Les électeurs du Mali ont voté hier pour un scrutin présidentiel censé relancer l'accord de paix de 2015. Prés de 8, 5 millions d' électeurs du Mali, pays comptant une vingtaine d'ethnies, doivent décider de reconduire le président Ibrahim Boubacar Keïta, ou élire un de ses 23 concurrents, dont le chef de l'opposition, Soumaïla Cissé et une seule femme, Djeneba N'Diaye. La communauté internationale, présente militairement avec la force française Barkhane après l'opération Serval lancée en 2013 contre les jihadistes et avec l'ONU, attend du vainqueur une relance de l'accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards. L'accord d'Alger de 2015 paraphé par le gouvernement du Mali et les touaregs du CMA pour la paix et la réconciliaition au Mali, dans le but de la relance de l'économie dans ce pays, connait des retars dans sa concrétisation. L'Etat du Mali et les touaregs ont été confrontés aux terroristes d'AQMI qui ont revendiqué de nombreuses attaques dans le nord du Mali. L'accord de paix permet la lutte contre les terroristes, la relance de l'économie et les négociaitions de paix. Les terroristes ont tenté d'empecher la concrétisation de l'accord par la perpetration d'attaques. L'election présidentielle d'hier peut relancer la concrétisation de l'accord. Le gouvernement du Mali et l'Azawad ont exprimé leur détermination à concrétiser la paix, mais les terroristes tentent encore la relance des attaques. Il y a quelques jours, le CMA a réaffirmé son attachement au respect des engagements pris avec les autres parties dans le cadre de la mise en œuvre de l'Accord et appellé à sa concrétisation. En 2018, les Maliens doivent prouver que le processus démocratique est irréversible, a affirmé le chef de la mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, encourage tous les acteurs politiques maliens à s'engager à faire de ce scrutin un processus pacifique, libre et transparent, et à recourir aux institutions prévues à cet effet en cas de litiges. L'opposition a fini par s'entendre samedi avec le gouvernement pour participer au scrutin malgré ses réserves sur le fichier électoral. Le nord du Mali était occupé en 2012 par Al-Qaïda, et une action militaire a été lancée par la France en 2013. La Minusma a environ 12.500 militaires et policiers au Mali pour maintenir la paix. Les détails de l'élection présidentielle Au Mali, l'élection présidentielle a eu lieu hier. Prés de 8, 5 millions d'électeurs du Mali ont été appelés aux urnes. Les 23 041 bureaux de vote sont restés ouverts de 8h à 18h heures locales. Avec 24 candidats en lice, les deux principaux challengers restent, comme en 2013, Ibrahim Boubacar Keita, l'actuel président, candidat à sa succession, et Soumaïla Cissé, le chef de file de l'opposition. Mais d'autres candidats pourraient créer la surprise, comme l'ancien Premier ministre Cheikh Modibo Diarra ou le riche homme d'affaires Aliou Diallo. 8 millions 462 électeurs sont appelés à se prononcer ce dimanche, mais les bureaux de vote seront-ils tous ouverts ? Lors des deux dernières élections en 2013 et 2016, ce n'était pas le cas, selon la Minusma, la mission de maintien de la paix. Et depuis, la situation sécuritaire s'est dégradée. Les 140 000 réfugiés de la crise malienne sont également appelés à voter. A Mbera en Mauritanie, des bureaux de vote ont été ouverts à proximité du camp. Mais d'autres réfugiés comme au Niger par exemple devront se rendre à l'ambassade dans la capitale pour voter, selon la Commission nationale des réfugiés du Mali. Une fois toutes les voix rapatriées et compilées à Bamako, les résultats provisoires devront être proclamés dans un délai de 5 jours après la date du scrutin selon la loi électorale. «Tout se passera bien, c'est cela qu'on espère. On ne veut plus de problèmes au Mali. Hier, environ 6 000 observateurs internationaux et nationaux suivaient le premier tour de l'élection présidentielle au Mali», selon la Commission électorale nationale. Des organisations internationales comme la Cédéao, l'Organisation internationale de la francophonie, l'Union africaine ou l'Union européenne ont envoyé des observateurs. La société civile malienne sera également sur le terrain. Mais ces observateurs étant inégalement déployés sur le territoire, ils seront moins nombreux dans les foyers d'insécurité au centre et au nord. Parmi les nationaux, la COCEM, la coalition de 5 associations de la société civile malienne, est celle qui regroupe le plus d'observateurs : 1 160 au total répartis proportionnellement en fonction du nombre d'habitants dans tous les cercles et les régions du Mali. C'est la seule mission nationale à avoir réparti des observateurs sur toute l'étendue du territoire. Au-delà de cette coalition, tous les nationaux suivront le déroulé du vote. Mais la loi électorale ne les autorise pas à suivre la partie la plus sensible : la compilation des voix. Contrairement aux observateurs internationaux qui, eux, sont autorisés à suivre cette étape. Mais ils sont moins nombreux que les nationaux : une cinquantaine pour l'Union africaine, 171 pour la Cédéao, une centaine pour l'Europe tandis que l'OIF reste discrète sur la composition de ses équipes. Ces missions d'observation internationales n'iront pas partout. Si les grandes villes au centre et du nord comme Mopti, Gao ou Tombouctou seront en majorité suivies, ni Kidal ni Ménaka ne devraient avoir d'observateurs internationaux.