Après cinq jours de compétition des films en lice, au Festival culturel national du film amazigh (FCNFA) qui se tient à Tizi Ouzou, le temps est aux bilans et appréciations. Les professionnels estiment que cette nouvelle édition du FCNFA n'a connu aucune particularité, mais a permis aux professionnels du 7e art de donner leur regard et leur réflexion pour le développement du cinéma amazigh. Il a aussi permis aux jeunes réalisateurs et cinéastes de démontrer leur travail cinématographique, quelle que soit la qualité de sa production, et de les encourager d'améliorer leurs techniques cinématographiques. Pour Salim Aggar, directeur général du Centre algérien de la cinématographie, «sur les 23 films ayant concouru pour décrocher l'Olivier d'Or, il y'a une dizaine d'une qualité professionnelle de haut niveau, et qui pourront être projetés dans les manifestations internationales. Alors que le reste de films reste une expérience pour les réalisateurs». Certes, qu'il y a manque d'esprit, de technicité et de créativité dans certains films, mais je salue le commissariat du festival, qui ont donné une chance pour ces jeunes cinéastes», a-t-il dit. Manque de moyens financiers Aggar a avoué que la régression de la qualité des films cinématographiques en langue amazigh, est due essentiellement au manque de moyens financiers dont disposent les producteurs et les scénaristes, mais aussi aux problèmes techniques auxquels ils sont confrontés, puisque le cinéma a besoin d'une équipe technique qui a pour mission de veiller sur cette qualité, en l'occurrence un directeur photo, un ingénieur du son et un monteur, a-t-il expliqué. D'après lui, il y a des long-métrage projetés lors de ce Festival qui sont produits à seulement 60 millions de centimes, ce qui est totalement dérisoire pour ce genre de travail qui nécessite assez de moyens. Il a affirmé que cette enveloppe ne suffira même pas pour produire un court-métrage. «Il y a une ambition de production de la part des cinéastes, mais malheureusement, ils ne disposent pas de moyens financiers», regrette t-il. Pis encore, beaucoup de producteurs et réalisateurs ne suivent pas le circuit de production, notamment pour saisir le FDATIC et le ministère de la culture. «Il y a des producteurs qui produisent leurs films dans des boites de production entre amis. Alors que la mise en place d'une société de production, composée de professionnels du métier, est impérativement essentielle». Le DG du Centre algérien de la cinématographie a mis l'accent sur la nécessité de la mise en place d'un plan, visant l'amélioration des conditions de travail de ces jeunes cinéastes et producteurs. Ces dernières années, dira-t-il, il y a beaucoup d'amateurisme dans le 7e art. Quant au constat qu'il a fait lors de ces dernières éditions du festival du film amazigh, Aggar a souligné que les réalisateurs et les scénaristes préfèrent produire des films documentaires, parce' qu'ils ne demandent pas assez de moyens financiers, en s'éloignant des longs-métrage qui nécessitent beaucoup de moyens financiers. En revanche, les courts métrages sont présents lors de ces manifestations, parce qu'ils sont produits par des jeunes talents qui n'ont pas assez de moyens. Il a précisé que malgré ces insuffisances, les scénaristes produisent des documentaires originaux, qui répondent aux normes internationales et aux thématiques originales des militants de la cause identitaire berbère. La cinémathèque de Tizi-Ouzou sera dotée du numérique Réagissant sur certaines critiques émanant du public sur l'usage du kabyle truffé, qui a dominé le scénario de la quasi-totalité des films projetés durant ce festival du film amazigh, Salim Aggar a affirmé que la langue ne peut pas influencer sur le produit cinématographique, mais le plus important, c'est que la culture amazighe apparaisse dans ce film. Par ailleurs, le DG du Centre algérien de la cinématographie a annoncé que la cinémathèque de Tizi-Ouzou sera incessamment dotée de nouveaux projecteurs numériques, et qui entre dans le cadre du programme visant l'équipement de salles de cinéma du pays avec de nouvelles normes de projection numérique. A la première mission après mon installation à la tête du Centre algérien de la cinématographie, c'est de doter la cinémathèque de Tizi-Ouzou et celles d'Alger avec ces projecteurs numériques. On doit s'équiper de nouveaux projecteurs pour diffuser les derniers films», a-t-il dit. Il a saisi cette même occasion pour rendre hommage aux cinéastes qui se sont engagés dans la cause identitaire et culturelle amazighes, en citant Abderrahmane Bouguermouh, Belkacem Hadjadj, Azeddine Meddour, Ali Mouzaoui et Amor Hakkar.