La classe politique et des personnalités de la société civile n'ont pas tardé à réagir au discours de Gaïd Salah, qui s'est exprimé lundi depuis Ouargla, sur la situation politique du pays. Ali Benflis, président du parti Talaï El Hourriyet, a estimé que la position de l'Armée «reste à la fois constante et est à applaudir», notamment dans son appel à organiser des élections présidentielles le plus tôt possible, pour éviter de tomber dans le vide constitutionnel. Benflis considère que «la non-évocation dans le discours de Gaïd Salah de la date du 04 juillet, s'inscrit dans le bon sens de ce que veut le peuple algérien». Pour lui, «la future élection présidentielle devrait se faire, mais avec la participation de toutes les parties et la mise en place des outils pour son organisation, dont l'instance indépendante chargée d'organiser et de surveiller cette élection». Le président de Talai El Hourryet estime qu'«il faudrait un débat rectiligne entre tous les acteurs politiques, le Hirak et les autres parties sociales, sur notamment la mise en place de cette instance indépendante». Pour sa part, le FLN a réitéré hier, «son plein soutien à la position nationale et souveraine de l'Armée dans le traitement de la crise politique que traverse le pays, et salue la détermination du Commandement de l'Armée, sa sagesse, sa clairvoyance et son engagement à accompagner et répondre aux revendications légitimes du peuple, dans la paix et la sérénité», lit-on dans un communiqué signé par le Secrétaire général du parti. Le FLN «salue les positions constantes de l'institution de l'Armée sous la conduite du Général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, visant à concrétiser les aspirations du peuple, exprimées lors de son Hirak pacifique et civilisé, pour lesquelles il s'est engagé dans tous ses discours, affirmant ses engagements constants à accompagner ces aspirations», a ajouté le communiqué. De son côté, Tajamoue Amel El-Jazair (TAJ) d'Amar Ghoul a appelé le peuple algérien à se mobiliser autour de l'institution militaire, affirmant que le travail dans le cadre constitutionnel constitue la meilleure solution pour sortir de la crise politique que traverse le pays. «Le parti invite l'ensemble du peuple algérien, ainsi que toutes les parties et les forces vives, fidèles à la patrie, à se mobiliser autour de l'institution militaire». Il refuse «catégoriquement toute atteinte à l'ANP, héritière de l'Armée de libération, ou à l'Algérie», a écrit le parti dans un communiqué. Pour sa part, le MPA d'Amara Benyounes affirme: «être conscient de la gravité de la situation du pays. le MPA accueille avec satisfaction les dernières déclarations du vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'ANP, qui constituent une confirmation sans équivoque de l'engagement de l'institution militaire pour une sortie de crise apaisée». Le MPA souligne aussi que «l'organisation dès que possible d'une élection présidentielle, garantie par des mécanismes de gestion indépendants et transparents, serait la solution idoine et démocratique pour une sortie de crise, et l'avènement d'un pouvoir politique légitime issu d'urnes transparentes». Le RND n'est pas en reste. Dans un communiqué rendu public hier, le parti d'Ahmed Ouyahia a exprimé «sa conviction quant à la nécessité de la tenue des élections présidentielles», en vue de sortir «de la crise actuelle», et ensuite «entrer dans une période de réformes radicales». Le RND n'omet pas d'apporter son «soutien à l'appel du chef d'état-major pour accélérer la mise en place de l'instance indépendante, pour l'organisation et la supervision des élections, et au peuple d'être vigilant». Pérpétuer le régime Plutôt critique du discours de Gaid Salah, le président du RCD Mohcien Belabbas, a estimé qu'«après deux semaines d'une abstinence de la parole, le chef de l'état-major de l'armée renoue avec le discours à l'adresse à la Nation, de l'intérieur des casernes». Par ailleurs, le président du RCD estime sur sa page Facebook, qu'«en réalité, personne n'a entravé la solution constitutionnelle, elle n'est tout simplement pas une solution, mais un problème». Pour sa part, le président de Jil Jadid, Djilali Soufiane, a déclaré que l'allocution du chef d'état-major «est une tentative de reprise en main du Hirak, et une volonté de perpétuer le régime, à travers une application stricte de la Constitution qui a été faite pour le régime et contre le peuple». «Nous, on demande un changement fondamental du régime dans la paix, la sécurité pour tout le monde. On ne veut pas de changement avec les vengeances, et on ne veut pas s'occuper du passé, mais, construire l'avenir», a-t-il dit. La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), a jugé quant à elle, que «Gaid Salah maintient le coup de force, et s'accroche encore à son offre d'aller aux élections, même sans ou contre le peuple qui les a pourtant, rejetées majoritairement, pacifiquement, mais avec grande détermination, sous prétexte du respect de la constitution». La LADDH ajoute dans un communiqué diffusé sur sa page facebook, que «le maintien de ces élections est un risque pour la cohésion et la stabilité nationale. La LADDH réitère encore son appel à l'Armée de se ressaisir, et d'être à l'écoute et du côté du peuple, pour l'ouverture d'une transition en vue de l'émergence de la nouvelle République civile, démocratique et sociale».