C'est un Premier ministre sûr de lui-même et intransigeant qui a répondu hier aux questions de la presse nationale sur la politique gouvernementale menée actuellement dans ce contexte de crise économique, en marge des travaux de la réunion de la tripartite. Tout D'abord, il a tenu à s'exprimer sur la tenue de la tripartie d'hier au siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) en soulignant de l'importance de cet évènement et de la Charte de partenariat signée entre le gouvernement, la centrale syndicale et les entreprises du secteur public et privé. Il dira, en effet, qu'il «n'y aura plus de complexes, ni moins de distinction entre les différentes parties». Et d'ajouter en ces termes : «mon commentaire s'adresse particulièrement à certains discours politiques qui veulent le maintien du statu quo et souhaitent la paralysie de l'économie algérienne. Ils veulent voir le bateau Algérie vivre le même sort que celui du fameux Titanic. Ils attendent toujours ce moment difficile pour nous prédire l'écroulement. Alors, c'est loin d'être le cas aujourd'hui avec toutes les mesures prises en faveur de l'entreprise». S'exprimant sur la nouvelle Charte relative au partenariat des sociétés signée hier lors de la tripartite, il précisera qu'elle a été déjà prévue dans les lois algériennes, citant particulièrement la loi sur les privatisations, ainsi que la loi sur l'investissement et le partenariat. «Cette Charte va donner un nouveau souffle au développement économique du pays», a-t-il mentionné. Quant aux mesures de régulation du commerce extérieur et l'établissement de la liste de 1000 produits interdits à l'importation, il a jugé que la situation financière actuelle imposait cette politique. «Nous devons en tant que peuple accepter de vivre selon nos capacités. Le pays est comme une grande famille. Si on continue dans cette politique de laisser-aller, nos réserves de change seront diminuées de 20 à 25 milliards de dollars chaque année. Dans quatre ans, on sera amené à s'endetter auprès de l'étranger. Après deux à trois ans, on tombera dans le piège de non-capacité de remboursement. Donc, on sera obligé d'aller vers le Fonds monétaire international. Et tout le monde sait ce qu'impose cette institution comme réformes», a-t-il justifié, avant d'ajouter que l'établissement de la liste d'interdiction des importations «n'est pas un choix». Toujours dans le même contexte, le Premier ministre a estimé que l'Etat devait intervenir pour soutenir les entreprises nationales pour faire face à la concurrence étrangère. «Même l'Occident ne peut pas affronter la Chine alors qu'il a trois siècles d'économie derrière lui. Alors, comment voulez-vous que les entreprises algériennes puissent, 55 ans après l'indépendance, affronter les entreprises chinoises, dont le pays reste notre partenaire ?», s'est-il interrogé. Cette disposition sur les importations n'est pas, avance-t-il, en contradiction avec les engagements et accords extérieurs notamment ceux signés avec l'Union européenne ou d'autres partenaires. «Dans toutes ces conventions, il est prévu en cas de situation difficile, la possibilité de prendre des clauses de sauvegarde», a-t-il également expliqué. La liste des 1000 articles interdits à l'importation peut, selon lui, s'allonger. «Dès que des produits fabriqués localement parviennent à couvrir les besoins nationaux, on procédera à l'interdiction de leur importation», a-t-il clarifié. Quant à l'ouverture du capital des entreprises publiques au secteur privé, il dira que cette mesure n'est pas nouvelle et remonte à plus de sept ans. S'agissant du rôle que doit jouer l'Etat dans l'économie, Ahmed Ouyahia n'admet pas son implication dans la gestion des briqueteries et minoteries. «L'Etat doit continuer à maintenir la politique de soutien aux revenus faibles et pour que des Algériens puissent bénéficier d'un logement. En ce qui concerne le devenir des entreprises publiques, elles resteront une richesse nationale. Nous voulons, selon la Charte relative au partenariat, les développer et leur permettre d'avoir plus de productivité», soutient-il par ailleurs.