Les Algériens resteront mobilisés jusqu'au départ des «trois B» et de tous les symboles du système à l'origine de la crise que traverse le pays. Le 16e vendredi consécutif de manifestations populaires contre le système politique, intervient juste après la décision d'annuler l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, et la fin du mois du ramadhan durant lequel jeûne et fatigue se sont accumulés. Ceci serait-il susceptible d'avoir un impact sur la mobilisation citoyenne que connait l'Algérie depuis le 22 février ? L'aïd el fitr de coutume fêté en famille, sera-t-il aussi, un «obstacle» momentané pour la mobilisation massive des Algériens ? A croire que rien ne pourrait faire reculer le peuple déterminé à (re)prendre son destin en main. Le pouvoir avait déjà misé sur l'essoufflement du mouvement de contestation, à cause des contraintes liées au mois de jeûne, et il avait perdu son pari. La démonstration de force de la population durant le mois éprouvant du jeûne, où des millions d'Algériens ont bravé soif et chaleur dépassant les 30 degrés, sont sortis pour dire «non à l'élection du 4 juillet» et clamés le départ immédiat des symboles du «clan Bouteflika», à savoir, le chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah et de l'Exécutif Nourredine Bedoui. Ainsi que l'avènement d'un Etat civil, sont une preuve de leur prise de conscience de l'enjeu actuel. Les manifestations des étudiants du 29 mai dernier, révèlent l'intensité de la mobilisation populaire d'aller jusqu'au bout et arracher de nouveaux acquis démocratiques. Il est vrai que l'annulation de la présidentielle largement rejetée par le peuple, représente une victoire supplémentaire pour la mobilisation populaire contre le pouvoir depuis le 22 février dernier. Un nouvel acquis pour un changement radical du système, après la mise en détention provisoire le samedi 4 mai, de Saïd Bouteflika, le frère de l'ancien président, du général Mohamed Médiène alias «Toufik» et Athmane Tartag, deux anciens hauts responsables des services de renseignement, pour «atteinte à l'autorité de l'armée» et «complot contre l'autorité de l'Etat». Ainsi que l'arrestation de plusieurs hommes d'affaires et l'ouverture par le parquet d'Alger de plusieurs enquêtes contre des hauts représentants de l'Etat, tel que l'ex-premier ministre Ahmed Ouyahia, pour dilapidation de deniers publics. Des décisions favorablement accueillies par les Algériens et la classe politique. Le peuple ne baissera pas les bras Cependant, le peuple ne compte pas rester là et se contenter des actions engagées par la justice dans le cadre de la lutte contre la corruption. Ils restent droits dans leurs bottes jusqu'à la satisfaction et l'aboutissement de leurs revendications. Ils sont résolus à parachever leur révolution et la faire aboutir à une transition démocratique, prélude de l'avènement d'un Etat civil et de droit. Ils resteront mobilisés jusqu'au départ des «trois B» et de tous les symboles du système à l'origine de la crise que traverse le pays. Pour eux, l'échéance d'une présidentielle transparente devra être le couronnement de la mise en place de mécanismes constitutionnels et juridiques nécessaires pour son organisation, notamment l'instance indépendante d'organisation et de supervision des élections. Conscients de la complexité de la crise que traverse le pays, les Algériens se sont dits favorables à une issue hors du cadre constitutionnel, auquel tient farouchement le réel tenant du pouvoir de décision, à savoir l'institution militaire, à sa tête, le vice ministre de la défense Ahmed Gaid Salah. Au cours de leurs manifestations, ils ont apporté leurs contributions et leurs visions de solution à la crise. Ayant compris enfin que le pouvoir de décision doit émaner de la volonté populaire, certains réclament l'instauration d'un dialogue «sérieux» et «inclusif» entre l'Armée et les représentants du Hirak toujours pas désignées, pour répondre favorablement aux exigences populaires. Ce qui permettra, selon eux, de résoudre dans les plus brefs délais, cette crise politique. Pour d'autres, l'issue démocratique permettant au peuple qui réclame le départ du système, d'exercer son autorité, de défendre la souveraineté et l'unité du pays, est le processus constituant qui inclut toutes les catégories de la société et devant être couronné par une assemblée nationale constituante et souveraine.