Complexe thermal de Hammam Bouhanifia La caisse d'assurance de l'armée nationale populaire (ANP) et celle de la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) auraient été escroquées durant près de dix ans par le complexe thermal de Hammam Bouhanifia relevant de l'entreprise de gestion touristique de Tlemcen (EGTT). Pour mettre toute la lumière sur cette grave affaire qu'une commission d'enquête de l'ANP a été dépêchée, ce lundi, à Hammam Bouhanifia où elle a procédé à une vaste enquête. Ce sont les grands écarts dans les facturations ou les surfacturations par rapport au nombre du personnel et leur durée de cures médicales qui ont intrigué les responsables de la caisse d'assurance de l'ANP et celle de la DGSN. Les deux caisses sont conventionnées avec la direction du complexe thermal de Hammam Bouhanifia pour les cures médicalisées de leur effectif. Selon les sources proches de l'enquête «les préjudices financiers seraient de plusieurs dizaines de millions de dinars» et les investigations menées par les enquêteurs ont réussi à mettre la lumière «sur les stratagèmes utilisés par certains responsables de l'hôtel ‘Béni-Chougrane', un établissement dépendant du complexe thermal et où séjournaient les curistes pris en charge par les deux caisses». Après avoir entendu tous les curistes et leurs réels séjours et les confondre avec les facturations du complexe thermal que les responsables des deux caisses, notamment celle de l'ANP, qu'il a été élucidé cette escroquerie. D'où l'envoi d'une équipe d'enquêteurs sur les lieux. Selon les cadres du complexe thermal et nos sources proches de ladite commission d'enquête «tout a été passé au peigne fin et il a été découvert le stratagème tout comme les auteurs de cette vaste escroquerie». Surfacturations… Il s'est avéré, selon les enquêteurs, que «les responsables de l'hôtel ‘Béni-Chougrane' tout comme ceux du complexe profitaient de l'absence et la non-présentation de certains curistes ou de ceux qui n'achèvent pas la durée de leur cure pour les faire remplacer par d'autres personnes à qui on leur vendait le séjour à des prix abordables». Après on facture le tout aux caisses de l'ANP et de la DGSN après avoir empoché la différence. C'est tout un stratagème qui a été mis en place avec la complicité à tous les niveaux. Selon l'enquête, toujours en cours, «des personnes ont été débusquées et entendues et ont été interrogées sur l'origine de leurs biens». Il a été constaté que certaines personnes mises en cause dans cette affaire «vivaient largement en dessus de leurs salaires mensuels». Les enquêteurs de l'ANP ont épluché toutes les prises en charge depuis l'année 2011 à 2017 et ils se sont étonnés du fait de «la disparition des archives comptables de toute cette période liées aux curistes de l'ANP» et que tous les «registres de l'hôtel Béni-Chougrane soient mystérieusement disparus». Devant cet état de fait «on a accusé certaines personnes parties à la retraite d'être à l'origine de cette affaire» sauf que certains cadres intègres interrogés par la commission d'enquête ont pointé «des responsables toujours en postes et qu'ils gèrent l'établissement à leur guise». Tout au long de l'enquête les langues se déliaient et on n'hésitait pas à pointer du doigt certains «syndicalistes» plus précisément le «chef de la section syndicale qui s'attribue le rôle de vrai patron du complexe et qui est à l'origine de toute cette escroquerie avec la complicité à tous les niveaux». Les cadres ont affirmé aux enquêteurs que «le responsable de la section syndicale se fait réserver tout au long de l'année une suite à l'hôtel en plus de sa totale prise en charge et qu'il touchait un salaire de 14 millions de cts et des primes variables de 15 à 50 millions de cts tous les trois (03) mois» et d'affirmer «que ce dernier est à l'origine de l'expulsion forcée du directeur du complexe après que ce dernier commençait à éplucher les dossiers sensibles de la gestion antécédente». Sitôt les enquêteurs sortis de l'établissement, le chef de la section syndicale s'est précipité à convoquer toutes les autres sections syndicales des unités de l'EGTT. Que cache ce soutien ? Avant même que les enquêteurs n'achèvent leur mission, les sections syndicales se sont réunies pour «apporter leur soutien indéfectible au directeur général de l'EGTT dans une motion signée». L'ensemble du personnel, non affilé au syndicat, ont vu là «un signe de culpabilité et une diversion pour tenter d'influencer les enquêteurs». Sauf que d'après la commission d'enquête «les preuves sont accablantes et que la justice va être saisie». A les entendre «beaucoup de têtes vont tomber» et que le dossier d'enquête va «être transféré aux services compétents pour le traiter pénalement car le préjudice financier est énorme». L'on apprend que les enquêteurs vont se rendre ce jeudi à Tlemcen pour entendre le directeur général de l'EGTT qui était à l'époque directeur du complexe thermal de Hammam Bouhanifia. Par ailleurs, ayant été informé de cette enquête, le président directeur général du groupe tiendra ce jeudi un conseil d'administration extraordinaire. L'information a été confirmée par l'ensemble des directeurs d'unités relevant de l'EGTT et l'on apprend aussi que le président du conseil d'administration de ladite entreprise a déposé sa démission. Les causes, selon ses proches, sont «la mauvaise gestion de l'entreprise qui est actuellement en totale faillite à cause des retards dans le programme de réhabilitation et de modernisation de l'ensemble des unités, notamment les hôtels ‘Al forsane' de Saïda , la ‘Tafna' de Maghnia et ‘Hammam Bouhadjar' pour lesquels une enveloppe de 400 milliards de cts leur a été allouée et que l'hôtel ‘les Zianides' de Tlemcen est confronté aux énormes difficultés de remboursement de sa dette contractée auprès de la banque». Tous les cadres s'interrogent sur «le rôle du contrôleur de la gestion qui touche un salaire de 24 millions de cts et son manquement à sa mission». Toujours est-il, cette nouvelle grave affaire vient d'éclabousser l'EGTT en proie déjà à plusieurs affaires liées à sa gestion.