La rentrée sociale ne sera pas de tout repos pour le gouvernement d'Ahmed Ouyahia. L'Exécutif déjà sous pression depuis quelques jours à cause de la propagation de l'épidémie de choléra qui a mis en alerte plusieurs départements ministériels devra aussitôt faire face à la colère du front social. La fièvre travailleuse monte déjà d'un cran et des grèves sont annoncées dans les secteurs traditionnellement revendicatifs. Dans l'éducation et la santé, différentes catégories montent au créneau pour réclamer la prise en charge de leurs doléances. Ceci, en plus de l'Intersyndicale regroupant une quinzaine d'organisations autonomes, qui devra se réunir le 8 du mois courant pour décider d'un plan de bataille. Si Nouria Benghebrit a tout fait pour réussir la rentrée scolaire de ce mercredi 5 septembre, elle devra affronter le retour à la charge des intendants affiliés au syndicat Unpef (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation). Leur Commission nationale annonce une grève d'une semaine à partir du 9 jusqu'au 13 du mois en cours, pour protester contre «la marginalisation» dont ils sont victimes. Des sit-in de protestation seront organisés mardi à travers les wilayas. Les intendants dénoncent leur «exclusion» de la dernière grille des salaires des travailleurs du secteur. Dans la santé, le ministre de tutelle, le Pr Mokhtar Hasbellaoui qui se trouve sous les projecteurs avec le dossier du choléra et toute la cacophonie en termes de communication et déclarations contradictoires qui en découlent, est rattrapé par «le feuilleton» des médecins résidents. Le collectif de ces derniers, le Camra, organise aujourd'hui un rassemblement devant le siège du ministère pour protester contre «le mutisme et les promesses non tenues» des deux ministères (Santé et Enseignement supérieur). Les médecins résidents ayant mené une historique grève de huit mois l'avaient pour rappel suspendue après des promesses de dialogue du Pr Hasbellaoui. «Nous avons été ébranlés par le silence et le mépris par lesquels a été accueillie notre initiative», regrette le Camra dans un communiqué. Aujourd'hui, il réclame la réouverture du dialogue pour «l'application» des points accordés dans le PV de la réunion du 10 avril 2018 et du nouveau zoning proposé par le ministère de la Santé en date du 18 avril dernier pour la nouvelle promotion d'assistants de juillet 2018. Le Camra veut aussi, entre autres, «une session de rattrapage pour les candidats ajournés au DEMS, la réintégration des résidents exclus, le remboursement des ponctions et le gel anarchiques sur salaires». Ingrédients d'explosion ? Certes, les deux secteurs ont des responsables. Mais c'est tout l'Exécutif Ouyahia qui sera ébranlé par cette montée de colère qui frappe à la porte, surtout qu'elle coïncide avec la rentrée politique et l'ouverture demain de la session parlementaire. Les parlementaires de l'opposition ne manqueront certainement pas, dans les jours à venir, d'en faire les porte-voix. Face à la crise économique et ces répercussions, malgré une remontée des prix du pétrole ces derniers jours (77 dollars le baril), le gouvernement sera mis à rude épreuve. La détérioration du pouvoir d'achat des Algériens, causée par la dévalorisation de la monnaie nationale, ne peut qu'accentuer l'exacerbation sociale. Certains observateurs n'hésitent pas à mettre en garde contre «une explosion sociale» dont les ingrédients sont, selon eux, «réunis». Cette rentrée sociale, enfin, n'est pas comme les précédentes. Elle intervient à quelques mois d'une échéance électorale importante : la présidentielle de 2019. C'est pourquoi la pression est plus importante qu'avant sur le gouvernement dont le rôle est de tout faire pour maintenir «la paix sociale», en d'autres termes, les conditions idéales garantissant la réussite de ce rendez-vous. Par quels miracles Ahmed Ouyahia et son équipe procéderont-ils ? Lorsque l'on sait que la CNR est déficitaire de 580 milliards de dinars, il y a de quoi être inquiet ...