Au chef-lieu de Douéra, l'essentiel de l'activité commerciale est assurée par le circuit informel. Les commerçants légaux, quant à eux, tentent de s'adapter à ce diktat en changeant de créneau. En l'espace de quelques années, les trabendistes ont réussi à dicter leur loi au centre-ville de Douéra. Tous les espaces publics sont transformés en lieu de négoce. En fait, les vendeurs illégaux occupent les alentours du siège de l'APC, les environs de l'hôpital universitaire et les trottoirs de la route principale qui donne sur la gare. L'informel s'étend jusqu'à la colline qui surplombe la ville, du côté de la voie rapide (2e rocade sud d'Alger). Au chef-lieu, derrière le siège de l'APC, les marchands squattent un grand terrain vacant. Ce terrain est entouré de plusieurs bâtiments nouvellement construits. Faute d'un marché réglementé, ce sont les trabendistes qui alimentent la population locale en denrées alimentaires. Le marché est toutefois installé dans la boue. Au milieu des habitations, c'est le commerce des effets vestimentaires qui domine. A proximité de la voie publique, la principale artère de la ville, se sont les marchants des fruits et des légumes qui ont tranquillement pris position. Les marchandises, posées directement sur la chaussée, font que les élèves de l'établissement scolaire Youcef Abdelkader accèdent difficilement à leurs classes. A l'entrée, les parents d'élèves sont priés d'attendre leurs enfants à l'extérieur de l'école. «Les fenêtres de l'établissement sont tout le temps fermées pour éviter que les cris des trabendistes ne parviennent jusqu'aux classes», a affirmé un parent qui était à l'entrée. Au chef-lieu, le sanctuaire est transformé en dépotoir. Les vendeurs y jettent leurs ordures. Depuis le sanctuaire jusqu'à la colline qui surplombe le chef-lieu, les vendeurs occupent les trottoirs et étalent surtout des effets vestimentaires pour femmes. «Le trabendo a tué le commerce légal», a déploré un cordonnier. Dans les quartiers de la ville, les commerçants légaux ont pris les devants en changeant d'activité pour survivre à l'anarchie. A quelques exceptions près, tous ceux qui ont ouvert des boutiques d'habillement ont vite fait de les fermer. Celles qui demeurent ouvertes sont actuellement dans le collimateur. «Je liquide le stock puis je change d'activité», a affirmé Bilel qui tient une boutique de sous-vêtements. Il compte ouvrir une pizzeria. «C'est la bouffe qui marche le plus», a-t-il expliqué. Au-delà des alentours du siège de l'APC, l'activité commerciale informelle est plus agressive sur la route qui longe la gare de transport urbain. Sur cette route, la circulation automobile est réduite au maximum. A ce niveau, tout le monde participe à l'anarchie. Outre les trabendistes qui exposent directement sur la chaussée, les boutiquiers se sont arrangés pour accaparer les trottoirs en réalisant des extensions de leurs commerces. «Comme ça, nous empêchons les trabendistes d'exposer leurs marchandises devant nos magasins», a précisé un gérant d'une droguerie. A cause du trabendo, la rue en question est dans un état lamentable. La chaussée est pleine de crevasses. Des odeurs nauséabondes se dégagent aussi de tous les coins où se trouvent entassées depuis plusieurs jours les déchets des légumes. Sur les étals, les vendeurs proposent même les produits périssables, notamment les fromages et les produits concentrés qui devaient être gardés au froid.