L�organisation s�paratiste basque de l�ETA fait parler d�elle �surtout � travers sa strat�gie d�utilisation des attentats terroristes� pour arriver � ses fins. Cependant, elle use aussi d�autres moyens de pression, moins m�diatis�s, pour consolider ses structures op�rationnelles, comme le chantage et l�extorsion de fonds De notre bureau de Madrid, M�hamed Elmansouri Ainsi, au mois de mai dernier, a-t-elle envoy� des lettres exigeant des sommes allant de 100 000 � 200 000 euros � une douzaine de chefs d�entreprise de la r�gion de Navarre. D�apr�s le pr�sident de la conf�d�ration des chefs d�entreprise de Navarre, cette douzaine de lettres d�extorsion ne serait que la pointe de l�iceberg parce que les chefs d�entreprise en re�oivent continuellement. Il les appelle, n�anmoins, � ne pas payer car, selon lui, l�ETA �est dans une situation de d�t�rioration tr�s importante apr�s les derni�res d�tentions�. En cela, il faisait r�f�rence � l�arrestation en France, pr�s de Paris, le 25 juin dernier, des deux pr�sum�s chefs de renseignement de l�organisation s�paratiste, charg�s de collecter des donn�es sur des objectifs potentiels. Cette op�ration de la police fran�aise fait suite au coup dur port� � l�ETA le 18 avril 2009 avec la d�tention de Jord�n Martitegi, consid�r� comme le chef de l�appareil militaire de l�ETA, en compagnie de deux autres activistes, � Montauriol, pr�s de Perpignan, en France. Le m�me jour, la police espagnole arr�tait aussi six membres de cette organisation au Pays Basque. Ces arrestations font suite � une s�rie de captures des t�tes de l�appareil militaire ou politique de l�ETA, toutes effectu�es en France entre mai et d�cembre 2008 : le 21 mai 2008, Francisco Javier L�pez Pe�a, alias Thierry, consid�r� comme le chef de l�appareil politique de l�ETA, est arr�t� � Bordeaux, avec trois autres dirigeants de l�organisation s�paratiste. Le 17 novembre 2008, c�est au tour de Gaikoitz Azpiazu Rubina, alias Txeroki, chef militaire de l�ETA, d��tre d�tenu � Cauterets (Pyr�n�es fran�aises). Il est accus� d�avoir particip� � l�attentat de l�a�roport de Madrid Barajas en 2006 (deux morts) et de l�assassinat de deux gendarmes espagnols � Cap-Breton, en France. Le 8 d�cembre 2008 voit la capture de Iriondo Yarza, successeur de �Txeroki� � la t�te de l�appareil militaire de l�ETA, � Gerde (Pyr�n�es fran�aises), en compagnie de deux autres membres des commandos �Cantabria� et �Vizkaya�. Parall�lement � ces op�rations effectu�es en France, la police espagnole met la main, le 22 juillet 2008, sur le chef du commando �Vizkaya�, Araitz Goikotxea, au cours d�une op�ration qui met hors d��tat de nuire huit autres activistes de l�ETA, dont deux femmes, consid�r�s comme responsables d�attentats contre des casernes de la Guardia Civil, dont l�un s�est sold� par un d�c�s. Ces avanc�es dans la lutte anti-terrotriste contre l�ETA, on le voit assez, n�auraient jamais perc� ausi nettement s�il n�y avait eu l�implication, de plus en plus visible, des forces de s�curit� fran�aises aux c�t�s de leurs homologues espagnoles, notamment durant ces deux derni�res ann�es. Afin de replacer dans son contexte cette collaboration franco-espagnole, il faudrait revenir bri�vement sur la nature de l�organisation s�paratiste basque de l�ETA. Cette derni�re a comm�mor� en janvier 2009 sa cr�ation, il y a 50 ans, � travers un communiqu� diffus� par les m�dias, o� elle d�clare que �ni l�Espagne ni la France ne montrent les signes les plus minimes de vouloir respecter la parole du peuple basque�. En cons�quence, elle avertit qu�elle continuera de lutter de toutes ses forces et par tous les moyens pour atteindre son objectif d�ind�pendance et de souverainet� du Pays Basque. Elle clame que �c�est le moment pour ce peuple d�unir les efforts, sans excuses pour que les Basques entrent dans la phase de l�ind�pendance�. En effet, pour l�ETA, le Pays Basque ne comprend pas seulement la r�gion autonome espagnole du Pays Basque. Il englobe aussi la Navarre espagnole et une partie du sud-ouest de la France. Reconstitu�e sous le nom de ETA en 1959 (Euskadi Ta Askatasuna, en langue basque qui peut se traduire par �Pays Basque et Libert�), elle a �t� fond�e en 1952 par un groupe de jeunes exclus du Parti nationaliste basque (PNV). L�un de ses objectifs fondamentaux reste la souverainet� et l�autod�termination du Pays Basque, � atteindre �par tous les moyens�, comme elle l�a r�it�r� dans son communiqu� de janvier dernier. L�organisation