Le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique «rassure» les futurs bacheliers sur les conditions de leur accueil à l'université à la rentrée. «Toutes les conditions pédagogiques et sociales sont réunies pour accueillir les nouveaux bacheliers», a-t-il déclaré en marge de la cérémonie d'installation du Conseil national pour l'évaluation de la recherche scientifique et technologique. Craignant d'être dans la rengaine de ses prédécesseurs qui ont tous dit la même chose à cette période de l'année, il a cru mettre une touche personnelle et dans le discours et dans l'initiative : «Des mesures ont été prises pour garantir la réussite de la prochaine rentrée universitaire et la prise en charge des nouveaux étudiants sur les plans pédagogique, structures et œuvres sociales». On ne sait pas ce qui va sortir de ce nouveau «conseil d'évaluation de la recherche scientifique et technologique». Dans une université moribonde, classée parmi les plus faibles du monde et sans sérieuse perspective de renaissance, il ne doit pas y avoir grand-monde pour se faire quelque illusion sur la recherche. Sinon, cette cérémonie aurait servi au ministre de l'Enseignement supérieur à en esquisser les objectifs et envisager des résultats. Mais, manifestement réaliste à son corps défendant, il a préféré en profiter pour nous dire ce qu'il n'avait pas besoin de… nous dire. Pourquoi donc, une rentrée universitaire, dans un pays si performant et si ambitieux, ne se déroulerait-elle pas dans «les meilleures conditions» ? Pourquoi doit-on rassurer les «futurs bacheliers» à l'orée de chaque été que «toutes les dispositions ont été prises» pour leur permettre de s'inscrire… normalement dans les filières qu'ils auront choisies ou auxquelles les prédestinent leurs résultats ? Mais là aussi, il y a une sacrée dose de réalisme qu'on doit ignorer : les possibilités de réforme, d'innovation et de développement sont à ce point indigentes qu'on se sent obligé de nous «rassurer», quand on ne nous invite pas à jubiler pour un minimum factuel. Ce n'est manifestement même pas évident qu'on puisse assurer une rentrée universitaire dans la forme, il faut donc présenter la chose, quand on fait l'effort de la «réussir», comme une véritable performance. Et on met toute la solennité que méritent les grandes réalisations pour l'annoncer ! Sinon, en termes de résultats de la «réforme de l'éducation 2003», on nous fait savoir qu'elle a permis d'élever le nombre de candidats au bac à 800 000 alors que les prévisions font état de 300 000 nouveaux bacheliers pour la prochaine rentrée universitaire ! Vous vous rendez compte à quel point la communauté universitaire et à sa suite l'Algérie entière doit être heureuse d'apprendre ça ? Mais comme un bonheur n'arrive jamais seul, M. Tahar Hadjar nous dit que le meilleur est à venir : «Il est important de procéder à l'évaluation du système LMD pour dégager les points positifs et les points négatifs après une décennie de sa mise en œuvre». Il y a des bonheurs qu'on ignorait, l'été est là pour nous les rappeler, dans la foulée d'une rentrée universitaire qui va se dérouler… normalement. Slimane Laouari