La spirale de la violence reprend au nord du Mali. La reprise des affrontements, depuis quelques jours, menace dangereusement la paix et la réconciliation dans ce pays. Hier, des accrochages ont eu lieu dans la ville de Tenenkou, à quelques kilomètres de Mopti. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et le gouvernement du Mali s'échangent les accusations. Chacun des belligérants accuse l'autre d'avoir mené une offensive armée contre cette ville. Les affrontements de Tenenkou sont enregistrés au lendemain d'autres accrochages qui durent depuis une semaine. Malgré l'annonce de l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation au Mali, la guerre entre les Touareg et l'armée malienne a repris. Dans la nuit du 29 au 30 avril, une attaque à Léré a fait 9 morts parmi les soldats gouvernementaux, tandis que «les assaillants comptent 10 morts dans leurs rangs», ont rapporté des médias. La veille, deux autres soldats et un civil avaient été tués dans l'attaque de Goundam, un village situé entre Tombouctou et Léré. La guerre oppose l'armée malienne à la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui fédère plusieurs mouvements touaregs. La CMA a refusé de signer l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation, en son état actuel, demandant que nombre de revendications soient contenues dans ce document. De son côté, l'Algérie garde l'espoir de voir ce texte déjà signé par le gouvernement du Mali et nombre de mouvements touaregs, et aussi par la CMA au cours de la rencontre qui aura lieu le 15 mai en cours à Bamako. La plateforme des organisations de la société civile du Mali regroupant les religieux, les organisations féminines et les associations de jeunesse, a réaffirmé, lors d'un grand meeting tenu récemment à Bamako, son appui à l'Accord de paix et de réconciliation paraphé le 1er mars dernier à Alger. C'est en présence d'une foule nombreuse, de responsables politiques, de personnalités locales et de leaders d'opinion, que les différents intervenants ont exprimé leur adhésion à l'Accord d'Alger pour mettre fin à la guerre qui prévaut au nord du Mali et permettre au pays de renouer avec la paix et la relance de son économie. «C'est un accord qui garantira paix et sécurité dans un Mali un et indivisible», a-t-on affirmé. «Paix et sécurité dans un Mali d'équité et de justice sociale», «plateforme des organisations de la société civile du Mali, ensemble pour un Mali uni et paisible», étaient entre autres les slogans brandis lors de ce meeting, ont indiqué des médias. «Nous sommes là aujourd'hui pour la cause du Mali et non pour faire de la politique. Si les gens prenaient conscience du danger que traverse le Mali, ce stade (lieu du rassemblement) n'aurait pas pu pouvoir contenir le monde», a déclaré l'un des intervenants. Mettre fin à la souffrance de la population Pour plusieurs autres orateurs, l'Accord d'Alger permettra de diminuer la souffrance de la population. Dans ce contexte, cité par l'APS, l'ancien Premier ministre, Mohamed Ag Hamani, a estimé que l'accord constitue une chance pour le Mali. Il a notamment souligné que «le Mali est un pays arc en ciel. Il n'y a pas de Touaregs, ni de Bambara, il n'y a que le citoyen tout court. Les Touaregs ne sont pas génétiquement contre le pays ou contre les Noirs mais ce sont certaines puissances, pour des intérêts géostratégiques, qui manipulent un groupe d'individus». Quant à la présidente de la Coordination des associations et ONG féminines (Cafo), Mme Oumou Traoré, elle a exhorté l'assistance à œuvrer pour la paix, affirmant que «sans la paix, il n'y a pas de développement», alors que le représentant de la communauté chrétienne a insisté dans son message sur «le pardon, la réconciliation et la paix». Pour le président du Haut conseil islamique du Mali (Hcim), l'imam Mahmoud Dicko, «depuis 2012, le Mali traverse une grave crise», d'où son appel pour «une prise de conscience face au danger qui menace le pays». La «transgression» du cessez-le-feu et les violences dans les villes maliennes de Menaka et Léré ne devraient pas influer sur l'accord de paix et de la réconciliation nationale qui sera signé le 15 à Bamako, a affirmé, hier à Alger, le ministre malien de la Réconciliation nationale, Ould Sidi Mohamed Zahabi. «La transgression du cessez-le-feu et les violences à Menaka et Léré ne devraient pas influer sur le processus de paix au Mali, la solution définitive à cette situation consistant en l'accord de paix et de réconciliation nationale, a indiqué M. Zahabi dans une déclaration à la presse à l'issue de son entretien en tête-à-tête avec le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. «Le gouvernement du Mali condamne toutes ces violations (du cessez-le-feu) et ce qui arrive dans ces villes, ce sont des affrontements entre mouvements et groupes armés», a précisé M. Zahabi, soulignant que lorsque «tout le monde aura signé l'accord de paix, toutes ces questions seront réglées de manière définitive». Les seuls bénéficiaires de la reprise de la guerre au nord du Mali sont les organisations terroristes qui sévissent dans cette partie du Mali, dont Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique), le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) et d'autres.