Que cherchent les islamistes? Le risque de voir le futur élu maintenir le système hyperprésidentialiste actuel ne semble pas préoccuper ces formations. Les partis islamistes en particulier et des partis regroupés sous la dénomination «Forces du changement en soutien au choix du peuple», dont fait partie Talaie El Hourriyet se montrent réfractaires à l'idée de sortir du cadre constitutionnel. Et contrairement à l'autre partie de l'opposition, ils s'inscrivent en porte-à-faux contre la proposition liée à l'élection de l'Assemblée constituante ou l'organisation des législatives et l'élaboration d'une nouvelle Constitution avant la présidentielle. Ce groupe de partis dominé par des formation islamistes El-Adala, MSP, El-Bina...) s'estime prêt pour la présidentielle à l'issue d'une courte transition. Le risque de voir le futur élu maintenir le système hyperprésidentialiste actuel ne semble pas préoccuper ces formations. Dans son contexte, Abdellah Djaballah estime nécessaire l'introduction d'amendements dans la Constitution actuelle afin «d'assurer l'équilibre des pouvoirs en réponse aux revendications du peuple et pour empêcher toute possibilité de retour de la dictature». A travers cette stratégie, ces partis tenteraient une offre de service au chef d'état-major, le nouveau détenteur du pouvoir de fait, après le départ forcé du chef d'Etat déchu, Abdelaziz Bouteflika. Très à cheval sur leur combat d'arrière-garde, ils se proclament «novembristes» en cette période sensible de la révolution en marche et se réclament de la doctrine du cheikh Abdelhamid Ben Badis. On reproche à ces formations islamistes de vouloir rayer le congrès de la Soummam de leurs références historiques. Pour eux, les décisions de cet acte fondateur de l'Etat algérien, ont remis en cause le caractère islamique des futures institutions politiques de l'Etat. Dans ces conditions, il sera difficile aux acteurs politiques de l'opposition de dégager une feuille de route consensuelle. En réaction au discours du chef d'état-major, le chef du parti El-Adala a appelé au report de l'élection présidentielle prévue le 4 juillet prochain et à la mise en place d'une «courte transition». Il a préconisé pour «la solution à la crise actuelle réside dans l'application de l'article 7 de la Constitution et la mise sur pied des mécanismes devant permettre l'application des dispositions de cet article». Abdellah Djaballah propose une courte transition ne dépassant pas les six mois. Il précise que «sa proposition est différente de celle des partisans de la France, qui exigent la convocation d'une Assemblée constituante». Cette transition serait dirigée par une présidence collégiale ou individuelle qui serait investie des prérogatives présidentielles. Le rôle de l'institution militaire se limite «à accompagner l'instance présidentielle, loin de toute interférence, toute contrainte ou entrave».Quant au MSP, il propose «la tenue de l'élection présidentielle à l'issue d'une courte période de transition qui ne dépassera pas six mois à compter de maintenant». L'ex-Hamas, appelle au report de la présidentielle du 4 juillet pour une durée ne devant pas dépasser six mois, après le remplacement des «B» rejetés par le peuple et la mise en place d'une commission indépendante d'organisation des élections. Dans un communiqué sanctionnant les travaux de la réunion de son bureau exécutif, tenue mardi dernier, le MSP met en garde contre «toutes formes de clivages idéologiques ou partisans» et contre «tout ce qui est susceptible de semer divisions et animosités entre Algériens», en appelant à éviter «tout comportement susceptible de créer des tensions dans les différentes marches populaires».