Le Fonds monétaire international étudie actuellement une troisième voie pour ses plans de sauvetage financiers de grande ampleur afin de remédier aux lacunes de son assistance à la Grèce en 2010. Jusqu'à présent, le FMI avait schématiquement deux options face aux pays privés d'accès aux marchés financiers: les renflouer ou réclamer, au préalable, une réduction de dette pure et simple aux dépens des créanciers. Dans un rapport publié vendredi, l'institution envisage une nouvelle option: exiger du pays un simple "reprofilage" ou rééchelonnement de sa dette -- en clair, l'extension de la date à laquelle il doit rembourser ses créanciers. Selon le Fonds, cette solution serait moins "coûteuse" pour les créanciers mais également pour le système financier "dans son ensemble", car les investisseurs rechigneraient moins à prêter aux Etats. "C'est un processus en cours. Rien n'est finalisé ou approuvé", a assuré la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, ajoutant qu'il s'agissait d'enrichir "la boîte à outils" de l'institution. Clarifier la doctrine Cette troisième voie permettrait en tout cas au FMI de clarifier une doctrine chamboulée par son premier plan d'aide à la Grèce en 2010. Tétanisé par le risque d'effondrement de la zone euro, le FMI avait alors modifié ses règles internes en accordant une aide massive à Athènes sans exiger de réduction préalable de sa déjà vertigineuse dette publique. "La situation aurait requis une profonde réduction de dette (...) mais le Fonds a décidé de créer une exception pour les situations présentant de hauts risques de répercussions internationales", admet l'institution dans le rapport. Cette exception ne serait plus possible avec la refonte envisagée par le Fonds, assure le rapport, pointant en creux les lacunes de son premier programme en Grèce qui a dû être suivi, deux ans plus tard, d'un second plan d'aide et du plus grand effacement de dette de l'histoire. Le Fonds reconnaît toutefois que des mesures spécifiques devront être élaborées dans les situations où toute restructuration de dette est exclue du fait du risque qu'elle ferait peser sur le système financier. Cures d'austérité moins rudes Selon le rapport, cette troisième voie permettrait également d'atténuer l'ampleur des cures d'austérité budgétaires dans les pays qui ont reçu une assistance financière sans que leur dette ait été préalablement réduite. Au Portugal ou en Grèce, ces plans d'économies drastiques ont été accusés d'avoir plombé la croissance et ont alimenté une forte protestation sociale. "L'aide financière qui serait apportée dans le cadre d'un "reprofilage" pourrait permettre un ajustement budgétaire plus progressif, qui pourrait aider la croissance (...) et faciliter la mise en œuvre des programmes" de réformes exigés par le Fonds, assure le rapport. Selon le rapport, le "reprofilage" permettrait également d'éviter que l'argent injecté par le Fonds ne soit avant tout utilisé pour rembourser les créanciers du pays. Le FMI énumère toutefois une série de mises en garde. Selon le rapport, cette option ne doit pas être systématique et serait ainsi réservée aux seuls cas où le pays est privé d'accès aux marchés financiers et où une forte incertitude pèse sur la viabilité de sa dette. L'Ukraine, qui a obtenu un plan d'aide du FMI mais dont la dette reste sous contrôle, ne serait ainsi pas concernée, a précisé un responsable de l'institution. Surtout, note le Fonds, cette solution nécessitera l'accord des créanciers qui pourraient refuser tout compromis, comme cela été le cas dans le litige opposant l'Argentine aux fonds vautours. La restructuration de la dette du pays, après la faillite de 2001, est actuellement bloquée du fait de l'opposition de deux de ces fonds spéculatifs qui ont refusé toute renégociation et viennent d'obtenir gain de cause en justice. Le rapport estime toutefois qu'il y a un "consensus croissant" pour que les nouveaux titres de dette émis par les Etats réduisent le droit de veto de créanciers minoritaires. Dans leur avis publié vendredi, certains pays-membres du Fonds signalent un autre risque, que celui les attentes d'un "reprofilage" provoquent de la "volatilité sur les marchés".