé monte au créneau. Les différents syndicats du secteur sont en train de se concerter pour engager une action commune à la prochaine rentrée sociale. Ils dénoncent la campagne de dénigrement menée contre eux depuis le décès d'une parturiente à Djelfa. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le ministre de la Santé s'attire-t-il les foudres du personnel de son secteur contre lui ? Mokhtar Hasbellaloui a soulevé la colère du personnel soignant depuis son annonce de se constituer partie civile dans l'affaire du décès d'une parturiente dans la wilaya de Djelfa. Après plusieurs rassemblements du personnel dans les établissements de santé dans le but de dénoncer la détention d'une gynécologue et de trois sages-femmes, les syndicats du secteur, qui refusent de porter la responsabilité des défaillances du système de santé, ont décidé d'unifier leur action pour se défendre. Dans un communiqué rendu public hier, le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU) a annoncé qu'une action commune avec tout le personnel de la santé sera organisée à la prochaine rentrée. Le syndicat a d'ailleurs entamé des contacts avec les autres syndicats du secteur. Ouahiba Ouahioune, présidente du SNECHU, a expliqué que cette action commune sera sous forme d'un sit-in d'une journée au niveau de l'ensemble des établissements de santé à travers le pays. Une action, dit-elle, qui sera organisée pour dénoncer la campagne de dénigrement dont fait l'objet le personnel soignant depuis le décès d'une parturiente dans la wilaya de Djelfa. Le syndicat se dit très affecté par le décès de la parturiente et de son enfant, et compatit avec tous les patients qui souffrent en silence par manque de moyens humains et matériels à cause d'un système de santé dépassé par les transitions socio-économiques. Cependant, la réaction de la tutelle par rapport à cette affaire qui s'est portée partie civile «étonne» le syndicat. «Le SNECHU s'étonne de la précipitation du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à se porter partie civile dans cette affaire dramatique, avant même les conclusions de l'enquête administrative et judiciaire», a indiqué le syndicat qui estime que la position du ministère a attisé la haine et le mépris contre tout le personnel de la santé «qui se donne corps et âme dans l'exercice de sa noble tâche malgré la défaillance du système sanitaire». Le syndicat appelle le ministère de la Santé à intervenir pour faire cesser cette campagne. «Le Snechu est très préoccupé par la campagne de dénigrement lancée sur les réseaux sociaux et certains médias contre le personnel de santé et appelle le ministère de tutelle à intervenir pour que cessent ces agissements qui ne feront que déstabiliser un personnel déjà en grande difficulté par manque de moyens humains, matériels et sécuritaires dans les structures publiques», a souligné le syndicat dans son communiqué. Samedi dernier, le Syndicat des praticiens de santé publique, qui refuse que le personnel médical soit un bouc émissaire, a également affiché sa colère. Le syndicat a annoncé une réunion à la rentrée avec l'ensemble des syndicats du secteur et l'Ordre des praticiens durant laquelle la situation du secteur et ses dysfonctionnements seront passés en revue.