Après les partis politiques de l'opposition, c'est le monde syndical qui joint sa voix aux slogans des marches populaires contre le cinquième mandat que veut briguer Abdelaziz Bouteflika et pour le changement du système. L'intersyndicale autonome de différents secteurs de la Fonction publique et du secteur économique a exprimé son soutien aux manifestations qui se poursuivent depuis le 22 février dernier, appelant les autorités à respecter la volonté populaire. Les 13 syndicats autonomes membres de l'Intersyndicale ayant tenu, jeudi, une réunion extraordinaire «pour débattre de la situation actuelle que vit le pays», ont réitéré leur «engagement en faveur d'une Algérie démocratique respectueuse de la volonté populaire, une Algérie des libertés publiques et individuelles, une Algérie de la justice sociale et des institutions légitimes et fortes». À partir de ces principes, l'intersyndicale dont la demande d'agrément pour la création d'une Confédération des syndicats algériens (CSA) a été refusée par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, a appelé les autorités à «réunir toutes les conditions qui permettent l'expression pacifique du mouvement populaire en cours». De même qu'elle a insisté sur «la nécessité du respect de la volonté populaire qui s'exprime dans un cadre pacifique», comme l'on pouvait le lire dans un communiqué sanctionnant sa réunion. Les membres de l'intersyndicale n'omettront pas à l'occasion de «dénoncer la répression et les arrestations qui ont touché les étudiants, les journalistes, les activistes politiques et les défenseurs des droits de l'homme» durant les marches populaires, s'élevant «contre toute violence d'où qu'elle vienne». Elle avertit, à cet effet, sur «les conséquences qui peuvent naître de toute tentative d'avorter les initiatives pacifiques». Pour l'intersyndicale autonome, «manifester dans un cadre pacifique est un droit constitutionnel». C'est pourquoi il revient aux «hautes autorités du pays de protéger et de sécuriser les manifestants en leur réunissant les conditions pacifiques de manifestation». à défaut, elle tient pour «responsables» les pouvoirs publics «de tout musellement des libertés, de toute violation des lois de la République et de faire prévaloir la force sur la loi». Des dépassements qui, mettent en garde les rédacteurs du communiqué, «mènent vers l'explosion sociale et menacent la stabilité et la sécurité du pays». Cette prise de position n'est seulement pas un coup du hasard, puisque dans l'exposé des motifs, l'intersyndicale revient sur les conditions que vivent les travailleurs en Algérie et la politique appliquée en matière sociale. De prime abord, elle «rejette les orientations du pays qui remettent en cause l'Etat social et les acquis des travailleurs, tout comme la politique d'étouffement des libertés syndicales». La même organisation dénonce en outre la politique des gouvernements successifs qui, pour elle, «est la cause de la grave détérioration du pouvoir d'achat», non sans exprimer «sa foi en la consécration du doit de manifestation et de rassemblement» dans le cadre de la loi, et «sa demande pour le respect de la Constitution et des lois de la République». L'intersyndicale a décidé enfin de laisser sa réunion ouverte dans le souci de «suivre le développement des événements». Les treize syndicats autonomes qui forment l'organisation sont le Cnapeste, l'Unpef, le Snapeste, le Cla, le Satef, le Snte de l'éducation, le Snpsp de la santé, le Snap de la Poste, le Sntfp de la Formation professionnelle, le Cnes de l'enseignement supérieur, le CNII (imams), le Snvfap (vétérinaires) et le Sntma (techniciens de maintenance).