Sacr� Karadhaoui ! Il a des r�ponses � tout : des fatwas, en veux-tu en voil� ! Des conseils en tous genres, et � la demande. De l'art d'enjamber le corps de l'ennemi pour l'emp�cher de grandir � la meilleure fa�on de consacrer la primaut� du pied gauche sur le pied droit dans les lieux dits d'aisance. De la mani�re l�gale de r�pondre aux attentes de ses femmes � la technique de s�duction qui permet � un homme d'�pouser une femme dont il pourrait �tre le grandp�re. Et bien plus encore, au point de se demander si ce pr�dicateur, plus c�l�bre, bien que moins riche, que Michael Jack, ne poss�de pas des dons d'hypnotiseur � distance. Le simple fait d'�crire son nom ici va encore me valoir un chapelet d'injures, jetant le doute sur mes origines et m'accusant d'�tre le cheval de Troie des Juifs et des franc-ma�ons. Il para�t, d'ailleurs, que l'Emir Abdelkader �tait un peu francma�on sur les bords, ce qui hisse sa statue �questre � une hauteur plus seyante � mes yeux. Mais comme nos nationalistes �marsiens� avaient d�cid� d'en faire le p�re de la nation, ils ont gomm� sur son CV et sur ses portraits officiels tout ce qui pouvait en faire un �tre humain, avec sa vision propre du monde. Karadhaoui, lui, c'est diff�rent : il n'aura jamais son portrait dans une grande loge ma�onnique. Car, pour lui, juifs, sionistes, francma�ons, la�cs, tous ces gens-l� sont des supp�ts de Satan qui veulent d�tourner les Arabes et les musulmans de la voie droite. Avec le cheikh qatari, on n'a le droit de s'aventurer sur les sentiers battus que s'il les a balis�s lui m�me au pr�alable. Lui seul a le droit d'explorer et d'inventorier les chemins des �coliers de la th�ologie musulmane. Il est habilit� par la ferveur populaire � se prononcer sur tout et � dire sur son site internet ce qu'il ne dit pas � la t�l�vision, et vice-versa. Karadhaoui a le droit de se tromper, de se contredire et de d�mentir. Personne n'osera rien reprocher � sa saintet�, aucun musulman ne s'enhardira � le faire descendre de son pi�destal. C'est une ic�ne qui a d�j� mis hors de combat tous les iconoclastes, une idole qui a r�duit � l'impuissance des arm�es de contempteurs. Lui seul a le droit d'entrouvrir les portes de l'interpr�tation puisque c'est lui et ses semblables qui poss�dent le trousseau de cl�s. Toute id�e, toute initiative qui ne viendrait pas de Karadhaoui est frapp�e de nullit�. Nous, simples mortels, serions accus�s de �bid'a�, d'innovation, et tout le monde sait que l'innovation conduit en enfer. Cette mise en garde r�currente, que tous les imams bien vus affectionnent, ne concerne pas Karadhaoui. Il est au-dessus des sermons comminatoires et des impr�cations lanc�es contre les d�viants. Ainsi, vous ne verrez jamais Karadhaoui dans la file des suivants, il ne suit jamais, et, d�s qu'il met un pied devant l'autre, c'est toute la masse des th�ologiens, ou pseudos, qui s'�branle. Nos �cheikhs� peuvent rester des mois, des ann�es, devant une porte ouverte sans jamais s'aventurer � passer de l'autre c�t�. Que vienne le �ma�tre�, et qu'il la franchisse, et c'est la ru�e vers la p�che aux �vidences. Tenez, sa derni�re sortie sur les championnats du monde d'athl�tisme et les performances des comp�titeurs musulmans. Ces derniers, en mal de performances, n'ont eu qu'un seul r�flexe, s'adresser au cheikh pour qu'il les autorise � s'alimenter � Berlin. Demandez et vous serez exauc�s ! Les athl�tes arabes ont tout de suite obtenu la �bulle�, leur permettant de rompre le je�ne du Ramadan. �Saperlipopette ! Dire que je n'y ai jamais pens�, a d� se dire ce brave Noureddine Morcelli, qui nous a tous entra�n�s, jadis, dans sa splendide foul�e. Ah, si Morcelli savait et si Karadhaoui s'�tait int�ress� � ce moment-l� � la course de fond au lieu d'analyser la d�marche des concitoyennes de Hassiba Boulmerka ! Mais