Le 28 avril dernier, Djamel Ould Abbès, secrétaire général du FLN, a réuni au siège du parti, sur les hauteurs d'Alger, les représentants de six organisations estudiantines. En présence du ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Tahar Hadjar, le patron du vieux parti a annoncé la naissance de la coordination «Jil Bouteflika» (Génération Bouteflika), constituée de ces six organisations. M. Hadjar n'a pas hésité à appeler les étudiants et les autres organisations estudiantines à rejoindre cette coordination. «Les portes de la Coordination, qui a pour slogan «Paix, sécurité, stabilité et prospérité» restent ouvertes aux autres organisations de toutes obédiences politiques pour participer à la construction du pays dans le cadre de la concrétisation de la feuille de route tracée par le président de la République pour l'horizon 2020-203», selon M. Ould Abbès. A l'heure de sa création, cette coordination regroupe l'Union nationale des étudiants algériens (UNJA), l'Alliance pour le renouveau estudiantin national (AREN), l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA), la Ligue nationale des étudiants algériens (LNEA), l'Organisation nationale de solidarité estudiantine (ONSE) et Solidarité nationale estudiantine (SNE). Dans son message avant-hier à l'occasion de la journée nationale de l'étudiant, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a désavoué l'initiative du patron du FLN en appelant à la préservation de l'Ecole et de l'Université des conflits d'intérêts, d'idéologies ou de compétition politique. «L'Ecole et l'Université ne sont ni un terrain de conflits, ni un espace d'intérêts, d'idéologies ou de compétition politique. Tout un chacun doit respecter le campus universitaire d'autant qu'il s'agit de l'avenir de nos générations futures», a écrit le président Bouteflika dans un message lu en son nom par le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, lors de la cérémonie officielle de célébration de cette journée organisée à Tipasa. Ce message présidentiel sonne comme un désaveu du secrétaire général du FLN qui veut mobiliser l'université au service de sa cause. En 2015 déjà, l'ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait interdit les rencontres et les activités au sein de l'université et toutes ses structures. «Les responsables d'institutions de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique sont instruits d'interdire toute activité politique au sein des établissements universitaires», avait écrit le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur dans une note, invoquant une instruction du Premier ministre. «Conformément à l'instruction du Premier ministre, nous portons à la connaissance des chefs d'établissements universitaires que les activités partisanes organisées au sein de ces institutions contredisent le caractère fondamental des dits établissements et les missions à qui elles sont vouées», ajoutait le même responsable. Une décision qui a été dénoncée par la classe politique. Le débat actuel sur l'université intervient dans un contexte où des professeurs et chercheurs universitaires dans le domaine des sciences humaines et sociales tirent la sonnette d'alarme. Des dizaines d'entre eux, issus de plusieurs universités du pays, ont annoncé récemment la création d'un Collectif autonome de chercheurs et enseignants pour la défense et la promotion de la recherche en sciences humaines et sociales (CASHS). Ils ont décrit une situation peu reluisante de l'université qui ne cesse de régresser. «A l'image de l'Ecole, base de notre système de formation, les secteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche vivent depuis plusieurs années un processus de régression qui les enfonce d'une manière inexorable dans une crise multiforme grave», ont-ils affirmé.