Il y a 12 ans, Othamane Bali était emporté par les crues d'un oued dans le Tassili N'âjjer, dans la région qui l'a vu naître en 1953. Le chanteur était sorti du lot en réussissant à exporter la chanson targuie vers l'étranger. Othmane Bali qui est parti assez jeune a réussi durant sa carrière à brûler les étapes en sortant du lot. Le chanteur aura eu le mérite non seulement d'avoir fait sortir la musique et la chanson targuie du fond du Sahara où elle a toujours existé pour la faire connaître aux algériens des villes du nord, mais aussi à l'exporter vers l'Europe, l'Amérique et le Japon. En effet, Othmane Bali a appris les rudiments de la musique et de la chanson auprès de sa mère avant de porter sa voix et celle de sa région à travers les différentes villes d'Algérie et du monde avant de mourir dans le Tassili N'âjjer qui l'a vu naître et grandir. Othmane Bali qui avait défié la tradition du Tassili en devenant le premier homme à jouer de l'Imzad, ce violon traditionnel à un seul fil réservé exclusivement aux femmes et que l'association Sauvons l'Imzad a réussi à sauvegarder, avant de devenir un virtuose du ôud et le premier chanteur à faire connaître et exporter la musique targuie. Une grande culture Après s'être imposé dans sa région, le grand artiste qui a toujours gardé son habit traditionnel a décidé d'aller plus loin en sillonnant le monde et en donnant des concerts dans les plus grandes villes, notamment en France et en Allemagne, où ses enregistrements étaient très demandés. Il avait donné des concerts au Canada, aux Etats-unis et au Japon. Le chanteur qui avait fait découvrir le tindé à travers le monde avait collaboré avec les plus grands musiciens. Il avait donné un concert enregistré en live à Caracas (Venezuela) en compagnie du bassiste et percussionniste américain Steeve Shehan comme il avait collaboré avec le groupe de jazz italien Vincenti. Malgré le grand succès, Othmane Bali a gardé les pieds sur terre et est resté attaché à sa ville natale Djanet. Ce véritable homme de culture qui était chirurgien à l'hôpital de Djanet avant de se consacrer à la musique avait déclaré dans une interview accordée au journaliste et écrivain Belkacem Rouache : «Moi, je n'ai pas un autre pays en échange, mon unique pays, c'est ma terre nourricière : c'est l'Algérie», avant d'ajouter : «Ma mère est poétesse et chanteuse en targui. Pour moi. J'ai appris cet art en étant fœtus. D'ailleurs le premier son que l'enfant entend, c'est celui de sa mère». Cet artiste qui était déjà connu à Djanet et sa région fut découvert par le grand public dans l'émission Mosaique de la télévision algérienne en 1978. Ce passage a été le grand virage dans la carrière de cet artiste qui deviendra une véritable institution de la musique targuie. Des jeunes suivent sa voie Né en mai 1953, de son vrai nom M'barek Athmani, Othmane Bali est parti trop tôt mais a tracé la voie à de jeunes chanteurs dont son fils Nabil. De nombreux chanteurs et chanteuses ont réussi à suivre une carriere d'artiste en reprenant ses chansons, notamment Demâa Demâa et Amine Amine. Ceux qui ont eu l'occasion de visiter Djanet ont rencontré de jeunes chanteurs et sont revenus tous en fredonnant des succès qui font fureur dans cette ville du sud du pays telles que Djani Djani, un tube que les chaînes de radio et télévision devraient diffuser pour montrer que la voie tracée par Othmane Bali est bien suivie par les nouvelles générations de chanteurs touareg.