«J'ai raté ma Coupe du monde pas encore la nôtre», dixit Neymar, le jeune et talentueux joueur brésilien blessé pendant le match de quart de finale et contraint de quitter la compétition. Pour tout le monde, la Coupe du monde n'est pas encore terminée, si on doit s'en tenir au spectacle, à la beauté du jeu et à l'émotion. Non seulement elle n'est pas terminée, elle continue même avec les meilleurs. Est-ce que les Algériens ont réussi ou raté leur Coupe du monde ? Si on n'attend pas de réponse «par oui ou par non» à la question, ça va être difficile de trancher. Mais la tendance générale est au oui, il est des choses qu'on ne peut pas cacher. Est-ce que pour autant, la Coupe du monde est terminée pour les Algériens ? Là, par contre, aucune tendance ne se dégage, puisque la réponse ne peut pas être fournie par la rue. Est-ce qu'il y a une vie après la Coupe du monde. Oui, même s'il reste encore du spectacle, de belles confrontations et quelques émotions, c'est bel et bien terminé pour «notre» Coupe du monde. Comme pour la réussite, c'est encore la rue qui nous rappelle qu'il y a une vie après la Coupe du monde. Et elle n'est pas vraiment rose. A tout seigneur tout honneur, comme lien, la rue nous rappelle d'abord que les autorités n'ont pas mis autant de moyens et de volonté pour améliorer notre quotidien qu'elle en a déployé pour que l'Algérie réussisse une bonne Coupe du monde. Et elle le dit, dans les premières grosses colères d'été. A commencer par cette plaie béante que constitue la vallée du M'zab dont les démons reviennent comme une fatalité. Pourtant «on» nous avait promis que la paix était… revenue. Mais on sait ce que valent les promesses, à Ghardaïa comme ailleurs. Colère apaisée pourtant à Ghardaïa, Alger et Annaba ou des milliers de citoyens de la communauté mozabite ont manifesté contre l'insécurité qui perdure dans leur région. «Halte à l'insécurité», «halte à l'impunité», «la vérité sur les crimes» et … «halte aux promesses non tenues», tels étaient les slogans qu'on pouvait lire sur les banderoles brandies dans une marche pacifique admirable d'organisation et de sérénité. Bien organisées et sereines, ces manifestations couvent quand même de sourdes colères ravivées par la mort d'un jeune homme de dix-neuf ans, comme pour rappeler que le pire rode toujours autour de la maison. Le nouveau wali, qu'on nous a presque présenté comme la panacée à tous les drames de la vallée a reçu une délégation à qui il a fait de nouvelles… promesses. Loin de la pentapole, en Kabylie exactement, les citoyens du village Ibarkouken, à Maâtkas, ont encore bloqué la route et fermé les sièges de l'APC et de la daïra. Ils réclament des routes, de l'eau, du gaz et de l'électricité. Quoi ? il y a encore des villages qui n'ont rien de tout ça dans la région ? Eh bien, oui, manifestement. La Coupe du monde nous l'a fait peut-être oublier mais ça nous revient, avant même que la fête brésilienne ne se termine pour tout le monde. Pour les mêmes raisons, les citoyens d'un autre village, Taguemount Oufella à Larbaâ Nath Irathen, ont aussi fermé leur mairie. La Coupe du monde, c'est bientôt la fin pour tout le monde et l'Aïd est un peu loin. Les vacances aussi. Avec un effort, on repoussera tout ça à l'automne. Un effort et quelques nouvelles promesses. Slimane Laouari