Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Tayeb Belaiz, a affirmé mardi que le crime organisé transnational y compris le terrorisme constituait un "grand défi" que les pays arabes doivent relever à travers la coordination et la coopération. "Le crime organisé transnational y compris le terrorisme est désormais le grand défi qui se pose aujourd'hui dans le contexte de la mondialisation, de l'ouverture économique, de la libre circulation des personnes et de la fluidité des modes de communication", a déclaré M. Belaiz dans un entretien à l'APS à la veille de la tenue de la 32e session du conseil des ministres arabes de l'Intérieur les 11 et 12 mars. Il a souligné la nécessité de "raffermir la coopération inter-arabe dans ce domaine", précisant qu'"aucun Etat, quelle que soit sa force ou sa richesse, ne peut lutter seul contre cette forme de criminalité". La question "en appelle à la mise en place de cadres juridiques et de mécanismes nouveaux, en complément à ceux déjà existants, aptes à renforcer l'échange, souple et efficace, des informations, de l'expertise et des expériences dans les domaines de la formation et de l'entrainement notamment concernant les formes actuelles de criminalité". M. Belaiz a souligné que la coopération interarabe avait réalisé de grandes avancées dans le cadre du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, rappelant que "depuis la création de cette instance sécuritaire arabe en 1982, beaucoup de réalisations, commençant par la stratégie sécuritaire arabe qui constitue le cadre général de la coopération arabe en matière de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, jusqu'aux stratégies particulières propres à chaque forme de criminalité, aux lois types et nomenclatures ainsi que les conventions multilatérales notamment celle relative à la lutte contre le terrorisme de 1998, qui constitue un modèle de coopération entre les pays arabes dans le domaine sécuritaire, nonobstant les conventions relatives à la lutte contre les différentes formes du crime organisé qui ont été signées au Caire en décembre 2010". Tout cela constituera l'objet des discussions de cette 32ème session qui se déroulera dans un contexte arabe "particulier" qui appelle "à plus d'efforts dans la coopération arabe dans les différents domaines de l'action sécuritaire pour faire face aux mutations et aux évènements sur les scènes régionale et internationale et plus spécialement les menaces sécuritaires actuelles et à leur tête le phénomène du terrorisme", a-t-il poursuivi. M. Belaiz a ajouté que la session d'Alger constituera une opportunité pour évaluer tout ce qui a été réalisé dans le domaine de la coopération sécuritaire et toutes les stratégies et plans sécuritaires, notamment en matière de lutte contre le terrorisme, et aussi de rechercher de nouveaux mécanismes adaptés à la lutte contre la criminalité, sous ses divers formes et particulièrement le crime organisé, et de prospecter également de nouvelles voies pour affronter, efficacement le terrorisme, le circonscrire et tarir les sources de son financement. Les pays arabes conscients des risques que représente le phénomène de la drogue Evaluant la coordination arabe dans la lutte contre le trafic de drogue, de l'émigration clandestine et du crime organisé, M. Belaiz a affirmé que les Etats arabes "ont une parfaite conscience des grands risques que représente le phénomène de la drogue, qui est devenu aujourd'hui l'un des plus grands risques auxquels sont confrontés autant la communauté internationale que les pays arabes, notamment du fait de son interconnexion avec les autres types de crime organisé, qui ne sont pas de moindre danger, tels que le terrorisme et son financement, la contrebande et le blanchiment d'argent". Dans ce cadre, a-t-il indiqué, le Secrétariat Général du Conseil des Ministres arabes de l'Intérieur et son Bureau spécialisé dans les affaires de drogue ont pris une série de mesures pour la lutte contre ce fléau et sa réduction en renforçant la coopération et en augmentant le niveau de coordination dans ce domaine, de sorte à ce que ce phénomène soit affronté de façon commune et globale, dans les limites des lois et règlements nationaux propre à chaque Etat". "Par ailleurs et nonobstant la création de banque de données et de fichiers, l'émission de listes noires des bandes de trafiquants de drogue et la diffusion d'avis de recherche concernant les personnes impliquées ou condamnées dans des affaires de drogue, les Etat arabes ont adopté nombre de mécanismes à même de permettre la lutte contre ce fléau, tels que la stratégie arabe de lutte contre l'usage illicite des drogues et des psychotropes et les plans périodiques de sa mise en œuvre", a-t-il encore précisé. Il a ajouté que "les Etats arabes ont également adopté la convention