Le mot d'ordre : «silmya», scandé par les manifestants, n'a finalement pas été assimilé par ces élèves. Les images montrant des élèves maltraiter une surveillante, à la sortie du CEM Emir Abdelkader de Ouled Yaiche, à Blida, en l'insultant et en lui lançant de la farine et des œufs, sont très choquantes et désolantes. Cette surveillante persécutée en plein jour, par des élèves censés être initiés à l'éducation et au savoir, doit interpeller toute la société, quant à la gravité et les dangers de tels comportements délétères. La police urbaine de la cité 1024 logements à Blida a ouvert une enquête, pour identifier les élèves coupables de cette agression, mais la victime n'a pas souhaité déposer plainte. Chose qui favorisera le sentiment d'impunité chez les écoliers qui, faute de sanction, vont certainement récidiver. On s'attendait du moins à une réaction de la part du ministère de l'Education nationale face à cette scène de violence, en somme, il n'en est rien. C'est plutôt les internautes scandalisés par cette grave agression, qui ont vite réagi en pointant du doigt le rôle des parents dans l'éducation de leurs enfants. D'autres comportements ont été signalés au niveau CEM Hamza Ibn Abd Elmoutalib, à l'Ouest d'Alger, où des élèves ont déchiré leurs cahiers, en criant : «on en a fini avec les études.» Il est vrai que ces phénomènes ne datent pas d'hier, mais on espérait quand même que le sursaut révolutionnaire des Algériens depuis le 22 février dernier, allait avoir un impact positif en milieu scolaire. Le mot d'ordre : «silmya», scandé par les manifestants, n'a finalement pas été assimilé par ces élèves. Pour comprendre les causes de ces agissements condamnables, la psychologue et éducatrice, Hayet Abba, a souligné que plusieurs facteurs favorisent le comportement violent, surtout chez les adolescents. Elle citera entre autres, le fait que les élèves soient stressés, faute d'endroit où pratiquer le sport pour extérioriser leur colère, et dépenser leur énergie. «Malaise général» Boualam Amoura, Président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), a expliqué qu'il y a un «malaise général». Il a rappelé qu'en 2016, le ministère de l'éducation nationale, avait installé une commission de réflexion regroupant les partenaires sociaux et les associations de parents d'élèves, sur la violence en milieu scolaire, dont les travaux ont été sanctionnés par la signature d'une convention avec la DGSN, Gendarmerie nationale et ministère de l'Intérieur, pour assurer la protection des travailleurs de l'éducation et des élèves, à l'intérieur et à l'extérieur des établissements scolaires. «Deux ans après, cette convention est restée toujours dans les tiroirs du ministère de la tutelle», a déploré notre interlocuteur. «Ce phénomène dépend des responsabilités de l'Etat, et non seulement du ministère de l'éducation et des parents», a-t-il estimé. Déplorant que les pouvoirs publics «aient plutôt tenté de réformer l'enseignement, et non l'enseignant et l'élève», Amoura a attribué cette violence, notamment à la pression ressentie par les enfants, dans la société et l'école. «La surcharge des classes et des programmes scolaires, les élèves sont confinés dans des écoles dépourvues de terrains de jeu ou de verdure, où ils puissent pratiquer leur sport». Il ajoutera que la circulaire interdisant aux enseignants de sanctionner par un châtiment corporel les élèves, a favorisé le sentiment d'impunité chez-eux. Il a ensuite appelé les parents à prendre leur responsabilité et éduquer leurs enfants. Le président de l'association des parents d'élèves, Ahmed Khaled, a soutenu que la balle est dans le camp des parents, qui doivent leur inculquer une éducation civique et morale. «De nos jours, le rôle des parents se limite à ramener la nourriture à leur progéniture. Le côté éducatif est le dernier de leurs soucis. Il faut révolutionner la société algérienne», dira-t-il. Ahmed Khaled a mis l'accent sur le rôle de la sensibilisation des enfants et des enseignants, sur les dangers de la violence en milieu scolaire.