Des dizaines de jeunes promoteurs d'entreprises du secteur des télécommunications créées dans le cadre des dispositifs d'aide à la création de micro-entreprises (Ansej, Cnac, Angem) de la wilaya de Tizi-Ouzou crient leur désarroi. Pour montrer leur détresse, ils se sont rassemblés la fin de la semaine passée devant le siège de la direction opérationnelle d'Algérie Télécom afin de dénoncer la précarité dans laquelle se retrouve leurs PME depuis une année. Une situation engendrée par l'austérité qui touche de plein fouet le pays. A cet effet, ils exigent la mise en place d'un plan de travail pour leurs entreprises afin qu'ils puissent rembourser leurs crédits. Ainsi donc et après plusieurs mouvements de protestation initiés par les jeunes promoteurs du secteur du bâtiment et des travaux publics adhérents au Collectif d'aide à la micro-entreprises (Came) de la wilaya de Tizi-Ouzou, cette fois-ci c'est au tour de ceux du secteur des télécommunication de leur emboîter le pas. Les protestataires ont avoué que leurs entreprises sont en situation déficit depuis une année. «Nous sommes au chômage et nos entreprises sont en faillite», lâche un protestataire rencontré devant le siège d'Algérie Télécom. D'après lui, la signature de convention-accord entre Algérie-Télécom et l'Ansej qui garantit la prise en charge de leurs entreprises n'a pas donné de résultats sur le terrain, puisqu'ils se retrouvent livrés à eux-mêmes. «Nous avons signé des conventions avec Algérie Télécom, mais malheureusement il n'y a pas de suivi d'effet. Rien n'a été fait. Pis encore, nous n'avons pas le droit de travailler avec une entreprise étrangère et actuellement nous vivons dans un total désarroi. Nous sommes broyés par cette situation», dira le même protestataire. A préciser qu'il existe soixante dix (70) PME spécialisées dans les télécommunications qui ont été créées dans le cadre des différents dispositifs d'aide à la micro-entreprise au niveau local. «Au total, c'est entre 800 à 1000 personnes qui se retrouvent en chômage. Nous demandons la mise en place d'un plan de travail pour qu'on puisse rembourser nos crédits contractés auprès des banques», ont-ils demandé de nouveau. Ce n'est pas la première fois que ces jeunes promoteurs protestent et demandent qu'on leur affecte une part du marché des télécoms. Par le passé déjà, les représentants ou chefs de petites et moyennes entreprises (créées dans le cadre des dispositifs d'aide à l'emploi qui sous-traitent des travaux au profit d'Algérie Télécom à Tizi et avaient déjà fait part d'un constat «amer» et ont parlé «d'obstacles et de très mauvaises conditions de travail». Ils ont d'ailleurs demandé «l'annulation des pénalités de retard pour toutes les situations antérieures», le «paiement de toutes les factures en instance», etc. Depuis, la situation n'a pas évolué. Bien au contraire, elle s'est encore empirée. La plupart de ces entreprises sont aujourd'hui en veilleuse. Etant dans l'incapacité d'assurer le versement des salaires des employés, elles sont en stand-by. A cela s'ajoutent les problèmes d'approvisionnement en matériaux nécessaires à la réalisation des travaux avant le lancement de chantiers et la décentralisation de l'approvisionnement en matériel, le non respect des délais de paiement par le maître de l'ouvrage ou encore «la négociation des délais de réalisation avant la signature des ODS». Cette situation n'est pas spécifique à la wilaya de Tizi Ouzou. Au mois de novembre dernier, le collectif des entreprises nationales partenaires d'Algérie Télécom avaient sollicité l'intervention du premier ministre par le biais d'une requête dans laquelle le collectif écrivait : «nous vous sollicitions pour nous rendre justice et intervenir auprès des autorités compétentes afin de préserver notre existence suite à un acte commercial déloyal et une stigmatisation des compétences des entreprises locales algériennes pour des raisons que nous ignorons» et d'ajouter : «Nos équipes de travail sont pour la plus part au chômage technique sur l'ensemble du territoire national. Des correspondances d'alertes furent adressées aux plus hauts responsables, mais, aucune considération ni suite n'y a été donnée. Pour ce collectif la raison est toute simple.» Il dit encore : «Une décision encore plus préjudiciable et incompréhensible a été prise par les responsables d'Algérie Télécom. Un nouveau partenaire Chinois, appelé ‘HUAWEI' est désormais seul détenteur d'un marché d'un million d'accès FTTH. Aucun partenaire algérien n'est directement associé à ce projet. La dite entreprise chinoise a la liberté de gérer son plan de charge comme elle l'entend. De ce fait, elle n'accepte de travailler qu'avec de grandes entreprises de droit algérien ayant de grands moyens humains et financiers excluant ainsi, malgré leurs longue expériences dans le domaine des TIC, toutes les petites et moyennes entreprises algériennes formées par Algérie Télécom et crées pour la plus part dans le cadre des différents programmes Ansej, Cnac et Angem avec la promesse de leur assurer un plan de charge suffisent pour leur développement». Résultat : «ces dernières sont contraintes à travailler dans des conditions contractuelles très risquées avec des prix souvent très faibles. Le choix d'Algérie Télécom a créé une situation de monopole de marché où les seuls bénéficiaires sont leur nouveau partenaire chinois et une poignée de grandes entreprises souvent étrangères (d'origine chinoises, égyptiennes ou tunisiennes, etc.) n'ayant aucune expérience dans le domaine des TIC, sous-traitant à leur tour les travaux dans des conditions contractuelles du moins non réglementaires aux petites et moyennes entreprises algériennes privées de leur plan de charges. Nous nous interrogeons avec une profonde inquiétude sur les raisons de cette exclusion.»