Il n'est guère aisé de se mouvoir en voiture à Tizi Ouzou les jours de semaine. Des milliers de véhicules envahissent chaque jour les artères et rues de la cité, rendant l'atmosphère suffocante. C'est une situation spéciale que vit la capitale du Djurdjura. Calme et agréable le vendredi, elle retrouve son visage de ville à fuir dès le premier jour ouvrable de la semaine. Commerces, administrations, universités, écoles et autres destinations sont pris d'assaut par des dizaines de milliers de citoyens qu'une noria de voitures, fourgons et bus déversent aux entrées de la ville ou carrément dans ses entrailles. Plus un mètre carré n'est libre sur un périmètre juste suffisant pour accueillir quelques centaines de véhicules. Pourtant, des solutions, soi-disant, ont été apportées pour juguler cette énorme masse de voitures : des trémies ont été construites au centre-ville afin de fluidifier la circulation sur cet axe vital et une rocade d'évitement de la ville a été mise en service il y a plus de 4 ans. Rien n'a changé depuis. «Les trémies ont juste servi à enlaidir le centre-ville», selon un résident, et la rocade n'est empruntée que par des poids- lourds et demeure vide tout le temps. Méconnaissance des réalités sociologiques D'où vient tout ce gâchis ? «D'une mauvaise analyse des habitudes des gens», a expliqué un expert en économétrie, spécialisé dans les études de circulation routière. «L'aspect historique du centre-ville n'a pas été pris en considération, car c'est devenu, au fil des ans et malgré l'extension de la ville vers le sud et l'ouest, un passage obligé pour les résidents des quartiers périphériques et pour les visiteurs des communes et villages de la région. On y vient comme il y 20, 30 ou 40 ans.» Notre interlocuteur avance une seconde explication au phénomène de surcharge : des centaines de personnes se retrouvent en même temps au même endroit pour des besoins divers, et même si on peut acheter un produit en dehors du centre embouteillé, l'attrait du centre-ville est là, pour sa fonction sociale. Il est tout de même important de signaler que l'aspect de la ville, sur le côté nord, n'a guère changé depuis l'indépendance. Les mêmes rues et ruelles n'arrivent plus à faire face au flux toujours important de visiteurs véhiculés. D'où des problèmes de fluidité durant toute la journée, rendant un simple déplacement sur quelques centaines de mètres un calvaire. Même les feux tricolores, installés aux principaux carrefours, ne sont pas d'un grand secours car, tombant en panne de manière fréquente, il s'ensuit de vraies scènes d'anarchie que les policiers affectés à la circulation gèrent difficilement. La situation devient intenable à proximité des institutions (commissariats, cour de justice, etc.) protégées par des dispositifs sécuritaires et qui, étant des lieux de passage, perturbent de manière remarquable la circulation automobile. A l'entrée ouest de la ville, des bouchons se forment dès le matin pour tous les véhicules entrants en ville car un barrage de police filtre les voitures. Même scène du côté de l'entrée est, la plus importante en termes de flux. Là, l'embouteillage peut s'étendre sur des centaines de mètres certains jours de la semaine. Les minibus de l'anarchie Un vrai et nouveau plan de circulation est indispensable pour la ville afin de fluidifier, un tant soit peu, la circulation routière en tenant compte des nombreux paramètres, dont l'impossibilité de faire en même temps circuler et garer des milliers de véhicules dans un espace aussi réduit (la ville). Le second paramètre, humain, est de faire sortir du centre-ville certaines administrations et institutions très fréquentées par les citoyens (tribunal, APC, etc.) et améliorer le transport public des voyageurs comme cela se fait dans les grandes agglomérations et non pas verser dans une circulation déjà dense des centaines de véhicules (fourgons) qui servent au transport urbain. Le spectacle de ces véhicules, qui stationnent de manière anarchique au centre-ville et qui s'arrêtent à tout bout de champ pour faire monter ou descendre les voyageurs, est un facteur qui aggrave les difficultés de la circulation routière. Non contrôlé, livré à lui-même, ce secteur névralgique mérite une meilleure prise en charge des autorités en le moralisant d'abord et en lui donnant son vrai visage de service public ensuite.