arabe, de 1994, pour la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants et des psychotropes, la législation arabe unifiée type des drogues, le plan de communication et de publications relatives à la drogue ainsi que le glossaire arabe des drogues et psychotropes". Les solutions sécuritaires sont insuffisantes pour faire face à l'émigration illégale S'agissant de l'émigration illégale ou clandestine, "il est admis, estime le ministre, que ce phénomène est devenu aujourd'hui une réelle préoccupation pour beaucoup de pays, du fait surtout de son interconnexion avec les autres formes de criminalité telles que le trafic d'armes, la drogue et la traite des humains". Cependant, poursuit-il, "si les pays arabes sont confrontés à la croissance de l'émigration illégale au même titre que beaucoup d'autres pays et qu'ils œuvrent à la lutte contre ce phénomène au plan intérieur, à travers des mécanismes nationaux propres et dans le cadre de ceux mis en œuvre par le secrétariat général du Conseil des Ministres arabes de l'Intérieur, ils restent conscients que les solutions sécuritaires ne sont pas suffisantes à elles seules pour combattre ce phénomène". Il s'agit, a-t-il soutenu, "d'un problème humanitaire qui peut prendre des proportions graves s'il n'est pas pris en charge avec le plus grand intérêt par la communauté internationale à travers une coopération internationale efficace et dans le cadre d'une démarche globale, soutenue par des dispositions opérationnelles à même de maintenir les populations concernées dans leur pays d'origine", notamment celles visant à trouver des solutions aux causes qui sont à l'origine de ce phénomène, notamment l'éradication des foyers de misère, de pauvreté et de conflits dans les pays concernés. Concernant le crime organisé, M. Belaiz a rappelé qu'il existait "une coopération arabe de lutte contre cette forme de criminalité à travers des stratégies arabes communes et des plans périodiques de leur mise en œuvre et également à travers des conventions sécuritaires et judiciaires telle que la convention arabe pour la lutte contre le crime organisé transnational. La lutte contre la cybercriminalité nécessite une coopération arabe efficiente Concernant les mesures prises aux plans national et arabe pour la lutte contre la cybercriminalité, le ministre a souligné que cette forme de criminalité "tend à prendre de l'ampleur" car les systèmes d'information, a-t-il soutenu, "sont devenus des moyens auxquels recourent les groupes criminels dans leurs activités destructrices et en particulier les groupes terroristes". Il a précisé dans ce sens que ces groupes "utilisent aujourd'hui internet et les réseaux sociaux dans leurs communications, leur entraînement aux actions terroristes et de fabrication d'engins explosifs, dans le trafic de drogue, le détournement de fonds et le blanchiment d'argent et dans la propagande pour actes de violence et de terrorisme contre des innocents". "Ceci nécessite la mise en place d'une coopération arabe efficace dans le domaine de la prévention et la lutte contre ces actes, ce qui a été entrepris par l'adoption de la convention arabe pour la lutte contre la cybercriminalité, en coordination et avec la coopération du Conseil des ministres arabes de la Justice et qui englobe une série de mesures juridiques et judiciaires importantes, ainsi que l'adoption d'une stratégie arabe en matière de cybercriminalité qui a été élaborée après des années d'études approfondies". La stratégie se propose d'être un "important mécanisme de lutte contre ce phénomène qui a pris une ampleur sensible ces dernières années, et qui constitue une sérieuse menace sur les systèmes d'information de nos pays et sur leur sécurité intérieure" a-t-il dit. S'agissant des efforts de l'Algérie pour lutter contre ce phénomène dangereux, M. Belaiz a rappelé que notre pays a procédé à la promulgation d'une "loi spécifique de lutte contre les crimes liés aux technologies de l'information et la communication qui commence à porter ses fruits sur le terrain". Une autre loi relative aux "droits d'auteur et droits voisins a été mise en place en plus de l'introduction, dans le code pénal et le code de procédure pénale, des dispositions relatives à l'atteinte aux systèmes d'information". Au plan opérationnel, le ministre a rappelé la création par la DGSN de la cellule centrale de lutte contre la cybercriminalité composée de spécialistes de haut niveau ainsi que 48 cellules locales au niveau de l'ensemble des wilayas du pays, en plus de la création au niveau du Laboratoire central de la Police Scientifique, à Alger, et des laboratoires régionaux, des départements de preuves informatiques ce qui a permis à ces laboratoires de traiter avec succès, ces dernières années, diverses affaires liées à ce type de criminalité.