L'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, a exprimé les démarches à entreprendre pour sortir de la crise politique actuelle. Concernant quelques revendications du Hirak, notamment sur le départ «intégral» du système, Il a appelé hier, à rompre avec le slogan «Yetnahaou Gàa». «Il est inconcevable d'estimer que tous les responsables actuels doivent être renvoyés subitement. Mais les symboles du système, notamment les corrompus d'entre-eux, qui doivent être non seulement limogés, mais aussi jugés», affirme Benbitour lors de son passage, hier sur la Chaîne III de la radio nationale. L'invité de la rédaction estime qu'il est insensé de réclamer le changement, sans que l'on discute des modalités de changement du système politique du pays. Dan ce sens, Il suggère une période de transition ou d'avant l'organisation d'une élection présidentielle, crédible et transparente de 8 à 12 mois. Il s'explique : «il faut du temps pour préparer cette élection, dont l'installation d'une commission de sa surveillance et de son organisation, et mettre en place un gouvernement de transition». Benbitour a proposé la tenue des élections dans les plus brefs délais, vue la situation économique du pays qui ne tolère plus de retard. Pour les modalités du dialogue, il suggère qu'«il faut définir d'abord le dialogue, car ce dernier peut partir de sujets théoriques que réels», rappelant que «les marches appellent à un changement radical du système, et à mon avis, nous ne sommes plus dans l'étape du dialogue, mais celle de la négociation pour le changement de tout le système de gouvernance, et répondre ainsi positivement aux revendications de la population». Et d'ajouter: «il faut négocier pour se mettre d'accord comment changer le système de gouvernance». A ce titre, M. Benbitour estime que «les marches du Hirak ont apporté un élément très positif qu'il faut comptabiliser pour regarder l'avenir d'une autre manière», ajoutant que «cette attitude, à féliciter, a permis de repenser le pays, au moment où le système regardait cette population comme étant arriérée et inapte à la politique». Par ailleurs, «les marches ont démontré que nous ne sommes plus dans le paternalisme et l'autoritarisme, donc, il y a des éléments positifs qui suggèrent de féliciter les marcheurs, pour avoir obtenu à ces résultats», relève-t-il. Urnes ou transition Abordant l'élection du 4 juillet qu'il qualifie d'«irréalisable, faute de candidats», M. Benbitour propose de mettre en place un gouvernement de technocrates, et un programme de communication efficace. Cela permettra d'«expliquer à la population une certaine politique d'austérité à partager, vue la situation économique difficile à supporter à partir de l'an 2021, quand il n'y aura plus de réserves de change», dit-t-il. «L'important ne réside pas dans la manière de la solution de la crise, soit par transition ou report d'élection, mais l'essentiel, c'est qu'il ne faut pas perdre de vue la crise économique évidente, due à la balance économique en difficulté, et le système monétaire des payements hors emprunt, à laquelle il faut (apporter) des solutions durables», insiste-t-il à dire.