Le Président du réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant (Nada), Abderrahmane Arar, a relevé, hier, une insuffisance dans la prise en charge et le suivi des enfants victimes de maltraitance et d'abus sexuels, dont le nombre a atteint 1025 cas depuis le début de l'année en cours. Invité au forum de DK news, à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, M. Arar a dressé un constat sur la situation des droits de l'enfant en Algérie. Le projet de loi sur la protection de l'enfance a, selon lui, besoin de mécanismes permettant son application. Le texte de ce projet de loi, qui a été soumis à l'Assemblée populaire nationale (APN), comprend plusieurs axes liés à la protection judiciaire de l'enfance et non au renforcement des droits de l'enfant. «Il faut développer les perspectives dans le domaine de la protection de l'enfance», a-t-il appelé. M.Arar a estimé que le système de protection des enfants en Algérie est faible, citant comme exemple l'absence de prise en charge des jeunes filles victimes d'agression sexuelle. «Ces filles sont dans la plupart des cas rejetées par leurs familles et se retrouvent dans la rue», a-t-il dit, ajoutant qu'«elles n'ont même pas droit à un suivi psychologique et psychosocial». M. Arar a également relevé l'insuffisance de prévention qui ne se fait qu'«occasionnellement». «La prévention contre les violences faites aux enfants doit être une culture pour toutes les institutions de l'Etat, notamment les établissements scolaires», a-t-il martelé. L'intervenant a souligné la nécessité de «réviser la coordination» entre les acteurs et les instances concernées sur les mesures prises pour faire face à la violence et renforcer la protection des enfants. «L'intérêt des enfants est l'affaire de tous, pas seulement de la famille, qui se trouve parfois dépassée par les soucis de la vie» a-t-il indiqué. M.Arar a préconisé la mise en place d'institutions dédiées au suivi des familles et à la protection des enfants. Il a évoqué dans ce sens les cas des enfants adoptifs qui «ne bénéficient d'aucun suivi après avoir été placés dans leurs familles d'accueil. Dès que le juge donne son accord au candidat à l'adoption, l'enfant se trouve livré à son nouveau foyer parental sans un suivi pour s'assurer de son adaptation», a-t-il relevé. Interrogé, par ailleurs, sur le nombre d'appels reçus par le réseau Nada via le numéro vert (30-33), M. Arar a indiqué qu'il a atteint les 18.322 entre juillet 2014 et mai 2015. «La majorité se rapporte à la violence contre les enfants, particulièrement la maltraitance, les abus sexuels et la mendicité», a-t-il précisé. 750 enfants ont été entraînés dans la prostitution et 4890 autres ont été victimes de maltraitance et forcés à travailler, a encore précisé M. Arar, indiquant que des adolescentes ont été entraînées dans des réseaux de prostitution encadrés par des gangs. Certaines ont été, par la suite, impliquées dans des affaires de drogue et de vol. 1025 autres enfants ont été victimes d'abus sexuels, dont 55 victimes d'inceste.