Organisée par l'ambassade d'Espagne et l'Institut Cervantes d'Alger en collaboration avec le ministère de la Culture, «la conférence annuelle sur Miguel Cervantes» qui s'est tenue, hier matin, à la bibliothèque nationale d'El Hamma à Alger, a permis de mettre en exergue différents aspects de la personnalité de l'écrivain. La rencontre sur le romancier Miguel Cervantes organisée, hier, à la bibliothèque nationale d'El Hamma à Alger a vu la participation de nombreux spécialistes espagnols, algériens et internationaux dont l'hispaniste japonais Norio Shimizu, considéré comme l'un des spécialistes les plus connus de la littérature espagnole. Norio Shimizu est aussi professeur émérite à l'université de Waseda et à l'université Sophia de Tokyo. L'hispaniste Chafik Benafri, chef de département de langues orientales et slaves à l'université d'Alger II ainsi que l'hispaniste algérien Mohamed Salah Mounir ont également pris part à cette rencontre. Intervenant sur «l'universalité du Quichotte» en mettant l'accent sur ses années passées à Alger, le japonais Norio Shimizu s'est étalé dans sa communication dans un enrichissant dialogue avec l'hispaniste Mohamed Salah Mounir. Ces deux spécialistes sont revenus entre autres sur les nombreux écrits connus et reconnus de Cervantès, ceux perdus dans le temps, sur les traductions de son œuvre majeure L'Ingénieux Hidalgo «Don Quichotte» de la Manche, mais aussi sur le soldat et le captif qu'était ce romancier, poète et dramaturge espagnol. Les deux spécialistes ont mis l'accent par la suite sur la patrie paternelle de Cervantes (son lieu de naissance), qui reste selon certains inconnue «même s'il naquit le plus probablement à Alcala de Henares en Espagne». L'Islam De son côté, l'hispaniste Chafik Benafri évoquera dans sa communication «Alger à l'époque de Cervantes». Ce chef de département de langues orientales et slaves à l'université d'Alger II s'est étalé sur ce qu'a pu apporter Alger à Cervantes. Il dira en ce sens que Cervantès qui ne s'était pas reconverti à l'Islam avait néanmoins une grande connaissance de la religion musulmane car «il avait côtoyé beaucoup de musulmans à cette époque, mais aussi des convertis et des renégats», a-t-il indiqué. Benafri dira ensuite : «il est important de souligner le terme – Captif – car c'est ce qu'était Cervantes durant les cinq ans qu'il avait passés à Alger et dont il essayera à quatre tentatives, de s'échapper.» Dans les écrits européens modernes, on ne parle pas de captifs, mais d'esclaves. Et même plus que cela puisque l'on parle de l'Algérie et du Maroc comme étant la plaque tournante de l'esclavage européen de cette époque alors que ce qui faisait le commerce triangulaire de l'esclavage à cette époque étaient l'Espagne et le Portugal. Bien sur ceci est faux car c'était des allégations émanant de l'église chrétienne et dont le seul but était d'assurer une rente financière de la part des sociétés européennes qui ne connaissaient pas la réalité de la situation outre mer….. Les captifs d'Alger Par ailleurs, l'intervenant est revenu sur le nombre de captifs avancé à l'époque et qui selon, les voyageurs qui venaient à Alger à cette époque, était de 25.000 captifs. «La réalité en est loin. En effet, il y avait ni vingt mille ni trente mille captifs européens sur le sol algérien puisque l'espace algérien de l'époque ne pouvait contenir un tel nombre... On sait très bien grâce aux archives que nous avons que le nombre correct ne pouvait dépasser trois ou quatre mille captifs européens», a t-il indiqué. En outre, les intervenants à cette rencontre ont été unanimes à dire que la période de captivité du père du roman moderne à Alger lui avait permis de voir une Algérie ouverte et cosmopolite où différentes langues et religions cohabitaient ensemble. Chose qui, selon ces spécialistes a poussé Cervantes à dire que «l'Algérie était un exemple à suivre pour les peuples du monde dans la cohabitation, la tolérance, le dialogue et le vivre ensemble».