Réussir la rentrée scolaire est le défi de la ministre de l'Education nationale. Nouria Benghabrit tiendra, aujourd'hui et demain, deux réunions marathon. La première ce matin, au lycée d'enseignement des mathématiques à Kouba, avec les cinquante directeurs de wilaya de l'éducation, une autre élargie demain, lundi, aux partenaires sociaux, syndicats et associations des parents d'élèves, au siège de son département. Alors que les élèves sont attendus aux bancs des classes le 5 septembre prochain, après leurs enseignants qui eux, devront reprendre le 2 du même mois, la rentrée scolaire intervient aujourd'hui pour le personnel administratif exerçant au niveau des établissements. Mais, ce n'est pas une rentrée comme toutes les autres, d'autant qu'elle intervient dans un contexte particulier sur différents plans politique, économique et social. Nouria Benghebrit devra gagner dès ce lundi, la confiance des dix syndicats du secteur et les deux associations des parents d'élèves, pour s'assurer du bon déroulement de l'année scolaire 2018-2019. La grève du syndicat Cnapeste, durant la précédente année scolaire, est encore dans les mémoires. Mais, ce n'est pas chose facile, dans la mesure où les syndicats prévoient d'ores et déjà, de se réunir au courant du prochain mois pour évaluer la rentrée, et décider de la conduite à adopter. Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), n'y va pas par trente six chemins. «On ne marche pas sur la pression», avertit-il. Certes, les syndicats sont là «pour défendre l'intérêt suprême de l'école», nous dit-il. Mais, sans oublier ni se détourner de «la défense régulière et continue des intérêts des travailleurs», insiste M. Amoura, Joint hier par téléphone. «Nous sommes dans une intersyndicale, et nous allons prendre les décisions qui s'imposent», ajoutera-t-il, parce que «les problèmes il y en a». (Voir entretien). Le secrétaire général du Satef estime que la réunion de demain «intervient en retard», car pour lui, «l'année scolaire devrait se préparer au mois de juin, c'est-à-dire au début des vacances d'été». Un retard qui fait qu'à présent, la tutelle se retrouve face à de multiples problèmes, qu'elle devra gérer à la fois, et en un temps très record. L'on parle surtout du livre scolaire, de la gestion des cantines, du programme scolaire pour certains paliers, ajouté au manque de personnel, notamment en enseignants et directeurs. Sur le plan politique, l'année scolaire 2018-2019 intervient à la veille d'une élection présidentielle cruciale. D'où l'enjeu pour la ministre, Nouria Benghebrit, de maintenir l'école en dehors de l'exploitation politicienne, en s'assurant que le programme se déroule sans perturbation, qui pourrait éventuellement pousser les uns et les autres à impliquer l'école dans les débats de campagne, voire de précampagne. Le contexte économique est aussi à prendre en compte pour cette rentrée, surtout que l'intersyndicale fait du pouvoir d'achat l'une des questions défendue dans sa plateforme de revendications. A cela, s'ajoute un invité surprise de dernière minute : il s'agit de l'épidémie de choléra qui touche actuellement à 4 wilayas de l'Algérie (Blida, Alger, Tipasa et Bouira). Un problème qui n'est pas sans conséquences sur la rentrée, maintenant que l'affolement a gagné les foyers. Le risque est en effet plus grand en milieu scolaire. Ce qui pousse Boualem Amoura à suggérer le report de la rentrée dans les wilayas concernées. «Nous allons soumettre cette proposition à la ministre lors de la réunion, car si la situation n'est pas maîtrisée dans ces wilayas, il ne faut surtout pas prendre de risques», soutient-il. C'est dire que la rentrée n'est pas vraiment de tout repos pour la ministre, dont la gestion est cible de tirs groupés d'un certain cercle connu.