aura maintenu une ligne dure avec tous les r�gimes et gouvernements espagnols, depuis la p�riode de la dictature de Franco jusqu�au gouvernement socialiste actuel, en passant par les gouvernements conservateurs du Parti populaire dans les ann�es 1990 et d�but des ann�es 2000. Apr�s la mort de Franco, en 1975, l�ETA se r�organise en deux factions : l�ETA politico-militaire et l�ETA militaire. Ce sera la formation Herri Batasuna (HB) qui repr�sentera le bras politique de l�organisation durant longtemps jusqu�au d�but des ann�es 2000, o� son activit� sera d�clar�e ill�gale par la justice espagnole. L�ETA militaire se chargera de la lutte arm�e, incarn�e par un bilan macabre d�actions terroristes (attentats � la bombe, � la voiture pi�g�e, assassinats...), dont le dernier en date a vis�, le 19 juin pass�, un inspecteur de la Brigade anti-terroriste de la localit� d�Arrigoriaga, pr�s de Bilbao. L�explosion d�une bombe plac�e sous sa voiture a entra�n� l�incendie du v�hicule et la mort du policier. Cet attentat survient un mois apr�s l�investiture du socialiste Patxi L�pez � la pr�sidence du Gouvernement r�gional du Pays Basque. Un fait historique si l�on consid�re que le Gouvernement r�gional et le Parlement du Pays Basque ont toujours �t� aux mains du Parti nationaliste basque. Un fait historique aussi si l�on sait que la Cour supr�me espagnole avait emp�ch� la participation de formations consid�r�es comme des repr�sentantes politiques de l�ETA. Il faut souligner en ce sens, qu�en parall�le aux op�rations polici�res destin�es � �liminer les structures terroristes de l�ETA, les forces de s�curit� ont d�tect� les formations politiques qui ont voulu remplacer Herri Batasuna (HB) comme bras politique de l�ETA, comme ce fut le cas de l�Action nationaliste basque et du Parti communiste des Terres basques qui seront d�clar�es ill�gales en septembre 2008 par la Cour supr�me espagnole. Ce sont, donc, actuellement, quatre facteurs tangibles qui concourent, semble-t-il, � affaiblir l�ETA : La France ne constitue plus une base de repli pour les activistes de l�ETA comme elle l�a �t� pendant longtemps. La coop�ration est de plus en plus �troite entre forces de s�curit� espagnoles et fran�aises dans la lutte anti-terroriste, dont un nouvel �lan va �tre donn� par la cr�ation officielle de brigades mixtes d�intervention hispanofran�aises, suite � la visite du pr�sident Sarkozy en Espagne le mois d�avril dernier. La pers�cution des tentatives de reconstitution du bras politique de l�ETA, par la justice espagnole, et la r�duction graduelle du champ politique pour les formations satellites pro- ETA au Pays Basque. Cons�quence : le Parlement basque actuel ne comprend aucune formation ouvertement pro- ETA, alors que durant trois d�cennies Herri Batasuna, son bras politique, y avait ses d�put�s. Le rejet inconditionnel de la violence terroriste de la part de la soci�t� espagnole, notamment au Pays Basque, et des principales formations politiques, toutes sensibilit�s confondues. Cependant, avec le dernier attentat contre l�inspecteur de police de Arrigoriaga, l�ETA veut d�montrer que ses capacit�s d�action ne sont pas amoindries, malgr� les coups de boutoir re�us sur le terrain s�curit�ire ou judiciaire, comme elle l�affirme, par ailleurs, dans son communiqu� de janvier dernier o� elle proclame son �invincibilit�. L�organisation s�paratiste basque ne compte donc pas abandonner de sit�t ce qu�elle d�nomme la lutte arm�e. Est-il possible dans ces conditions d�ouvrir une quelconque voie de n�gociation pour la fin de la violence au Pays Basque ? Cette possibilit� est rejet�e ouvertement par le Parti populaire, qui pose comme condition de son appui � l�ex�cutif socialiste dans la lutte anti-terroriste, que ce dernier n�entame aucune n�gociation avec l�ETA. Les partis nationalistes basque et catalan, quant � eux, n�excluent pas des n�gociations avec l�organisation s�paratiste. A cet effet, il faut pr�ciser qu�apr�s la mort de Franco, l�histoire de l�ETA a �t� entrecoup�e de tentatives de n�gociation avec les gouvernements successifs en place, toutes avort�es, ainsi que de tr�ves unilat�rales (1988, 1995, 1998, 2007) qui seront toutes rompues par de nouveaux attentats terroristes. En cons�quence, la vigilance reste de rigueur, comme ne cesse de le r�p�ter Alfredo P�rez Rubalcaba, ministre espagnol de l�Int�rieur, qui r�it�re, avec le pr�sident Zapatero, que le seul chemin qui reste aux membres de l�ETA est celui de la prison.