Jacob Zuma est assuré d'accéder à la présidence de l'Afrique du Sud, son parti, le Congrès national africain (ANC), s'étant emparé d'une majorité absolue lors des élections générales, selon des chiffres quasi définitifs diffusés hier par la Commission électorale. Avec une poignée de bulletins restant à dépouiller, l'ancien mouvement de lutte contre l'apartheid a remporté 65,96% des suffrages, soit plus de la moitié des suffrages des 23 millions d'électeurs inscrits. Son leader Jacob Zuma devait s'exprimer après la publication des résultats définitifs prévue samedi après-midi à Pretoria. Mais cette large victoire n'est pas totale puisque la majorité aux deux tiers semble échapper au tout puissant ANC, apaisant ainsi les craintes de l'opposition de voir le parti au pouvoir à même de changer la Constitution. L'ANC, qui a remporté huit des neuf provinces avec cependant un score en baisse de 3 à plus de 10%, devrait perdre le Western Cape (sud-ouest). Cette perte de vitesse a profité à l'opposition qui s'est principalement recomposée autour de l'Alliance démocratique (DA, ex-opposition sous l'apartheid) avec 16,60% des suffrages et du Congrès du peuple (Cope). Ce parti formé en décembre par des dissidents de l'ANC obtient 7,41% des voix. La DA a ainsi maintenu sa place en tant que premier parti d'opposition et semble assurée de remporter le Western Cape tandis que le Cope obtient son meilleur score dans l'Eastern Cape (sud-est) avec plus de 13% des suffrages. «L'ANC a perdu des voix depuis la dernière élection en 2004, un fait qu'il devrait prendre en compte», conseille l'hebdomadaire Weekender pour qui la démocratie sud-africaine est toujours aussi dynamique avec un taux de participation d'environ 77%. «Les Sud-Africains croient avec la même intensité qu'en 1994 au pouvoir du vote», se réjouit-il. La presse comme les observateurs ont d'ailleurs salué le bon déroulement du scrutin de mercredi. L'Union africaine (UA) a qualifié ces élections de «libres et équitables» tout en notant quelques irrégularités. Face à la victoire annoncée de l'ANC, des milliers de Sud-Africains ont déjà commencé à célébrer cette quatrième victoire consécutive depuis l'avènement de la démocratie il y a quinze ans. Ils ont fait la fête dès jeudi soir dans les rues de Johannesburg et les festivités se sont poursuivies le lendemain dans la capitale économique ainsi qu'à Durban (est). Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé M. Zuma pour le féliciter, selon un porte-parole à Londres, précisant qu'il souhaitait «travailler étroitement avec le nouveau gouvernement sud-africain». Malgré ce fort enthousiasme, la tâche du prochain gouvernement s'avère difficile avec plus de 43% de la population vivant sous le seuil de pauvreté et un taux de chômage frôlant les 40%. Des statistiques susceptibles d'empirer alors que la première puissance économique du continent s'apprête à entrer en récession pour la première fois depuis 17 ans. Jacob Zuma, homme politique populaire mais controversé, devra également s'attaquer à la criminalité, une des plus fortes au monde, et au sida qui ravage ce pays avec 5,5 millions de séropositifs sur 48 millions d'habitants. «Immédiatement après la fin du dépouillement, le vrai travail débute. Nous devons remonter nos manches et commencer à travailler», a reconnu Paul Mashatile, à la tête de la riche province du Gauteng.