alors, Messieurs, puisqu'on pouvait le faire et que Karadhaoui l'a fait, tout ce que vous nous racontiez sur les effets galvanisants du je�ne, c'�tait du pipeau ! Vous avez commenc� par nous dire que ce mois de Ramadan �tait le mois de la pi�t� et du travail. Nous vous avons cru sur parole, en d�pit de la baisse drastique de la production et de la mont�e en fl�che de l'absent�isme. Vous aviez tout le droit de vous projeter sur ce qui devrait �tre et non pas sur ce qui est, de fermer vos paupi�res alourdies pour r�ver � un monde virtuel et vertueux. Oublier les �chauffour�es autour des �tals qui vous font des yeux plus gros que les ventres. On aurait m�me pass� la main sur vos propos l�nifiants � propos de l'effort sur soi, de l'abn�gation et du respect d'autrui, c'�tait dans votre r�le. Mais l� avec cette histoire d'athl�tisme, vous �tes d�pass�s, coiff�s au poteau, que disje laiss�s sur place par un coureur s�nescent et perclus d'arri�re- pens�es politiciennes. Il vous a ridiculis�s, pendant que vous cherchiez des poux sur la tonsure de Khaled Bentoun�s. Il s'est acquis la sympathie de tous les athl�tes musulmans qui se dopaient, toute la nuit, au kalbellouz et � la zalabia avant de s'effondrer dans le premier virage. Et l'USMA, vous avez pens� � l'USMA qui vient de subir sa premi�re d�faite du Ramadan, et la troisi�me de la saison ? Faudra-t-il que Alik se fasse violence et lance un appel � Karadhaoui pour que ce dernier autorise l'USMA � faire manger ses joueurs, le jour du match. Quitte � leur retenir le prix du repas sur leurs salaires, qui me paraissent d'ailleurs gravement menac�s si les choses continuent ainsi. Allons, Messieurs les ul�mas, fa�tes un beau geste, aidez l'USMA avec une fatwa, avant que Karadhaoui ne s'avise de le faire. Montrez � ce cheikh qui n'arr�te pas de vous marquer des buts que, vous aussi, vous avez de la ressource et de l'imagination. Avec un tel d�part, et sur votre lanc�e, vous pourriez �tendre la fatwa au Mouloudia qui gagne sur le terrain m�me s'il perd sur tapis vert. Les deux clubs auraient ainsi quelque chose � partager, faute de stades dans la capitale. Et puis, pourquoi pas une fatwa pour les supporters qui viennent au stade, le ventre vide et un esprit � cran d'arr�t. Repus et d�salt�r�s, les supporters auraient sans doute moins tendance � se taper dessus et � casser de l'adversaire, en sus du mobilier urbain. Je sais que les fanatiques et les exalt�s n'attendent pas d'avaler des chawrmas avant de commettre des saccages et de br�ler des pneus sur les routes nationales. Pensez un peu � tous les avantages que pourrait tirer Karadhaoui de cette situation. Br�lez lui la politesse de peur qu'il ne vous br�le d�finitivement aupr�s de vos �ouailles� r�siduelles. A. H. Humeur espagnole J'ai re�u un email de l'ambassade d'Espagne � Alger o� on ne semble pas avoir appr�ci� la chronique de la semaine derni�re intitul�e �Frousse espagnole, terreur afghane�. En gros, le signataire du texte me reproche de banaliser le terrorisme de l'ETA en le qualifiant de �soft�, par rapport au terrorisme tr�s sanglant de mes coreligionnaires. Comme dans la plupart de mes chroniques, j'ai eu recours � la d�rision qui est souvent, et de loin, la plus efficace. J'ai voulu simplement montrer que l'ETA pratiquait un terrorisme moins �pouvantable et moins destructeur que le terrorisme islamiste. Ce que confirment les sombres bilans des deux terrorismes. Mon principal souci �tait de convaincre les lecteurs que l'Espagne avait mieux �volu� depuis que nous l'avions quitt�e. Il semble que l'objectif n'ait pas �t� atteint et je m'en excuse aupr�s des Espagnols qui n'auraient pas appr�ci� mon sens de l'humour. Il semble qu'il va me falloir aussi diff�rer mon r�ve de �reconquista�, en attendant que s'estompent certaines susceptibilit�s qui nous ressemblent �trangement.